Dynamitée après "la trahison" de Ciotti, la droite fait de la résistance au premier tour
Décapités par l'alliance fracassante entre leur président Eric Ciotti et le RN, donnés pour "morts" dans leurs propres rangs, Les Républicains ont toutefois fait de la résistance dimanche au premier tour des législatives grâce à leur ancrage local. Ils refusent d'appeler...
Décapités par l'alliance fracassante entre leur président Eric Ciotti et le RN, donnés pour "morts" dans leurs propres rangs, Les Républicains ont toutefois fait de la résistance dimanche au premier tour des législatives grâce à leur ancrage local. Ils refusent d'appeler à voter contre le parti d'extrême droite au second.
Avec 9 à 10% des voix, selon les premières estimations, la droite obtiendrait un score pratiquement inchangé par rapport à 2022 et parviendrait à conserver 30 à 50 sièges au second tour sur les 61 dont elle disposait, malgré la dissidence d'Eric Ciotti.
"En nombre de voix, on ferait même mieux qu'il y a deux ans", estime un cadre LR, le parti ayant probablement recueilli plus que les 2,3 millions de voix du premier tour de 2022 grâce à une participation plus forte.
"Cela reste honorable, mais ce qui compte au final, c'est le nombre de sièges", relativise un autre responsable du parti qui s'attend à des "duels incertains" avec le RN dimanche prochain avec de probables pertes parmi les LR sortants.
Le directeur du Cevipof, Martial Foucault, a souligné la "très forte résistance de LR qui va perdre très peu de députés", estimant que leur "loyauté envers le parti a préservé sans doute ses candidats".
Parmi les personnalités du parti, Laurent Wauquiez, qui nourrit des ambitions élyséennes, arrive en tête dans son fief de Haute-Loire avec 36,78% des suffrages, devant le candidat du RN Alexandre Heuzey (35,77% des voix).
Même scénario dans le Haut-Doubs, où la secrétaire nationale du parti Annie Genevard dépasse d'une courte tête son rival du RN, alors qu'Aurélien Pradié, qui avait annoncé jeudi son départ de LR, considérant que ce parti était "mort", arrive nettement en tête dans le Lot avec 42,25% des voix devant le candidat de gauche à 24,33%.
En région parisienne, le sortant Philippe Juvin a été élu dès le premier tour dans les Hauts-de-Seine, avec le soutien du camp présidentiel.
Des résultats obtenus par LR, comme en 2022, grâce à l'ancrage local des sortants dont chacun a battu la campagne dans sa circonscription. Et, cette fois-ci, sans le soutien à l'échelon national du parti, privé à la fois de leader et de débats télévisés après "la trahison" d'Eric Ciotti.
- "Réparer la marque LR" -
"Nous n'avions déjà pas de figure nationale en 2022 et nous avions obtenu 61 sièges", souligne un dirigeant du parti, qui estime toutefois nécessaire de "réparer la marque LR" pour occuper un "espace politique qui existe toujours".
Longtemps pris en étau entre le RN et le camp d'Emmanuel Macron, Les Républicains devront faire face dans l'entre-deux-tours à une autre menace, celle brandie par Eric Ciotti, le président qu'ils ne sont toujours pas parvenus à exclure. Ce dernier les a appelés dès dimanche soir à "suivre le chemin" qu'il a ouvert en s'alliant au RN.
"L'union inédite et historique que nous avons bâtie avec Jordan Bardella a mis fin à trop d'années d'immobilisme qui reléguaient la droite dans le rôle de spectateur impuissant", s'est exclamé celui qui a présenté 62 candidats aux législatives.
Le député des Alpes-Maritimes est arrivé en tête dans sa circonscription avec 41% des voix et son parti Les Républicains à droite a obtenu dans le même département l'élection dès le premier tour de Christelle D'Intorni, la seule députée sortante à l'avoir suivi dans son alliance avec le RN.
Dans un communiqué diffusé par sa direction nationale, qui a refusé de suivre son président, LR a refusé d'appeler à voter contre le RN au second tour, comme en 2022.
"Là où nous ne sommes pas présents au second tour, considérant que les électeurs sont libres de leur choix, nous ne donnons pas de consigne nationale et laissons les Français s’exprimer en conscience", ont-il écrit.
L'eurodéputé François-Xavier Bellamy a, pour sa part, estimé que "le danger qui guette notre pays aujourd'hui, c'est l'extrême gauche".
Plusieurs sortants, comme le président de groupe Olivier Marleix ou le sortant Julien Dive, se retrouvent toutefois en ballottage défavorable derrière le RN et auront besoin du soutien de leurs rivaux de gauche et du camp macroniste pour faire barrage au RN.
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