“L’idée de cette transmission arrangeait tout le monde”

Créée en 1946 et devenue une des entreprises les plus connues de Roubaix-Tourcoing-Wattrelos, la SARL Wagnon a été reprise en mars 2012 par un membre de la famille du fondateur et son mari. Le couple a vécu une transmission familiale sans nuages mais instructive et se tourne maintenant vers une autre étape de la longue vie de ce négoce en gros d’articles dont la demande ne faiblit pas.

Beaucoup de projets pour ce couple de repreneurs…
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Philippe Hollebecq a plus de 7 000 références en stock.

Philippe Hollebecq a plus de 7 000 références en stock.

Philippe Hollebecq, quels sont votre formation et votre parcours avant cette reprise ?
Je suis un autodidacte, j’ai commencé à travailler à 22 ans et très vite je me suis retrouvé dans un grand groupe régional de transport et de logistique où j’ai gravi les échelons pour f inir directeur d’une grosse agence puis directeur régional. La mobilité permanente que cela engendrait a fini par devenir un peu pesante d’autant que je venais de rencontrer mon épouse, Nathalie Wagnon, troisième fille du fils du fondateur de la société Wagnon. Je me suis donc rapproché du Nord en prenant la direction d’une entreprise de 100 personnes à Liévin, mais au fil du temps, s’est imposée l’idée de devenir entrepreneur à mon compte, ce qui me permettrait de rester dans ma région et de vivre une vie familiale enfin normale. Quant à mon épouse qui est donc aujourd’hui co-gérante avec moi et associée,elle avait une solide formation de comptable. Nos cursus étaient complémentaires pour une telle entreprise.
Quel a été le facteur déclenchant votre volonté de reprendre une entreprise ?

D’une part la volonté de changer de vie et devenant entrepreneur avec mon épouse. Mais d’autre part le fait que dans sa famille, l’affaire était à céder car la propriétaire, l’une des soeurs de ma femme, voulait suivre son mari qui partait en retraite. Nathalie était à l’époque actionnaire minoritaire ne détenant que 24% des parts. Là, elle devenait majoritaire et il n’y avait pas rupture dans l’activité de l’entreprise familiale. L’idée de cette transmission s’est donc très vite formée dans les esprits, elle arrangeait tout le monde.

Le point accueil du public va être totalement modernisé.

Le point accueil du public va être totalement modernisé.

Quels ont été les facteurs prépondérants dans le choix de cette entreprise ?
Précisons qu’au tout début, je ne me suis pas tourné d’emblée vers la SARL Wagnon, j’allais chercher ailleurs via les CCI. A ce moment précis, l’opportunité de la reprise de cette société familiale s’est matérialisée. L’occasion a fait le larron. Elle présentait de très nombreux avantages : on restait dans la famille, le patrimoine entrepreneurial aussi, il y avait continuité mais nous pouvions aussi naviguer à notre guise pour redévelopper l’activité. L’entreprise Wagnon est liée au Roubaix de l’après-guerre puisqu’en 1946 le grand-père de ma femme l’avait rachetée, elle tournait autour du négoce en gros de sabots en bois puis de jouets dont beaucoup étaient eux-mêmes en bois. Ensuite l’activité s’est développée et s’est étoffée vers d’autres produits notamment les feux d’artifices pour collectivités. On avait installé plusieurs magasins de détail qui, depuis, ont fermé, et l’entreprise a déménagé assez souvent pour aboutir en 1982, au rachat de cette friche de la rue de l’Alma en plein Roubaix. C’est tout cela qui explique en grande partie la notoriété de Wagnon, l’entreprise fait partie de la vie et de l’histoire des roubaisiens. Cela a été aussi un facteur de plus déclenchant l’envie de la reprendre.
Combien de temps a pris la transmission ?

Exactement un an, de mars 2011 à mars 2012, date de la signature.
Sur quels critères avez-vous estimé la valorisation de l’entreprise ?
Nous avons fait confiance à notre expert comptable qui a pris en compte les résultats, l’évolution du CA, les fonds propres et la trésorerie, les charges et les salaires. Le prix de vente n’a pas posé de problèmes majeurs mais la société qui avait réalisé un beau CA 2010 de 970 000 € avait perdu presque 100 000 € un an après, alors que les bilans que nous avions bien entendu consultés, ne laissaient pas transparaître de pertes dues directement à la crise de 2009. Cela pouvait donc être attribué à la nécessité de relancer l’activité sur le plan commercial et médiatique par une communication intensifiée. L’entreprise nous est apparue comme saine et bien gérée, pouvant se développer sans trop de difficultés.

Au final comment avez-vous trouvé l’entreprise reprise ?Avez-vous été surpris par certains points ?
Personnellement, je n’avais pas d’échos extérieurs sinon que Wagnon faisait partie de l’histoire et du patrimoine commun des roubaisiens et que ses produits étaient réputés. Tout le reste, je l’entendais au sein de la famille. Mais il y avait des éléments très positifs au-delà de la notoriété. Surtout le fait que la gamme des produits s’était considérablement élargie, le marché aussi d’ailleurs. Il s’agissait quand-même, d’une PME modeste de 8 salariés qui en avait compté une vingtaine dans le passé, mais qui restait dans sa gestion traditionnelle, solide, méthodique. Le nombre d’importateurs avait augmenté et la palette des produits comportait le classique jouet dans son bel emballage, pour les comités d’entreprises mais aussi de plus en plus pour le commerce de détail. Il y avait aussi la fourniture pour cadeaux et, c’était nouveau, pour les centres aérés et les scolaires. La grande nouveauté, ce fut dans le créneau des feux d’artifice, le fait que nous soyons devenus distributeurs exclusifs pour la région des produits du leader français Lacroix-Ruggieri. La société qui fournissait déjà les kermesses nombreuses dans le Nord, dispose aujourd’hui de plus de 7 000 références. Wagnon doit aussi cette belle santé au fait qu’elle a toujours pratiqué une politique de prix populaires. Mais à côté de ces aspects très positifs, il fallait constater que depuis longtemps, aucun investissement n’avait été consenti et que commercialement, on pouvait faire beaucoup plus. C’est d’ailleurs ce qui a été dit lorsque ma femme et moi, nous avons rencontré le personnel. Cela s’est fait à notre demande, nous l’avons informé de la reprise et cela a eu lieu avant la signature. On a senti que le personnel était serein, qu’il adhérait à ce changement de direction et qu’il pensait que la société pouvait encore croître.

Beaucoup de projets pour ce couple de repreneurs…

Beaucoup de projets pour ce couple de repreneurs…

Quels sont vos projets pour cette entreprise ?
Nos deux axes de développement, c’est nous faire connaître et développer le chiffre à partir de fin 2012. Nous allons surtout nous tourner vers l’e-commerce grâce à un site www.wagnonjouet s .com acces s ibl e aujourd’hui mais qui sera vraiment finalisé fin mai, il y a plus de 7 000 références à intégrer… nous espérons réaliser un CA supplémentaire de 100 000 € par le Net. Le nombre de commerciaux va probablement augmenter de deux éléments, ils sont 2 pour l’instant, car nous voulons progressivement prospecter le Grand Nord. Il faudra donc avoir recours à des commerciaux indépendants. Ils seront tous intéressés au chiffre et à sa progression. Je vais m’investir personnellement dans le commercial, on va accepter les chèques-cadeau en fin d’année et intensifier les mailings auprès des collectivités pour les feux d’artifice. Enfin un maillage très serré est en cours sur le Nord et le Pas de Calais, on recense les endroits où on est présent et ceux où l’on est absent. La communication est notre autre préoccupation. Outre la presse, nous nous tournons vers les salons que la société avait désertés depuis 10 ans et nous attaquons de lourds travaux de second oeuvre sur notre site de la rue de l’Alma, il sera modernisé grâce à un investissement par l’emprunt de 30 000 €. Cette ancienne friche est une aubaine pour nous : elle couvre 5 000 m2 et il y a de la réserve foncière derrière, nous allons y créer un drive prochainement. Nous sommes idéalement placés tout près de la zone de l’Union et des rocades urbaines, à nous de nous y adapter en nous faisant connaître.
Auriez-vous trois conseils à donner à un candidat repreneur ?
Bien s’entourer en compétences, bien analyser la société à reprendre, bien savoir ce que l’on veut faire d’elle et rencontrer le personnel pour un bon dialogue avec lui.