“Il y a urgence”

Patrick Véret, 53 ans, est membre de la Fédération française du bâtiment Artois depuis 1995, son président depuis 2007 (réélu en 2010 pour trois ans), et président de la commission FFB régionale emploi formation. Il a intégré en 1990 l’entreprise familiale créée par son arrière-grand-père en 1888, pour en prendre la direction en 1995.

Patrick Véret, président de la FFB Artois, est par ailleurs dirigeant de l’entreprise Véret à Beaurains, spécialisée dans le second oeuvre bâtiment (peinture intérieure et extérieure, revêtements muraux et sols, isolation thermique).
Patrick Véret, président de la FFB Artois, est par ailleurs dirigeant de l’entreprise Véret à Beaurains, spécialisée dans le second oeuvre bâtiment (peinture intérieure et extérieure, revêtements muraux et sols, isolation thermique).

 

Patrick Véret, président de la FFB Artois, est par ailleurs dirigeant de l’entreprise Véret à Beaurains, spécialisée dans le second oeuvre bâtiment (peinture intérieure et extérieure, revêtements muraux et sols, isolation thermique).

Patrick Véret, président de la FFB Artois, est par ailleurs dirigeant de l’entreprise Véret à Beaurains, spécialisée dans le second oeuvre bâtiment (peinture intérieure et extérieure, revêtements muraux et sols, isolation thermique).

Face aux problèmes économiques, il nous a semblé intéressant de faire le point sur l’activité du bâtiment en référence au vieil adage “Quand le bâtiment va, tout va” (lancé à l’Assemblée nationale en 1850 par Martin Nadaud, ancien maçon devenu député de la Creuse).

La Gazette. Comment va le bâtiment ?
Patrick Véret.
Une récente note de conjoncture bâtiment relève “une nette inflexion à la baisse des permis en mise en chantier depuis début 2012”. Les carnets de commandes s’effritent et la FFB prévoit un recul de la production en volume de 1,9% et craint une perte nette d’emplois de l’ordre de 35 000 postes. “Les cessations d’activité ont progressé de 13,8% en glissement annuel sur 12 mois à fin février, après +15,5% en 2010 et +15% en 2011.” Les délais de paiement des clients s’allongent alors que les entreprises doivent respecter la loi LME (loi de modernisation de l’économie) qui impose un paiement à 30 jours le 15, au lieu de 60 jours. Pour compléter le décor, les financements des projets des collectivités locales sont remis en cause suite au démantèlement de Dexia, la solution de remplacement envisagée Banque postale/Caisse des dépôts connaissant un retard de plus d’un an.

Et plus précisément sur le terrain et au quotidien ?
Il semble qu’il y ait une volonté politique de relancer le logement. Mais quand, comment et avec quel financement ?… A ce jour, nous n’avons aucune perspective. Si je prends l’exemple du second oeuvre bâtiment, les appels d’offres de mars à juin donneront de l’activité dans un an/un an et demi, soit fin 2013/ début 2014. De plus, on assiste à une détérioration des prix qui, au-delà de l’érosion des marges, entraîne un climat détestable sur les chantiers avec une dégradation de la qualité au préjudice des clients. Les dépôts de bilan en cours de chantier ne sont pas rares, engendrant de nouvelles consultations avec un nouveau délai minimum de trois mois.

Que proposez-vous ?
Il y a urgence à réagir et à mettre en place rapidement des actions correctives. Nous souhaitons la suspension immédiate de la loi LME pendant au moins un an, nos entreprises ne pouvant plus assurer l’écart en trésorerie. Le candidat François Hollande déclarait vouloir construire 500 000 logements par an durant son mandat. Le plan de relance de la construction, que nous appelons de tous nos voeux, doit être mis en oeuvre sans attendre. Pour compléter ces décisions, les projets et les programmes ont besoin d’être accompagnés par des solutions de financement adaptés et pérennes. Des actions incitatives, telles qu’aides ou crédits d’impôts, pourraient également permettre de relancer la rénovation de l’existant où il y a beaucoup à faire.

Que pouvez-vous faire ou allez faire dans l’immédiat ?
Nous serons probablement dans l’obligation de réduire la voilure, parfois malheureusement au détriment des sociétés d’intérim. Notre engagement en termes de formation de 5 000 apprentis dans la région n’est pas remis en cause, nous en sommes à 3 800 actuellement. Nous incitons les maîtres d’ouvrage à pratiquer une politique d’attribution des marchés au mieux-disant et non au moins-disant, pour permettre à toutes nos entreprises de se maintenir et de restaurer leurs marges pour investir, recruter et former. Nous espérons être entendus…