Douze hommes comparaissent pour un projet d'attentat avant la présidentielle de 2017

Le procès de Clément Baur, Mahiedine Merabet et de dix autres hommes, jugés pour un projet d'attentat pendant la campagne présidentielle de 2017, s'est ouvert lundi devant...

Douze hommes comparaissent pour un projet d'attentat avant la présidentielle de 2017 © DAMIEN MEYER
Douze hommes comparaissent pour un projet d'attentat avant la présidentielle de 2017 © DAMIEN MEYER

Le procès de Clément Baur, Mahiedine Merabet et de dix autres hommes, jugés pour un projet d'attentat pendant la campagne présidentielle de 2017, s'est ouvert lundi devant la cour d'assises spéciale de Paris.

Initialement prévu au début de l'année, le procès avait été renvoyé après deux semaines et deux jours d'audience, en raison de la maladie d'une juge assesseure qui n'avait pu être remplacée, faute d'effectifs suffisants parmi les magistrats.

Après ce faux départ, le procès reprend de zéro. Les deux principaux accusés, Clément Baur, 30 ans, et Mahiedine Merabet, 36 ans, doivent répondre de ce projet d'attentat.

Une demande de renvoi présentée en début d'audience par les avocats de M. Merabet a été rejetée par la cour présidée par Corinne Goetzmann.

"C'est compliqué d'être devant une cour d'assises. De répéter ce qui a été dit (lors du procès avorté de janvier), de parler de choses qui se sont passées il y a sept ans", a déclaré Clément Baur en doudoune moutarde sans manche et T-shirt vert. "J'ai conscience de la gravité de ce que je pensais" à l'époque des faits, a-t-il ajouté d'une voix posée.

En chemise blanche parfaitement repassée, Mahiedine Merabet, fines lunettes, barbe soigneusement taillée et crâne rasé, a affirmé pour sa part qu'il n'avait jamais eu l'intention "de faire du mal à qui que ce soit".

"Je n'ai ni tué, ni blessé personne", a-t-il insisté tout en reconnaissant avoir "une responsabilité évidente dans ce qui (lui) arrive aujourd'hui". Il a également indiqué vivre "comme un long supplice" sa détention provisoire depuis avril 2017 et assuré qu'il allait "se battre pour qu'une forme de vérité puisse sortir" de ce procès. "Il y a quelque chose d'injuste dans le traitement de cette affaire", a-t-il ajouté, estimant être "peut-être déjà condamné à l'avance".

"Dans les conditions actuelles, faire réellement votre travail relève de l'impossible", a-t-il dit à l'adresse de la cour.

Jugé pour association de malfaiteurs terroriste, Mahiedine Merabet est le seul des douze accusés à encourir la réclusion criminelle à perpétuité car il est en état de récidive légale.

Dix autres accusés, dont Clément Baur, également poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste, encourent 30 ans de réclusion. Un seul des accusés, uniquement poursuivi pour des infractions à la législation sur les armes, encourt sept ans d'emprisonnement.

 "Loi du talion

Un des accusés, un Russe d'origine tchétchène, Lom Ali Aldamov, probablement à l'étranger, ne s'est pas présenté et sera jugé en son absence.

MM. Baur et Merabet avaient été arrêtés à Marseille le 18 avril 2017, cinq jours avant le premier tour de la présidentielle. Après plusieurs jours de traque, les enquêteurs de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) étaient parvenus à localiser leur planque.

Les deux hommes, qui s'étaient connus en prison, avaient précipité leur chute en cherchant à contacter, via la plateforme Telegram, le groupe Etat islamique (EI) pour lui transmettre une vidéo d'allégeance et de revendication. Mais c'est chez un agent infiltré de la DGSI que leur vidéo avait atterri.

Elle montrait des dizaines de munitions disposées sur une table de manière à écrire "la loi du talion", au côté d'un fusil mitrailleur, d'un drapeau de l'EI et la Une du Monde du 16 mars 2017 avec une photo du candidat de droite à la présidentielle François Fillon, suivie d'un montage d'enfants victimes de bombardements en Syrie.

La perquisition de leur planque avait permis de saisir le fusil mitrailleur Uzi de la vidéo, trois pistolets, des centaines de munitions et un sac de boulons.

Les enquêteurs avaient également découvert plus de 3,5 kg de TATP, explosif instable prisé des jihadistes, déjà utilisé lors des attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis.

L'exploitation des supports numériques a mis en évidence des recherches internet tous azimuts sur de potentielles cibles: des clubs libertins, des bars, un restaurant casher et un meeting de la candidate du Rassemblement national Marine Le Pen à Marseille, prévu le 19 avril.

Le premier interrogatoire sur les faits des deux principaux accusés est prévu les 9 et 10 novembre.

Le procès doit durer jusqu'au 1er décembre.

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