Domaine viticole du Château de Chamilly : du vin et de la bière.
Xavier et Arnaud Desfontaine prennent peu à peu le relais de leur mère Véronique à la tête du domaine viticole du Château de Chamilly. Devant les aléas climatiques et les pertes de production récurrentes, les deux frères se diversifient en produisant aussi de la bière artisanale.
Alors que la famille Desfontaine se transmet les vignes du domaine de Château de Chamilly depuis qu’elle en a fait l’acquisition au début du 19ème siècle, Xavier et Arnaud, à respectivement 38 et 39 ans, ont décidé de diversifier l’activité familiale. « Nous avions l’idée de faire de la bière depuis que nous nous sommes installés avec mon frère, en 2006 et 2007, mais la progression du domaine ne nous le permettait pas » explique Xavier Desfontaine.
A leur arrivée, les deux frères ont dû céder plusieurs hectares de vignobles en Mercurey, un coup dur mettant en péril l’activité, mais ils ont su rebondir en 2009 en prenant la suite du Château de Cary-Potet à Buxy avec ses vins en Montagny village et en premier cru. Le domaine a également pu faire l’acquisition de vignes à Mercurey et Bouzeron portant l’exploitation à 32 hectares. « Arnaud excelle dans le commerce, alors il se dédie à ça, tandis que moi, je préfère la production, la cave et les vignes. Notre mère assure la gestion des clients et la partie administrative » détaille Xavier Desfontaine.
Assurer la viabilité du domaine
Avec ses 32 hectares de vigne, la famille Desfontaine pouvait subvenir à ses besoins et assurer le travail des neufs salariés permanents. Pourtant, après des récoltes amoindries en 2015 et 2016 et malgré de bonnes années comme 2017 et 2018, les frères Desfontaine n’ont pu que constater les conséquences du climat sur leur production. « En 2019, nous avons perdu 40 % de la production, 50 % en 2020, et même 60 % en 2021 ! Nous nous sommes donc interrogés sur la rentabilité et la survie du domaine. »
Pour se diversifier, les deux frères ont donc repris leur idée de s’orienter vers la production de bière, écumant les brasseries pour comprendre le procédé et prévoyant les investissements nécessaires jusqu’à faire la bonne rencontre. « Thomas, le mari de l’une de nos collaboratrices, brasseur, cherchait un nouvel associé. Installé depuis 2013, il nous a proposé de le rejoindre. »
Une nouvelle aventure
L’outil de la Brasserie artisanale de Bourgogne, BAB, arrivait alors à ses limites de production. Les deux frères rejoignent l’aventure en janvier 2022 et investissent 550 000 euros pour rapatrier l’activité de Chagny sur le domaine et la doter de nouveaux équipements, plus performants. « Nous sommes plus précis dans les recettes et la production va plus vite. Nous avons aussi changé la chaîne de mise en bouteille pour gagner en efficacité. »
La BAB, qui produisait 850 hectolitres en 2021, devrait atteindre 1 500 hectolitres en 2022. Si, pour de nombreux brasseurs, le transport s’avère source de problème pour acheminer la bière chez les cavistes, les deux frères prévoient eux de profiter des envois de vin pour approvisionner leurs clients, à 80 % français, et déjà impatient.
Pour Aletheia Press, Nadège Hubert