Druidesse, un "chemin de vie" très actuel pour Mona Braz

Aînée de sept enfants élevée dans un milieu rural et bretonnant, tour à tour auxiliaire de vie, syndicaliste et élue, Mona Braz est aussi druidesse depuis près de 40 ans, un engagement qu'elle assimile à...

La druidesse française Mona Braz pose à Saint-Clet, dans les Côtes d'Armor, le 12 juillet 2023 © Fred TANNEAU
La druidesse française Mona Braz pose à Saint-Clet, dans les Côtes d'Armor, le 12 juillet 2023 © Fred TANNEAU

Aînée de sept enfants élevée dans un milieu rural et bretonnant, tour à tour auxiliaire de vie, syndicaliste et élue, Mona Braz est aussi druidesse depuis près de 40 ans, un engagement qu'elle assimile à "un chemin de vie", porteur d'une exigence morale.

"A 12 ans, je voulais être curé (...) Ca a été un choc pour moi quand on m'a dit que c'était impossible, le début du féminisme, tant cela me semblait injuste", explique dans un éclat de rire cette femme de 67 ans, franche et directe, aux cheveux gris retenus en catogan.

Mona Braz a d'abord pensé se consacrer aux ordres. Mais, à la lecture des auteurs classiques, "j'ai viré ma cutie", résume-t-elle.

Parallèlement, elle redécouvre la culture bretonne, en pleine renaissance et l'existence d'un néo-druidisme: "j'étais en quête de spiritualité et ça me ramenait à mes racines celtiques". 

De plus, les femmes ont toujours eu leur place au sein du druidisme. Elles sont à parité avec les hommes et occupent aussi des fonctions dirigeantes dans les 400 clairières et fraternités druidiques de l’Hexagone.

La Gorsedd (Confrérie) des druides de Bretagne, à laquelle on accède par parrainage, s'est créée en 1900, sous l'aile de l'institution-mère du Pays de Galles. 

"Le druidisme est une forme de pensée qui (...) se rattache à la philosophie de la nature, au panthéisme sans toutefois qu’il en résulte une obligation de croyance", stipule l'article 1er de la "Constitution" de la Gorsedd.

 - L'effet Panoramix -

Indissociable de la spiritualité, un appel à la nature d'autant plus fort que se développaient en Bretagne des luttes pour la défendre: "les marées noires, Plogoff (contre un projet de centrale nucléaire, ndlr), la préservation, déjà, des talus" autour des champs, énumère la druidesse, initiée en 1985 après avoir suivi le parcours des disciples.

Pour les cérémonies, toujours en pleine nature, Mona Braz revêt, comme ses pairs druides, une "saie" (tunique) et un voile blancs, retenu par un "talgenn" (bandeau) noir, brodé du "tribann" doré, un symbole solaire incarnant la triade "Amour-Sagesse-Vérité".

En fin de cérémonie, la corne d’abondance contenant l’hydromel, "Eau de Vie venant de la Source cosmique, circule entre tous et le breuvage divin est partagé". 

"Ceci évoque le plus connu des druides", relève-t-elle: "Panoramix qui concocte sa potion magique dans son chaudron. Nous lui sommes redevables ainsi qu’à Astérix du retour des Celtes dans nos imaginaires".

Mais au-delà des cérémonies, pour cette mère de quatre enfants et grand-mère, "il ne s'agit pas de se retirer pour méditer sur son Olympe". 

L'essentiel de l'héritage du druidisme réside dans une "philosophie de la vie quotidienne", qui invite notamment à "s'impliquer dans la cité, (...) à donner du temps aux autres", dit celle qui s'est investie dans ces domaines depuis sa jeunesse. 

Militante depuis 1972 de l'Union Démocratique Bretonne (UDB), un parti autonomiste de gauche et écologiste, elle sera élue à Guingamp pendant quatre mandats, dont deux d'adjointe, jusqu'en 2020, et conseillère régionale dans la majorité de 2004 à 2021.  

  - pas "du New Age" -

Ayant décidé qu'il était temps de "passer la main" en tant qu'élue, Mona Braz poursuit ses engagements associatifs et vient de publier un livre, "Les secrets d'une druidesse" (ed. Robert Laffont).

Cet essai philosophique développe ce "chemin de vie" qu'est le druidisme et dénonce tout ce qu'il n'est pas, aux yeux de l'auteure: "il y a aujourd'hui une confusion des esprits mais aussi une marchandisation autour de la soif de spiritualité toujours présente".  

"Le druidisme contemporain n'est ni du New Age, ni du chamanisme, ni un club de guérisseurs, c'est le renouvellement d'une tradition philosophique à vocation universelle (...) d'une vision du monde et d'une cosmogonie celtique singulière", illustre-t-elle. "Car, pour les Celtes, le monde n'est pas divisé entre sacré et profane. L'Ame-Monde imprègne toute chose". 

"Ce n'est que ma lecture de cette tradition sans dogme que chacun peut intégrer à sa vie: une ascèse de vie comme l'était le druidisme antique, une exigence mais dans la bienveillance", tempère l'auteure. 

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