Dunkerque : ArcelorMittal lance son pilote industriel de captage de CO2
Maillon indispensable pour tenir les ambitions du groupe sidérurgiste d’une empreinte carbone nulle d’ici 2050, le pilote industriel «3D» de captage du CO2 vient de démarrer sur le site de Dunkerque. Si l’essai est concluant, une première unité industrielle devrait voir le jour en 2025.
Produire de l’acier sans émettre un seul gramme de CO2, c’est l’ambition affichée par le premier groupe sidérurgique mondial, ArcelorMittal, depuis plusieurs années. Récemment, le groupe a annoncé un investissement d’1,7 milliard d’euros sur ses sites de Dunkerque et de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) pour décarboner son process en utilisant de l’hydrogène à la place du charbon pour réduire le minerai de fer. «Toutefois, malgré ce nouveau process, il existera toujours une infime partie de CO2 dont nous ne pourrons pas empêcher l’émission. C’est la raison pour laquelle nous lançons aujourd’hui notre pilote industriel '3D' de captage du CO2», a expliqué Matthieu Jehl, CEO d’ArcelorMittal France, lors de la visite inaugurale de presse.
Ce pilote industriel a reçu le soutien de l’Union européenne (avec un financement de 14,7 millions d’euros sur un coût total estimé à 19,2 millions) et est porté, notamment, par un consortium comprenant, outre le sidérurgiste, Axens, IFP énergies nouvelles et TotalEnergies. Pour une durée de 12 à 18 mois, il devra démontrer l’efficacité de ce procédé qui permet de séparer le CO2 des autres fumées et de le capter grâce à l’utilisation d’un solvant chimique dit «démixant» développé par IFP énergies nouvelles. «C’est ce solvant qui doit rendre notre procédé compétitif car moins énergivore que ceux qui existent déjà sur le marché», précise-t-on chez IFP énergies nouvelles. Le CO2, purifié à plus de 90%, est ensuite récupéré en fin de processus. Le pilote industriel, qui a été entièrement fabriqué par une entreprise lensoise sous-traitante d’Axens, est calibré pour capter 0,5 tonne de CO2 par heure, soit plus de 4 000 tonnes par an.
10 millions de tonnes de CO2 annuelles stockées sous la mer du Nord
Si, comme tout le laisse à penser, ce test «grandeur nature» s’avère concluant, ArcelorMittal envisagera l’implantation d’une première unité industrielle opérationnelle en 2025. Elle sera dimensionnée pour capter 125 tonnes de CO2 par heure, soit plus d’1 million de tonnes par an. Une fois le CO2 capté, le sidérurgiste estime que 30% maximum pourraient être utilisés, pour la fabrication d’un e-carburant par exemple, en le combinant à l’hydrogène. C’est tout le sens du projet Reuze, porté par Engie, Infinium et ArcelorMittal, annoncé récemment sur le site de Dunkerque. Les 70% restants devraient être transportés par pipeline ou bateau, puis stockés définitivement dans d’anciens champs gaziers sous la mer du Nord où, avec le temps, ils se fossiliseraient. C’est en tout cas l’objet du futur cluster européen Dunkerque-mer du Nord, dont le groupe TotalEnergies, déjà très engagé sur plusieurs projets européens de transport et de stockage du CO2, est l’un des principaux partenaires. Il doit être opérationnel à l’horizon 2035 pour une quantité de CO2 capté, conditionné, transporté et stocké de 10 millions de tonnes annuelles.