Initiative

Le portail numérique Moselle Langues, nouvel outil transfrontalier pour les entreprises

Depuis ce lundi 28 mars, un nouveau service public dédié à l’approche des langues est à disposition gratuite des Mosellans. L’Eurodépartement de la Moselle a en effet lancé Moselle Langues. Un portail numérique en accès libre. Adultes actifs ou en recherche d’emploi, étudiants, particuliers, seniors et bien sûr entreprises sont ici concernés. Quelles sont les missions de ce nouveau venu dans l’univers du web local ? Quelles modalités ? Éléments de réponse. On rappellera ici que plus de 70 000 Mosellans travaillent en Allemagne et au Luxembourg.

Patrick Weiten, président du département de la Moselle, et Gilbert Schuh, vice-président délégué aux Relations Internationales, au Transfrontalier, au Multilinguisme et à la Grande Région. © : CD 57.
Patrick Weiten, président du département de la Moselle, et Gilbert Schuh, vice-président délégué aux Relations Internationales, au Transfrontalier, au Multilinguisme et à la Grande Région. © : CD 57.

«Favoriser l’employabilité, la mobilité et le bien-vivre des Mosellans.» Voilà le leitmotiv du tout nouveau portail numérique Moselle Langues, lancé par le président de l’exécutif départemental, Patrick Weiten, et Gilbert Schuth, vice-président, ces dernières heures. L’événement s’est déroulé à la Maison Robert Schuman, à Scy-Chazelles.

La Moselle, territoire privilégié du plurilinguisme

Dans un espace transfrontalier comme la Moselle, faire vivre et articuler des initiatives en faveur de l’apprentissage de la langue des pays voisins sonne comme une évidence. La Moselle est l’unique département français à être frontalier avec deux Länder allemands, avec le Grand-Duché du Luxembourg et proche de la Belgique. Il est un acteur majeur de la coopération transfrontalière, au sein de la Grande Région, en termes d’emploi et de développement économique, source de nombreux projets de proximité collaboratifs et transfrontaliers visant à favoriser l’employabilité des Mosellans et à améliorer leur qualité de vie. Outre les relations bilatérales que la Moselle entretient avec les territoires voisins, elle est, entre autres, membre du Sommet de la Grande Région et autorité partenaire du programme européen INTERREG VA Grande Région qui cofinance de nombreux projets transfrontaliers. Elle collabore et innove avec ses voisins dans des domaines aussi variés que l’éducation, la mobilité, l’aménagement du territoire, le tourisme... Le 9 mai 2019, elle a officiellement revendiqué l’extension de ses moyens et de nouvelles compétences d’actions, en vertu du principe de différenciation territoriale et dans le cadre du récent traité d’Aix-la-Chapelle qui relance notamment le volet transfrontalier de la coopération franco-allemande. La Moselle est identifiée comme l’Eurodépartement français, tout en conservant son statut de département au sein de la région Grand Est.

Maïté Spohr, directrice de la Maison Ouverte des Services pour l'Allemagne (MOSA) à Forbach, Laurence Ball, Directrice d’EUREGIO, Isabelle Lan, directrice de la Maison du Luxembourg Thionville. © : CD 57.

4 langues pour le quotidien professionnel transfrontalier

Quelques données. On compte 250 000 frontaliers dans la Grande Région, dont 160 000 résident dans l’entité Grand Est. 80 % se rendent quotidiennement au Luxembourg, 15 % en Allemagne - en Sarre principalement - et 4 % en Wallonie. Les marchés de l’emploi allemand, luxembourgeois, mais aussi français, recrutent majoritairement des salariés plurilingues. Si la langue officielle des entreprises au Luxembourg est le français, selon les secteurs de recrutement, il est néanmoins fortement conseillé de parler et de comprendre la langue luxembourgeoise. C’est notamment le cas pour les secteurs publics tels que la santé, le social, l’éducation, et privés comme le secteur des médias. Au contraire, pour les secteurs industriels et les entreprises proches de la frontière allemande, il sera conseillé de connaître l’allemand. L'anglais est incontournable dans les affaires, l'administration, les finances, les nouvelles technologies, au sein des institutions internationales et européennes. Le français est la principale langue de communication, omniprésente dans les entreprises du Grand-Duché.

Dans l'espace frontalier, la maîtrise d'une langue étrangère est un atout majeur pour l'entreprise.

La Sarre et sa diversité de métiers

Face à cette réalité et aux opportunités d’un marché du travail frontalier attractif, multi-territorial et plurilingue qu’est la Grande Région, la maîtrise des langues étrangères, et notamment la capacité de s’exprimer dans une autre langue que sa langue maternelle, s’avère donc être un atout majeur pour les demandeurs d’emploi mais aussi pour les employeurs qui souhaitent développer leur activité à l’international. Selon le rapport réalisé par l’OIE pour le Sommet de la Grande Région sur la situation du marché de l’emploi dans la Grande Région en 2017/2018, la moitié des Français travaillant en Sarre viennent de la communauté d’agglomération de Sarrebruck. Les travailleurs originaires de France exercent essentiellement dans le commerce, les services aux entreprises et dans l’industrie manufacturière sur les sites de production de métallurgie, de construction automobile ou de sous-traitance automobile. On le décèle aisément à la lecture de ce panorama. Salariés comme chefs d’entreprise font de la maîtrise des langues étrangères un passeport pour l’insertion professionnelle et le développement économique. Allemand, luxembourgeois, anglais et français sont donc le socle de ce dynamisme. Ces quatre langues s’avèrent être la pierre angulaire du portail numérique Moselle Langues dont la ligne directrice est un accompagnement et une orientation des utilisateurs dans leur parcours linguistique. Ils peuvent ainsi découvrir une ou plusieurs langues, avec une large ouverture vers la culture et le tourisme. Une conseillère est dédiée pour faire vivre le site. Moselle Langues dépasse le cadre du simple apprentissage technique, proposant une immersion dans les pratiques et le quotidien, et, plus globalement, une découverte des territoires voisinant la Moselle.

En Sarre, une grande part de l'emploi transfrontalier est capté par l'industrie manufacturière.

L'apprentissage en amont

Enfin, car l’apprentissage d’une langue et de son écosystème commence en amont, l’Eurodépartement mosellan mène une action durable vers les scolaires, sanctuarisée par plusieurs partenariats synergiques avec l'Éducation nationale, les collectivités mosellanes et des acteurs de la Grande Région et de la région Grand Est : 62 assistants de langue allemande dans les écoles maternelles et élémentaires auprès de 8 000 élèves, projets transfrontaliers et linguistiques pour les écoles et collèges, coopération transfrontalière via le programme SESAM'GR, soutenu par le programme européen INTERREG VA. Des actions ont été mises en place quant à l'apprentissage du luxembourgeois. À l'exemple du projet EDUCO visant à rapprocher les systèmes éducatifs français et luxembourgeois. Avec cette ambition : aboutir à une proposition de construction d'un collège franco-luxembourgeois. Le portail s'inscrit dans une logique plurielle et globale : faire d'une langue voisine sa compagne de route pour la vie. Les enfants de 2022 seront les salariés de demain.

Pour aller plus loin :
www.mosellelangues.eu

Les travailleurs mosellans frontaliers
Le Grand Est, avec ses 800 km de frontières aux abords de quatre pays européens, est la première région des travailleurs frontaliers en France. En Moselle, 51 % des Thionvillois actifs ont un emploi frontalier, comme 16 % des Sarregueminois et 13 % des Forbachois. Quelque 50 000 Mosellans travaillent au Luxembourg et près de 20 000 en Allemagne.