Dix ans, et demain ?

En dix éditions, le salon Créer s’est imposé comme le rendez-vous de la création d’entreprise en région. Un événement qui a trouvé tout de suite son public, et devant lequel s'ouvrent de nouveaux défis.

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D.R.

Depuis plusieurs années, la fréquentation oscille entre 15 000 et 20 000 visiteurs à chaque édition.

Déjà dix ans que, tous les mois de septembre, les créateurs d’entreprise de la région ont rendez-vous au salon Créer. Quel que soit le stade de leur réflexion et de leurs démarches, ils ont l’assurance d’y rencontrer des interlocuteurs à même de les conseiller et de répondre à leurs questions. Un événement unique en son genre dans la région, né de la volonté de quatre porteurs de projet, en 2007 : Lille Grand-Palais, le Conseil régional, la CCI et la Chambre des métiers. Le salon avait alors un objectif tout simple. «Il s’agissait de répondre à la montée de l’entreprenariat en France et dans la région, explique Melissa Monteiro, coordinatrice chez Lille Grand-Palais, qui chapeaute le salon depuis cinq ans. Les différentes structures se sont associées pour accompagner la création d’entreprise. Et cela répondait à un réel besoin, comme l’a prouvé la fréquentation : dès la première année, nous avons accueilli 17 000 visiteurs, avant d’enregistrer notre record l’année suivante, avec 20 000 visiteurs.» Depuis, la fréquentation oscille entre 15 000 et 20 000 visiteurs chaque année, pour un peu moins de 200 exposants. «On a atteint notre vitesse de croisière depuis quelques éditions, avec un nombre de visiteurs et d’exposants qui se stabilise à un niveau un peu plus faible que les premières éditions. Mais on a vraiment gagné en pertinence et en qualification des deux côtés au fil du temps, et les visiteurs et les exposants qui sont présents sont les plus qualifiés pour répondre aux problématiques.»

Au fil des éditions, les contenus se sont affinés grâce à des enquêtes menées auprès des visiteurs. «Nous les interrogeons sur leurs attentes et leurs besoins, pour y répondre aux mieux. Et nous nous organisons avec nos partenaires  pour proposer des contenus innovants, qui collent avec les tendances de l’entreprenariat. Bien sûr, il y a des thématiques incontournables pour tout créateur d’entreprise, mais, depuis dix ans, nous avons réussi à nous renouveler chaque année, sur le fond comme sur la forme», estime Melissa Monteiro. Si, à l’origine, le salon s’adressait avant tout aux créateurs et aux porteurs de projet d’entreprise, Créer s’oriente désormais de plus en plus vers les chefs d’entreprise déjà établis, pour favoriser les échanges entre créateurs et dirigeants. «Nous essayons d’innover aussi sur le programme, avec des formats différents pour les ateliers et les conférences, comme, depuis l’an dernier, les speed meetings que nous organisons. Nous essayons de faire venir des têtes d’affiche aussi, susceptibles de faire venir du monde, comme cette année Mohed Altrad, élu Entrepreneur mondial de l’année 2015.»

Un programme qui se construit au fil du temps, comme le montre l’arrivée, il y a quatre ans sur le salon, du Showroom de l’innovation, dédié aux start-up et aux entreprises innovantes, toujours plus nombreuses dans la région. Une innovation qui se retrouve aussi bien représentée avec les trophées Créer, qui mettent en avant les innovations sociales, technologiques et territoriales des jeunes entreprises de la région. Une recette qui varie donc toujours un peu, mais dont le succès ne se dément pas, assure Lille Grand-Palais : 60% des exposants reviennent d’année en année. «C’est la meilleure preuve que nous remplissons notre mission, se félicite Laurent Degroote, président de la CCI Grand-Lille et l’un des instigateurs du salon. Créer est un vrai lieu de rencontres et de prises de contact. D’ailleurs, 50% des visites débouchent sur un rendez-vous par la suite. Il a permis la réunion de tous les acteurs qui étaient dispersés, et les candidats à la création ont pu tout trouver sous un même toit, ce qui était vraiment l’ambition de départ

Après dix éditions, plusieurs défis s’ouvrent pour l’avenir du salon, estime Laurent Degroote. «Il faut que Créer reste le salon de tous les porteurs de projets, petits ou grands, classiques ou innovants. Mais, en même temps, il faut qu’il se renforce dans le domaine de l’innovation. Même les entreprises traditionnelles aujourd’hui doivent réinventer leur façon de travailler, il faut que le salon puisse les y aider. Enfin, le salon doit pouvoir répondre aussi aux chefs d’entreprise qui veulent développer leur activité, et qui veulent y trouver des experts et des réponses en un minimum de temps pour répondre à leurs questions, notamment sur la transmission, la cession et la reprise. Nous devons les y aider

Une analyse partagée par Réseau Entreprendre, partenaire du salon depuis les origines. «En termes d’image, ça va bien sûr dans le bon sens. La région Hauts-de-France compte de nombreux incubateurs et des accélérateurs très dynamiques. Depuis dix ans, le succès du salon montre bien que la région est une terre d’innovation et de création d’entreprise. Depuis le début, le salon est partenaire, il n’était pas envisageable pour nous de ne pas y être, ça fait exactement partie de notre ADN. Mais pour nous, ce n’est pas là où nous recrutons le plus. Chaque année, nous organisons une grosse soirée qui rassemble beaucoup de monde et nous permet de rassembler nos adhérents et de nouvelles personnes. Mais il  faudrait que le salon trouve le moyen d’attirer davantage d’ETI, qui viennent très peu. Or, pour nous, c’est le public le plus intéressant, même si le salon tel qu’il existe nous permet de mailler notre réseau, de rencontrer et de faire se rencontrer des personnes, d’entretenir nos contacts et d’en obtenir de nouveaux.»

En effet, en 2015, les porteurs de projet étaient 28%, les visiteurs à la recherche d’une idée, 38%, alors que les chefs d’entreprises ne constituaient que 24% du public du salon. Les 10% restants sont avant tout des réseaux d’accompagnement, à la recherche de projets intéressants. Après dix ans, de nouveaux chantiers s’ouvrent donc pour le salon Créer, qui se voit bien s’installer pour une décennie supplémentaire dans le paysage des Hauts-de-France et contribuer à en faire, selon la volonté du nouveau président, «la première région entrepreneuriale européenne».