“Il nous faut concevoirdes équipements spécifiques,qui n’existent pas ailleurs en région”

Maire de Gravelines depuis 1995, viceprésident chargé des transports au sein de la communauté d’agglomération de Dunkerque (CUD), Bertrand Ringot est conseiller général depuis 2011 et, à ce titre, président du Comité départemental du tourisme. Il évoque pour nous les grandes problématiques de Gravelines, de l’agglomération et de la Côte d’Opale.

La Gazette. Quelle est la stratégie de la ville de Gravelines pour les prochaines années ? Autour de quels enjeux place-t-elle son développement ?
Bertrand Ringot. Gravelines s’inscrit dans un ensemble de projets structurant le territoire avec notamment l’électrification de la ligne ferroviaire Calais- Dunkerque. C’est 110 millions d’euros. Ceci placera Gravelines à 15 minutes de Calais et de Dunkerque. Un des enjeux majeurs de la ville réside dans son développement démographique. Nous faisons face à de sérieuses difficultés : la circulaire Borloo nous empêche de construire à moins de 2 kilomètres du périmètre de la centrale nucléaire, ce qui nous oblige à revenir sur la ZAC. Même dans le bleu des cartes d’urbanisme, ça devient difficile de construire. Pourtant, l’attractivité de la ville est très forte.

Où construirez-vous ?
Autour du port par exemple, qui deviendra un pôle urbain de premier plan. Autour de la gare également où nous avons acheté les terrains de l’ancienne cartonnerie. Nous prévoyons de construire 500 logements. Enfin, le long de l’Aa où nous projetons de réaliser un écoquartier. Gravelines tend vers 15 000 habitants.

La ville s’est aussi dotée d’équipements importants qui lui donnent une autre dimension…
Effectivement. Le stade nautique est terminé, le bassin ludique va compléter le bassin nautique. EDF y investit 3 millions d’euros grâce à l’installation du terminal méthanier. D’autre part, un appel à projets est en cours sur l’hôtel, le restaurant et le centre de remise en forme. Nous pensons également à un complexe de loisirs.

Le Calaisis cherche aussi à se positionner sur ce terrain…
Nous serons complémentaires. Gravelines ne peut rester en dehors du jeu. Nous sommes fidèle à notre nature géographique qui nous place entre Calais et Dunkerque.

Au niveau de l’agglomération, les choses bougent également beaucoup. Quels sont les grands dossiers ?
Le transport urbain est un des enjeux majeurs de notre agglomération. Plusieurs dossiers nous occupent : un mode de transport de Grande-Synthe à Leffrincoucke, un bus à haut niveau de service avec des fréquences de 5 à 10 minutes. Un tracé est en cours. Nous parlons d’un investissement compris entre 60 et 100 millions d’euros. On a augmenté la taxe du versement transport pour cela : 8 millions de recettes supplémentaires totalement dédiées à ce projet. A quoi il faut ajouter 9 millions d’euros venant de l’Etat. Cela fait une belle enveloppe pour une première tranche. L’agglomération a perdu 10 000 habitants ces dernières années. Elle doit attirer grâce à ses services et sa qualité de vie. Les transports en font partie. La gare de Dunkerque devrait subir des profondes modifications et probablement bouger de 200 mètres. Une reconfiguration urbaine est en cours entre les quais et la place de la Gare.

Doit-on encore construire et avec quels moyens ?
Je n’ai pas à vocation à arbitrer entre tous les projets structurants en gestation sur les territoires. Simplement, je pense que sur la Côte d’Opale, nous aurons à mutualiser davantage tous les équipements à l’avenir et éviter les doublons à 30 ou 50 km de distance. Il nous faut aussi concevoir des équipements qui nous sont spécifiques et qui n’existent pas ailleurs en région ou qui ne peuvent pas se faire ailleurs. Je pense aux ports de plaisance par exemple. A titre personnel, je plaide pour un engagement fort dans l’aménagement de nos cinq ports : Etaples, Boulogne- sur-Mer, Calais, Gravelines et Dunkerque. Nous pouvons doubler le nombre des anneaux disponibles en créant une véritable dynamique avec nos voisins anglais et belges, friands de ces activités.

La réforme territoriale est en cours ; les réunions avec les préfets des départements se succèdent. Quelle est votre position sur cette transformation des collectivités ?
Je suis opposé au conseiller territorial prévu dans le cadre de cette réforme qui “cantonnalisera” la région inévitablement, réduira la parité et supprimera la proportionnelle en région. La tâche sera énorme pour ce conseiller aux compétences démultipliées et au territoire d’élection et d’intervention agrandis. Je suis favorable aux intercommunalités fortes sur les compétences majeures : assainissement, voirie, développement économique, transports, logement. Je suis plus réservé sur les compétences liées aux domaines social, culturel et touristique qui doivent rester aux communes ou à leurs groupements à taille humaine. On se doit aussi de favoriser le rapprochement de communes lorsque cela est justifié sur un plan géographique et historique après consultation des populations. Concernant les dossiers majeurs du littoral, il faut une réelle action collective des agglos de la Côte d’Opale pour faire avancer les dossiers. C’est uniquement regroupés sur certains sujets que nous arriverons à atteindre nos objectifs de développement de notre territoire. Le Syndicat mixte de la Côte d’Opale (SMCO)est dans ce cadre un superbe outil d’aménagement amené à jouer un rôle encore plus important à l’avenir.

Quelles sont les pistes utiles pour l’optimisation des nombreuses structures gestionnaires des territoires comme les Sivom ?
Nous attendons l’autorisation de fusionner les Sivom de l’Aa et de Bourbourg- Gravelines. Le tout forme un ensemble de 35 000 habitants. Nos compétences sont les mêmes aujourd’hui. Et tout le monde est d’accord pour fusionner.

Vous êtes conseiller général du Nord et à ce titre président du Comité départemental du tourisme. Comment doit s’articuler la politique touristique entre les deux départements ?
Dès mon élection au Conseil général courant mai, je me suis rapproché du CDT Pasde- Calais et de son nouveau président, Bertrand Petit, maire de Saint-Martin-au- Laert. Je souhaite renforcer la complémentarité de nos actions de promotion de la destination Nord-Pas-de- Calais, y compris avec le CRT et sa présidente, Régine Splingard. Le tourisme est une activité économique majeure qui nécessite une approche marketing fine. Il faut densifier les actions de promotion et cela passe impérativement par une mutualisation de certains budgets pour accéder à des médias extra régionaux : presse écrite, radio et, je l’espère, télévision. Dans le cadre des Jeux olympiques 2012, nous avons édité ensemble une brochure destinée aux prestataires touristiques, qui leur donne des clefs pour l’accueil des touristes étrangers, pays par pays, avec leurs spécificités. Ma priorité est le développement de l’hébergement dans tous les domaines de l’accueil touristique. Des hôtels sont également à rénover ainsi que des campings. Il n’y aura pas de développement du tourisme sans développement de l’offre quantitativement et qualitativement. Un travail partenarial doit se mettre en oeuvre avec la nouvelle chambre de commerce régionale et son antenne du Littoral.