Diversification et résilience : Natup maintient le cap

A la veille d’un changement de direction générale, la coopérative agricole Natup vient de vivre une année de transition marquée par une météo capricieuse. Pas de quoi la fragiliser ni modifier sa stratégie.

Laurent Lemarchand (à gauche) succèdera en janvier à Patrick Aps (à dr.) à la direction générale, aux côté du président Antoine Leclercq (© Aletheia Press / B.Delabre)
Laurent Lemarchand (à gauche) succèdera en janvier à Patrick Aps (à dr.) à la direction générale, aux côté du président Antoine Leclercq (© Aletheia Press / B.Delabre)

Contre vents et marées… ou plus exactement malgré la pluie, la coopérative agricole Natup maintient le cap. Après une récolte 2023 mitigée, et une campagne 2024 pas loin d’être catastrophique, le contexte des grandes cultures (céréales, oléagineux et protéagineux) n’est pourtant pas enthousiasmant, loin s’en faut. Mais la stratégie de résilience du groupe coopératif, développée depuis dix ans, porte ses fruits. « Malgré le contexte agité, nous avons réalisé un bon exercice 2023-2024 (clôturé en juin 24 avant la dernière moisson, ndlr) », souligne Patrick Aps, directeur général de Natup. Le groupe affiche ainsi un chiffre d’affaires consolidé de 1 292 M€, porté pour moitié par son pôle agricole (695 M€) et pour moitié par ses filières de diversification (légumes, fibre végétale et distribution).

Plan d’économie et aides à la trésorerie

Bref, « Natup va bien et cela tombe bien, car nous allons pouvoir accompagner nos adhérents après cette récolte 2024 "compliquée" », commente Antoine Declercq, président de la coopérative. La pluie a en effet perturbé toute la campagne, des semis à la récolte. « Le fil rouge de la campagne 2024, c’est la pluie, avec +127% de précipitations entre octobre 2023 et février 2024 », rappelle Patrick Aps. Lors de la moisson, 900 000 tonnes ont été collectées par la coopérative et environ 300 000 tonnes depuis. Soit un recul global d’environ 230 000 t par rapport à 2023.

Pour absorber cette perte « sèche », le groupe se serre la ceinture. « Nous avons très tôt engagé un plan d’économie que nous avons fixé à 10 M€, détaille le directeur général. Nous avons demandé à nos équipes d’aller chercher des économies partout où c’était possible, et cet objectif est aujourd’hui atteint et il sera même probablement dépassé. » Grâce à ce plan, la coopérative peut conserver ses fonds pour soutenir ses adhérents. Aide à la trésorerie, prise en charge d’intérêts, aides à l’investissement… De plus 7,5 M€ de dividendes ont été reversés aux coopérateurs. « C’est 50 % du résultat de l’exercice 2023-2024, alors qu’habituellement, nous versons plutôt 40 % ».

Miser sur l’aval et dans l’énergie

Malgré son plan d’économie, la coopérative ne met pas de côté ses projets stratégiques, qui seront portés, à partir de janvier, par son nouveau directeur général Laurent Lemarchand. A 41 ans, celui qui était directeur de l'innovation, du développement et des agro-industries au sein de la coopérative prend en effet la succession de Patrick Aps, qui fait valoir ses droits à la retraite, après 23 ans au sein de l’entreprise et 11 ans à la direction générale. Sécurité et qualité, excellence technique et économique… « Le mot d’ordre, c’est la continuité », précise le nouveau dirigeant, qui compte « faire vivre la feuille de route de l’entreprise ».

En particulier, il aura à poursuivre l’amélioration des filières de diversification, avec la construction de la nouvelle usine Lunor à Luneray, le développement des Eleveurs de la Charentonne, ou la consolidation de la filière fibre avec l’usine Ecotechnilin en Pologne… Un gros volet énergétique est aussi en développement, avec un accompagnement des adhérents dans la production de Cive (cultures intermédiaires à valorisation énergétique) à destination de la méthanisation, et dans le déploiement de l’agrivoltaïsme.

Pour Aletheia Press, Benoit Delabre