Ecologistes et Insoumis lancent leurs universités d'été avec Matignon dans le viseur

Les Ecologistes et les Insoumis ont lancé jeudi avec leurs universités d'été la rentrée politique du Nouveau Front populaire, qui affiche plus que jamais sa volonté d'imposer sa candidate, Lucie Castets, à Matignon...

Le président Emmanuel Macron, le 15 août 2024 à Boulouris-sur-Mer, dans le Var © Christophe SIMON
Le président Emmanuel Macron, le 15 août 2024 à Boulouris-sur-Mer, dans le Var © Christophe SIMON

Les Ecologistes et les Insoumis ont lancé jeudi avec leurs universités d'été la rentrée politique du Nouveau Front populaire, qui affiche plus que jamais sa volonté d'imposer sa candidate, Lucie Castets, à Matignon, avant d'être reçu vendredi par Emmanuel Macron.

Les quatre formations du Nouveau Front populaire (Ecologistes, LFI, PS, PCF) et la haute fonctionnaire de 37 ans ont dénoncé dans un courrier adressé aux Français jeudi midi "l'inaction grave et délétère" d'Emmanuel Macron, affirmant qu'ils étaient "prêts" à gouverner, à la veille de leur rencontre à l'Elysée en vue de la nomination d'un Premier ministre. 

Ils déplorent notamment que le président de la République "tergiverse plutôt que de tirer les conséquences" des législatives qui ont vu la gauche unie obtenir le plus fort contingent de députés (193), mais sans majorité absolue (289). "Comme dans toutes les démocraties parlementaires, la coalition arrivée en tête doit pouvoir former un gouvernement", exhortent-ils.

Lucie Castets, désignée le 23 juillet par le NFP pour Matignon, est au coeur de toutes les attentions des universités d'été de la gauche: elle est arrivée jeudi midi sous les vivats des Ecologistes à Tours, aux cris de "Castets à Matignon, Castets doit gouverner". 

Elle ira aussi vendredi chez les communistes à Montpellier et samedi près de Valence chez les Insoumis, qui entonnaient déjà jeudi: "Lucie Castets à Matignon sinon Macron destitution".

Un tour de France de la gauche qu'elle achèvera le weekend suivant à Blois avec les socialistes.  

Faire sauter les verrous

"Il n'y a pas de plan B à Lucie Castets. Il n'y a pas de majorité plus large, plus solide, plus cohérente", a martelé la cheffe des écologistes Marine Tondelier, tout juste rentrée de vacances passées à Matignon (en Bretagne), dans son discours de lancement des journées d'été, sur l'île Balzac à Tours. 

Lors d'un meeting jeudi soir, Lucie Castets a défendu la "bifurcation écologique", qui nécessite selon elle de "faire sauter deux verrous déterminants: l'austérité et l'injustice sociale". 

"Seule une coalition de gauche et des écologistes peut aujourd'hui faire sauter ces verrous", a insisté celle qui avait jusqu'à présent peu parlé d'écologie. 

Elle a promis de ne "pas financer la transition sur le dos des classes populaires et moyennes, mais en faisant payer les gros pollueurs, les plus riches", assurant pouvoir trouver des "compromis" au parlement.

Auparavant, plusieurs responsables du NFP se sont exprimés, l'alliance de gauche étant soucieuse de montrer son unité, alors que des premières fissures apparaissent autour d'une possible demande de destitution du président de la République. 

Pour Lucie Castets, encore novice dans le jeu des partis politiques, ces universités d'été sont aussi l'occasion de rencontrer des militants et des élus.

A Tours, les Ecologistes se sont félicités d'accueillir 3.500 militants, un record d'affluence pour eux, et d'avoir engrangé 4.000 adhésions supplémentaires depuis la dissolution, pour atteindre 15.000 adhérents.

Cette année, point de Médine et de polémique: le parti vert a fait des choix d'invités plus consensuels, avec l'actrice Judith Godrèche et l'humoriste Thomas VDB.

- "Pas d'alternative"-

Mais l'intérêt principal de ces universités d'été se passera bien à Paris.

Le président convie en effet vendredi les chefs de parti et de groupe parlementaire pour des consultations, en vue de nommer un gouvernement, plus d'un mois après la démission de celui de Gabriel Attal.

Le NFP s'y rendra avec Lucie Castets, dont l'Elysée a accepté la présence bien qu'elle ne soit ni parlementaire ni responsable de parti.

"Demain, nous rappellerons au président son devoir de désigner une première ministre en phase avec la volonté populaire", a affirmé la candidate du NFP. 

Pour le président écologiste de la métropole de Lyon Bruno Bernard, Emmanuel Macron est "à côté de la plaque. Il aurait dû nommer un Premier ministre dès la semaine du 11 juillet, rien ne justifie cette attente. C'est une gifle aux 33 millions d'électeurs".

Le coordinateur des Insoumis Manuel Bompard, lui, n'ira pas à l'Elysée "pour négocier avec Macron" mais pour "lui dire qu'il n'y a pas d'alternative à la nomination de Lucie Castets".

En face, Emmanuel Macron pourra pointer du doigt les désaccords au sein de l'alliance de gauche, les Insoumis s'étant isolés par leur proposition contestée de demander la destitution du chef de l'Etat.

"Evidemment, quand on est dans une coalition, on n'est pas tous d'accord, sinon on est un parti unique. Mais c'est la même chose pour le camp présidentiel", balaie un proche de Marine Tondelier.

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