Ecole, islam, immigration: Philippe pose ses jalons pour 2027

Omniprésent dans les médias à l'occasion de la sortie de son dernier livre, l'ex-Premier ministre Edouard Philippe a précisé mercredi sa pensée, notamment sur les thèmes de l'école et de l'islam, et un...

Edouard Philippe, ancien Premier ministre, maire du Havre, à l'hôtel de ville du Havre, en Seine-Maritime, le 25 juillet 2023 © LOU BENOIST
Edouard Philippe, ancien Premier ministre, maire du Havre, à l'hôtel de ville du Havre, en Seine-Maritime, le 25 juillet 2023 © LOU BENOIST

Omniprésent dans les médias à l'occasion de la sortie de son dernier livre, l'ex-Premier ministre Edouard Philippe a précisé mercredi sa pensée, notamment sur les thèmes de l'école et de l'islam, et un peu plus dévoilé son ambition pour 2027.

La présidentielle est encore loin, mais il y pense et ne s'en cache pas. "J'ai une idée assez claire, oui, sur la façon dont, s'agissant de moi, les choses pourraient se passer", a fait savoir Edouard Philippe sur France Inter.

Favori des sondages, il est aujourd'hui le mieux placé pour défier Marine Le Pen, dont "la victoire est possible" en 2027, souligne-t-il dans un long entretien au Monde.

Deux interviews au milieu d'une rentrée politique savamment orchestrée, autour de la parution de son ouvrage "Des lieux qui disent" (JC Lattès), en librairie mercredi. Récit autobiographique qui dessine les "directions" que le maire du Havre souhaite donner au pays, car "la vie d'une nation doit s'organiser autour de là où on veut aller".

A commencer par l'école, sujet intime pour ce fils d'enseignants qui sait que "c'est un métier usant". Pour enrayer "l'affaissement" du système éducatif, il souhaite "mettre le paquet sur les petites classes" et "assumer que le but de l'école est aussi l'excellence".

Fustigeant l'ancienne ministre socialiste Najat Vallaud-Belkacem, qui a selon lui "favorisé le privé", il entend renouer avec "l'élitisme républicain" qui "tire tout le monde vers le plus haut". Et regrette que l'enjeu soit "toujours abordé par de petits angles" comme les salaires des professeurs ou l'uniforme. Voire la laïcité, car "ce serait dérisoire si on pensait que le problème de l'école c'était l'abaya".

Revenir aux fondamentaux

L'islam, en revanche, le préoccupe. Parce que cette religion est "de plus en plus pratiquée en France" et que, "comme partout dans le monde", elle est en partie "travaillée par des aspirations obscurantistes, qui prônent une lecture littérale du texte sacré (et) une pratique totalement rigoriste".

Un puritanisme est "radicalement contraire à la façon dont nous envisageons la vie commune dans notre République", et il crée un problème que la loi de 1905 "n'est peut-être pas en mesure de traiter".

Malgré la séparation des églises et de l'Etat, "la question d'une organisation spécifique de l'islam sera posée", prédit M. Philippe, anticipant un débat sur "une forme de concordat" tout en appelant à "revenir aux fondamentaux de la laïcité" et à "combattre farouchement pour préserver le cadre actuel".

Message de fermeté d'un homme de droite qui n'a "pas peur d'exprimer (ses) positions, y compris quand elles ne sont pas populaires". Comme sur la retraite à 67 ans, "parce que la réalité, à un moment, elle est là" et qu'il "craint que ce ne soit malheureusement nécessaire un jour de revenir sur la question".

Comme sur l'immigration, également, pour mieux donner un satisfecit à Gérald Darmanin, dont le projet de loi controversé "est un très bon point de départ" avant "un débat intense" au Parlement, a-t-il estimé, louant "l'équilibre du texte" entre "simplification", "affermissement" et "intégration".

Un point de vue forcément plus nuancé que celui des Républicains, qui rejettent la régularisation de travailleurs sans-papiers, contenue dans le projet de texte gouvernemental.

Populaire chez les électeurs de droite, le fondateur du parti Horizons reste honni de son ancienne famille politique, qui ne pardonne pas son ralliement à Emmanuel Macron en 2017. "Il est l'héritier" du chef de l'Etat, dit de lui Eric Ciotti, quand Olivier Marleix juge qu'il incarne "le pire du macronisme".

L'ex-Premier ministre, qui s'exprimera vendredi devant ses partisans à Angers, "assume totalement": "J'ai des proximités avec le président de la République", reconnaît-il, "je ne vais pas m'en excuser", mais "je ne suis pas totalement identique à lui". A l'arrivée, "on verra ce que diront les Français, en tout cas je ne vais pas changer qui je suis".

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