Economies drastiques pour Noyon

Noyon dentelles a dû s’y résoudre. Une fois de plus, l’entreprise phare de la dentelle de Calais doit faire face à de dures échéances. Deux ans après la fin de son redressement judiciaire, Noyon vend une partie de son patrimoine. La ville de Calais vient d’officialiser sa volonté d’acquérir les deux tiers du site de l’industriel installé en centre-ville depuis un siècle.

Olivier Noyon, PDG de l’entreprise éponyme.
Olivier Noyon, PDG de l’entreprise éponyme.

 

Olivier Noyon, PDG de l’entreprise éponyme.

Olivier Noyon, PDG de l’entreprise éponyme.

Une telle résistance, ça force le respect.” C’est l’expression d’un fin connaisseur de la place à propos du dentellier calaisien dont on annonce depuis plusieurs années la fin. “Sa survie étonne toutes les places”, ajoute-t-il. Noyon est en effet sorti en avril 2010 d’un long redressement judiciaire qui venait ponctuer huit plans de licenciement depuis le début des années 2000. Le dentellier calaisien est ainsi passé de plus de 900 salariés à 217 employés en dix ans. Pour ajuster ses moyens de production à son marché et à la concurrence des industriels asiatiques et des autres PME françaises, Noyon a procédé à de nombreuses économies : fusion avec sa filiale Darquer, fermeture de son showroom parisien, baisse du nombre des nouveaux dessins… L’entreprise a dû se dessaisir régulièrement de ses biens. La quasi-totalité de son patrimoine y sera passé ces dix dernières années : les 180 hectares de foncier (La Dune) vendus au Conservatoire du littoral début 2009, les bâtiments voisins l’année suivante, du petit matériel pour métiers Leavers lors du redressement judiciaire… Enfin, l’an dernier, 4 métiers à tricoter Textronic ont quitté les ateliers de la rue des Salines. Ne reste à Noyon pour produire sa dentelle que 14 métiers à tricoter de moyenne facture ainsi que les antiques métiers Leavers. C’est dans ce contexte qu’Olivier Noyon cherchait à vendre une partie de son site à la municipalité de Calais. Dès l’arrivée de la nouvelle majorité en 2008, les contacts se sont multipliés entre Noyon et l’exécutif, avec Me Antoine Deguînes, avocat de l’industriel et adjoint au maire chargé de la culture, qui a joué les bons offices. Il aura fallu attendre trois ans de plus pour que le site des Salines intéresse la municipalité à la recherche d’espaces pour y loger ses clubs sportifs.

Conforter une entreprise dans son plan de redressement”. La parcelle en question longe la voie ferrée et se tient à quelques centaines de mètres du centre-ville. S’y trouvent un grand bâtiment (70 x 40, et presque 7 mètres de haut) ainsi que le restaurant de l’usine Noyon qui sert aujourd’hui aux salariés de l’entreprise et à ceux de sa voisine, La Calaisienne. Le périmètre d’un hectare pourrait accueillir les clubs de tennis et de basket de Calais. Deux terrains indoor seraient au programme. L’opération pourrait se faire rapidement : la ville attend l’estimation des Domaines et un avis de l’Etablissement public foncier (EPF) qui porte certaines acquisitions des collectivités territoriales. Mais la sénatrice-maire de Calais Natacha Bouchart se veut rassurante : “Si l’EPF ne venait pas avec nous sur cette opération, nous irions seul.” D’après le maire de Calais, l’investissement de la commune devrait être compris entre 1,5 et 1,8 million d’euros. “Nous faisons d’une pierre deux coups : amener un projet qui satisfait les clubs sportifs et conforter une entreprise dans son plan de redressement”, a expliqué Natacha Bouchart. Si une délibération intervient en mars, Noyon pourra alors compter sur un apport conséquent qui lui permettrait de faire face à ses échéances. En attendant, l’industriel fait le gros dos : il s’est récemment séparé de son réseau commercial américain. Ndlr : Olivier Noyon, PDG des établissements éponymes, n’a pas souhaité donner suite à nos sollicitations d’entretien.