Dunkerque veut jouer un rôle de premier plan dans le mix énergétique français

Première plateforme énergétique européenne, l’agglomération dunkerquoise a choisi de s’engager plus avant encore dans les énergies décarbonées et renouvelables, comme vecteurs de développement économique. Avec une ambition assumée : jouer un rôle majeur dans le futur mix énergétique français. Petit tour d’horizon des projets à venir.

D’ici 2028, un parc éolien off-shore d’une puissance de 600 MW va être installé à une dizaine de kilomètres des côtes de Dunkerque, sur une surface totale de 50 km². © Blue Planet Studio
D’ici 2028, un parc éolien off-shore d’une puissance de 600 MW va être installé à une dizaine de kilomètres des côtes de Dunkerque, sur une surface totale de 50 km². © Blue Planet Studio

C’est un projet phare qui a lui seul résume toutes les ambitions du territoire dunkerquois dans la filière des énergies renouvelables, structurée autour de l’éolien : d’ici 2028, un parc éolien off-shore d’une puissance de 600 MW va être installé à une dizaine de kilomètres des côtes de Dunkerque, sur une surface totale de 50 km². Le projet est porté par le consortium EMD (Eoliennes de Dunkerque), composé d’EDF Renouvelables France et d’Enbridge Eolien France. Ce sont ces deux entités qui vont en assurer la maîtrise d’ouvrage et l’exploitation. RTE (Réseau de Transport d’Electricité) a, lui, été désigné par l’Etat pour être le maître d’ouvrage du raccordement électrique en mer et à terre du parc. La production attendue est d’environ 2,3 TWh d’électricité par an.

Mais au-delà, une autre volonté est en train de se concrétiser à Dunkerque : Devenir un hub de premier plan pour la production et le transport de l’hydrogène, une énergie de plus en plus vue comme le carburant de demain. Sur ce sujet, l’agglomération a déjà pris une longueur d’avance. En 2018, elle a, en effet, accueilli le tout-premier projet «Power-to-Gas» de France. Cette technologie complètement innovante consiste à injecter de l’hydrogène dans le réseau de distribution de gaz naturel. Elle a été mise en place avec succès dans un nouveau quartier d’environ 100 logements à Cappelle-la-Grande, sur le territoire de la Communauté urbaine de Dunkerque. Le système fonctionne désormais avec 20% d’hydrogène, une proportion inédite. Depuis, la possibilité de l’implantation d’une filière hydrogène locale a fait son chemin.

Des industries locales très impliquées

Pour cela, le territoire s’appuie d’abord sur H2V Industry, une société d’ingénierie française qui doit implanter sur un terrain du port ouest de Dunkerque, une première unité de production d’hydrogène «vert», c’est-à-dire produit par électrolyse de l’eau, sans utilisation d’énergie fossile. Un procédé complètement innovant que l’entreprise a breveté et veut maintenant déployer à une échelle industrielle. Ce projet à 230 millions d’euros prévoit une première production de 28 000 tonnes d’hydrogène à court terme, avec une extension envisagée à 70 000 tonnes annuelles à plus long terme.

Le territoire sait pouvoir aussi s’appuyer sur des industriels locaux, ArcelorMittal et Air Liquide au premier chef. Ceux-ci portent ensemble un projet d’implantation d’une unité dédiée de production d’hydrogène bas carbone de façon massive, régulière et à coût abordable à Dunkerque. Le même ArcelorMittal, décidément très engagé sur le front de l’hydrogène, travaille également avec un partenaire américain, Infinium, et le français Engie sur le projet dit «Reuze». Celui-ci vise à produire à Dunkerque, de façon industrielle, un carburant de synthèse ultra bas carbone à destination du transport aérien et maritime, à partir de 300 000 tonnes de CO2 captées sur les installations de production d’acier par ArcelorMittal et associées à de l’hydrogène vert produit par un électrolyseur de 400 MW installé par ENGIE. Un investissement énorme estimé à 500 millions d’euros.

Engagement dans le nucléaire assumé

L’ensemble de ces beaux et ambitieux projets concourent à la création d’un véritable écosystème local à la pointe des solutions bas carbone. La filière hydrogène pourrait alors prendre une tout autre dimension et être une source d’attractivité et de compétitivité pour les différents acteurs du bassin industriel et portuaire de Dunkerque.

Si le territoire se veut plateforme énergétique de premier plan engagé dans les énergies renouvelables, il assume aussi complètement son engagement dans le nucléaire «qui produit une électricité décarbonée, indispensable au mix énergétique français», rappelle régulièrement Patrice Vergriete, le président de la Communauté urbaine de Dunkerque. L’annonce faite, début 2022, par le président Macron de l’implantation, à l’horizon 2035, de deux réacteurs EPR nouvelle génération sur le site de production nucléaire de Gravelines a été unanimement saluée par les élus locaux et le monde économique, ceux-ci y voyant même la confirmation du modèle industriel du futur que Dunkerque appelle de ses vœux.

Le territoire dunkerquois assume aussi son engagement dans le nucléaire avec l’implantation, à l’horizon 2035, de deux réacteurs EPR nouvelle génération sur le site de production nucléaire de Gravelines. © Pixavril