Du vieux qui, finalement,n’est pas si vieux…

Donner une seconde vie aux ordinateurs et les remettre sur le marché, c’est le concept durable développé par Eco’clic à Annequin. Cette association, créée par Florentin Lamirand et Geoffrey Dupont, s’inscrit dans une logique d’économie sociale et solidaire.

Recycler, éviter le gaspillage, économiser les matières premières sont autant de sujets d’actualités qui impactent la vie économique. En effet, les initiatives allant dans ce sens émergent.

Florentin Lamirand et Geoffrey Dupont se sont croisés sur divers événements à Annequin et ils ont pu échanger à plusieurs reprises sur la notion de développement durable. Ils ont notamment abordé la question des ordinateurs qui inondent le marché et dont le recyclage risque, à terme, de poser de sérieux soucis. “Nous avons discuté de la valorisation des déchets et on en est venus aux rebuts informatiques. Il y avait de la place pour développer un projet, l’idée d’Eco’clic est née de cet échange. Notre ambition consiste à faire du neuf avec du vieux. Nous sommes partis d’un constat : 2,5 millions de PC partent en déchetterie en France chaque année. Le taux de renouvellement des parcs informatiques en entreprise sont passés de six ans à trois ans en peu de temps. Par ailleurs, vous recensez en France une population avec des revenus modestes qui ne peut pas forcément acquérir un PC neuf ou alors vous avez des gens souhaitant s’initier à cet outil qu’ils ne connaissent pas et ne voulant pas pour autant consentir un gros investissement à ce sujet… Nous voulions mettre en adéquation ces deux paramètres, en recyclant des PC pour les remettre sur le circuit à des prix faibles”, explique Geoffrey Dupont.

Particuliers, administrations et professionnels. Les deux associés ont contacté Artois comm pour présenter leur initiative et ils ont reçu un écho favorable de la structure intercommunale qui souhaite faire de l’économie sociale solidaire un générateur d’emplois sur son territoire. “Artois comm nous a accompagnés durant les démarches qui ont précédé la création. Nous avons réfléchi à la définition du projet afin qu’il soit viable et qu’il permette à terme de déboucher sur des emplois, notamment destinés à des personnes en quête de réinsertion”, insiste Florentin Lamirand. En octobre 2010, le projet Eco’clic s’est concrétisé. L’objectif a été dans un premier temps de se faire connaître et de trouver des donateurs, qu’ils s’agissent de professionnels, d’administrations ou de particuliers. De nombreuses entreprises régionales ont été séduites par cette initiative et les deux compères s’appuient sur une zone de prospection qui couvre toute la région Nord-Pas-de-Calais. A ce jour, une quarantaine de sociétés, collectivités, hôpitaux mais aussi de nombreux particuliers les ont sollicités.

La manière de procéder est désormais bien huilée : les deux hommes collectent les ordinateurs, copieurs et autres imprimantes ; ils les stockent ensuite dans un local que la municipalité d’Annequin leur a mis à disposition.

2011, année test. Vient ensuite une étape décisive, celle du diagnostic : “Nous effectuons un premier tri afin de relever les PC pouvant être reconditionnés.” Ces derniers seront vérifiés de A à Z, les éléments défectueux remplacés et les logiciels de base sont installés. Reconnu reconditionneur, l’association dispose d’un accord avec Microsoft. MM. Lamirand et Dupont peuvent ainsi réinstaller un système d’exploitation. “Quand vous récupérez un PC âgé de trois ans, il suffit largement aux besoins de base de nombreuses familles”, constate Geoffrey Dupont.

Les ordinateurs remis en état de marche sont ensuite revendus dans une fourchette allant de 50 à 150 euros. La formule convainc de plus en plus d’adeptes dans une société où le marché de l’occasion à le vent en poupe. Les machines qui ne peuvent retrouver un second emploi sont démontées, désossées… Les opérations se veulent scrupuleuses car ces objets de la vie courante contiennent des métaux lourds, des polluants… Une fois triés, les différents éléments prennent la direction des filières de valorisation. “Peu d’organisations comme la nôtre existent. Nous figurons parmi les précurseurs. En tant que nouveau maillon d’une longue chaîne, nous ouvrons de nouvelles perspectives en matière de recyclage en proposant des débouchés nouveaux.”

L’année 2011 constitue une période de rodage et de mise en place pour la jeune structure. Toutefois, les deux fondateurs ne manquent pas d’ambition. Ils espèrent pouvoir recruter dès 2012 et aimeraient donner une chance à des publics en difficulté. Ils se sont déjà rapprochés de la Mission locale à cet effet. Pour se distinguer, ils veulent aussi se lancer sur la voie de la customisation de PC. Par ailleurs, ils souhaitent s’intégrer dans un projet plus vaste de ressourcerie qui devrait se concrétiser dans un proche avenir dans le Béthunois.