“2012, année de grands enjeux”pour l’économie régionale
Philippe Vasseur, président de la Chambre de commerce et d’industrie, était dernièrement, au Pré-Fleuri à Sainte-Catherine-les-Arras, l’invité des clubs Rotary (Arras, Arras Vauban et Maroeuil- Coeur d’Artois), InnerWheel Arras et Rotaract Arras sur le thème “2012, année de grands enjeux pour l’économie du Nord-Pas de Calais”. Dans un contexte mondial difficile et en pleine mutation, qu’il n’occulte pas, il a apporté un éclairage lucide, mais sans concessions, sur le devenir de la région Nord-Pas de Calais. Quelques extraits.
La dette, cause ou effet de la crise. Pour le conférencier, “la dette est un effet de la crise que nous connaissons depuis longtemps”. Depuis 1974, nous sommes dans la démarche de laisser à nos enfants le soin de payer, c’est une erreur qui se paie aujourd’hui. C’est ainsi que le rapport Brundtland, rédigé en 1987 et intitulé officiellement “Notre avenir à tous”, a vulgarisé le concept de développement durable en le définissant de la façon suivante : “Le développement durable est un mode de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs.” Les ressources naturelles ne sont pas inépuisables. La remise en question du modèle économique mondial est devenue inéluctable dans son fonctionnement et ses résultats (dettes, inégalités, ressources naturelles, etc.).
Les enseignements du Forum économique mondial de Davos. Ainsi, lors de l’édition 2012 du Forum économique mondial de Davos, Klaus Schwab, son président- fondateur, indiquait que “l’attention s’est concentrée sur la gestion de la crise. Or, le fait que le monde continue de changer fondamentalement est presque passé inaperçu”, avant de poursuivre : “Nous vivons dans un monde en pleine mutation, mené par les forces géopolitiques, économiques, sociales et technologiques.” Il déclarait également “que le capitalisme dans sa forme actuelle n’a plus sa place dans le monde qui nous entoure”. Une troisième révolution industrielle est en route. Jérémy Rifkin a développé la théorie de 3e révolution industrielle qui doit permettre de répondre à long terme au défi d’une crise économique mondiale, de la sécurité énergétique et du changement climatique. Ce concept a été approuvé officiellement par le Parlement européen en 2007 et est mis en oeuvre actuellement par divers organismes au sein de la Commission européenne. Il s’agit, à vision 2050, “de passer d’un pouvoir pyramidal à un pouvoir latéral, du gigantisme centralisateur au partage en réseaux, des énergies fossiles aux énergies renouvelables”.
Les perspectives dans la région Nord-Pas-de-Calais. L’enquête annuelle de conjoncture des CCI Nord de France indique qu’en 2011, le chiffre d’affaires a progressé mais que les perspectives 2012 sont à la baisse, que la rentabilité se dégrade et que la trésorerie est légèrement défaillante. Le commerce de détail et le BTP vont souffrir mais, paradoxalement, l’industrie va se porter mieux. “La reconversion ne suffit plus, la réindustrialisation ne peut se faire comme avant, il ne faut pas rêver d’un passé révolu.” “Nous sommes au coeur d’une région la plus riche du monde avec un revenu de 1 500 000 milliards d’euros. Mais sommesnous dans un pays qui encourage la culture d’entreprise ?”
Les industriels régionaux se mobilisent. Par son histoire, le tissu économique du Nord-Pasde- Calais a une vocation industrielle. Nous avons la chance d’avoir sur notre territoire des leaders mondiaux tels que Bonduelle, Roquette, Lesaffre (un pain sur trois dans le monde), Arc international (avec une reconversion remarquable), etc. Toyota s’est implantée dans la région sur des critères objectifs, “qui dépassent la mine d’un homme”. Philippe Vasseur poursuit : “Il faut une industrie vivante pour avoir une économie vivante.” Son diagnostic est sévère : “Le vrai problème de la productivité est la fiscalité, la réglementation, la dette publique, les relations entre syndicats et patrons, la rigidité des relations au travail.” “Nous avons un vrai potentiel qui ne demande qu’à s’exprimer… Il faut une volonté collective.” C’est ainsi qu’en prélude à la Semaine nationale de l’industrie, la CCI de région a organisé le 16 mars, en partenariat avec le GFI (Groupe des fédérations industrielles), une journée “Votons industrie” en souhaitant recueillir 500 signatures pour soutenir l’avenir de l’industrie dans la région.