“à l’origine” il y a l’or…
Un peu comme un inventaire à la Prévert, dans l’atelier de Georges Druon, vous trouverez de la colle de peau de lapin, du blanc de Meudon, une pierre d’agate à brunir, un petit coussin en cuir et son parchemin, une palette en poils de martre, un couteau à dorer bien aiguisé, des rondins, un appuyeux, un chien – entendez un pinceau en poils de sanglier – et, bien sûr, les indispensables carnets de feuilles... d’or. Légères et fragiles, les feuilles précieuses viendront recouvrir le bois sculpté d’un miroir ou les boiseries anciennes d’un salon. Depuis trois ans, Georges Druon applique consciencieusement la technique et le savoirfaire du doreur, transmis par sa mère, doreur elle aussi. Rencontre.
“Les outils utilisés pour les dorures à la feuille d’or n’ont pas changé depuis des siècles. Chacun d’eux a une fonction bien spécifique. J’ai beaucoup appris en regardant mes parents travailler et en me documentant”, souligne-t-il. Il faut dire que Georges Druon est tombé dedans petit : “Mon père est antiquaire ébéniste et ma mère, doreur. Au début, je donnais un coup de main et puis, un peu à la fois, la passion s’est installée. J’ai alors acheté des cadres, des petits meubles, des miroirs que je restaurais pour me faire la main et j’ai créé finalement mon auto-entreprise.”
“A l’origine” est née en 2009. Le travail est minutieux et nécessite beaucoup de patience, il faut savoir s’adapter aux souhaits du client. “Cela va de la petite réparation qui ne prendra que quelques heures à des semaines passées dans un château à redorer les boiseries. A chaque fois je me plonge dans l’histoire d’une maison, parfois je redonne vie à un cadre à tableau oublié dans un grenier. Il y a deux écoles pour appliquer la feuille d’or, poursuit le doreur, l’une avec un badigeon à l’eau, plus appropriée au bois sculpté et aux pièces de forme, alors que la seconde technique, sans eau, consiste à venir placer la feuille d’or sur un vernis.” Il avoue avoir un petit faible pour la première car la seconde vieillit moins bien. L’or, le métal le plus noble, est aussi le plus résistant, même en extérieur, à l’instar du dôme des Invalides qui, en 1989, a été redoré : 550 000 feuilles d’or ont été nécessaires, soit plus de 10 kg d’or !
Georges Druon a conscience que son travail résistera au temps et que, durant des siècles, cette dorure à l’or illuminera toujours la pièce sur laquelle il aura travaillé.