“Notre objectif : former des jeunescapables d’être entrepreneurs de leur vie”
Francis Deplancke, directeur de l’Institut de l’entrepreneuriat de l’université catholique de Lille.
La Gazette. Qu’est-ce que l’Institut de l’entrepreneuriat ?
Francis Deplancke. L’Institut de l’entrepreneuriat a été créé en 2005 au sein de l’université caholique de Lille avec deux missions. D’abord, développer l’esprit et l’envie d’entreprendre auprès de tous les étudiants de l’université, quels que soient leurs filières et leurs niveaux. C’est l’enjeu de formation humaine. Il s’agit pour nous de contribuer à la diffusion de la culture entrepreneuriale qui repose sur des valeurs de responsabilité, de prise d’initiative et d’engagement, qui sont utiles toute la vie durant, que l’on soit chef d’entreprise ou salarié. Ensuite susciter à court et moyen termes la création et la reprise d’entreprise par des diplômés de l’université, en impliquant les enseignants, les chefs d’entreprise et leurs réseaux. C’est l’enjeu de développement du territoire. Pour permettre aux étudiants et jeunes diplômés porteurs d’un projet de finaliser la création de leur entreprise, l’Institut de l’entrepreneuriat a mis en place un dispositif complet d’accueil et d’accompagnement (voir encadré). Notre objectif, au final : former des jeunes capables d’être entrepreneurs de leur vie.
La formation assurée par l’Institut de l’entrepreneuriat est-elle diplômante ?
Non. Nous avons amené les directeurs des différentes facultés et écoles de l’université catholique de Lille à développer des pédagogies d’entrepreneuriat là où il n’y en avait pas. Certains établissements en avaient déjà, mais souvent en fin de cursus. Ces pédagogies ne sont pas des diplômes en tant que tels. Ce sont des modules qui font partie de l’enseignement des établissements. Sur le mode sensibilisation, puis approfondissement et perfectionnement à l’entrepreneuriat. Chaque année, sur 20 000 étudiants de l’université catholique de la métropole lilloise, on estime que pas loin de 4 000 sont sensibilisés et formés à l’entrepreneuriat. On peut considérer qu’un étudiant qui entrera dans un établissement de l’université entendra parler de la création d’entreprise quel que soit son cursus. Il y a une deuxième formation que nous avons montée dans l’entrepreneuriat social qui s’adresse non pas aux étudiants mais aux adultes désireux de créer des activités dans l’économie sociale et solidaire. Les bénéf iciaires obtiennent un certif icat de notre université.
L’entrepreneuriat dans une université, n’est-ce pas inattendu ?
Sauf si l’on remonte aux origines de l’université catholique de Lille. Rappelons qu’elle a été créée en 1875 par des chefs d’entreprise. Ils ont toujours été très présents dans la gouvernance de l’université. Nous avons eu très vite de nombreux enseignements très professionnalisés. L’entrepreneuriat est donc un peu dans nos gènes. Deuxième raison : il y a énormément d’associations d’étudiants à l’université catholique de Lille. Ces associations, créées par les étudiants, leur permettent de révéler leur potentiel entrepreneur. Troisième raison : la volonté politique de l’université qui a inscrit l’entrepreneuriat au rang des cinq axes stratégiques de son développement. Et aujourd’hui nous sommes un peu un terrain d’expérimentation pour l’enseignement supérieur du Nord-Pas-de-Calais.
Avez-vous quelques résultats ?
Depuis la création de l’Institut, nous avons enregistré 23 entreprises créées par des étudiants ou des diplômés, sans compter les créations que nous ne connaissons pas, et sans compter non plus tous les diplômés (experts-comptables, médecins, juristes, etc.) qui s’installent en libéral.
Est-ce bien raisonnable de former le jeune, par nature inexpérimenté, à la création d’entreprise ?
Bien sûr que tous les jeunes formés ne créeront pas ! Pour autant, il y a une demande de la part de ces mêmes jeunes. Je pense que de plus en plus, la création d’entreprise sera considérée comme un débouché professionnel comme un autre. Certains diplômés souhaitent être autonomes et ne sont pas intéressés par une fonction salariée dans un grand groupe. Par ailleurs, bien des entreprises demandent à leurs salariés d’avoir un comportement d’entrepreneur. C’est ce que l’on appelle “l’intrapreneuriat”. Il y a aussi des changements de mentalité dans les facultés et les grandes écoles qui amènent des aménagements de cursus. Ainsi, nous passons des accords avec certains établissements pour que le développement du projet de création d’entreprise remplace le classique stage de fin d’études.