JOP/ Un été de sports

Dieux des stades, des tatamis, des bassins...Focus sur les sportifs de haut niveau

Vécu, parcours, attentes… Dévoilée à la veille des JOP Paris 2024, l’enquête BPCE fait la lumière sur les sportifs de haut niveau (SHN), « cet univers mal connu, voire méconnu », selon Alain Tourdjman, spécialiste des comportements financiers des ménages et des entreprises à la BPCE.

(c) Adobe stock
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Les qualités mentales (force mentale et détermination, discipline et rigueur), le soutien de l’entourage et la motivation sont les principaux facteurs de réussite pour, respectivement, 84%, 60% et 55% des sportifs de haut niveau (SHN). C’est ce qui ressort de l’enquête BPCE qui leur est dédiée, menée auprès de 439 athlètes*. Leurs ressorts personnels ? Le plaisir dans la pratique sportive et l’adrénaline lors des compétitions. Et leur principale ambition : 74% souhaitent améliorer leurs performances, la moitié remporter une compétition spécifique et 44% veulent participer à un évènement sportif majeur. Dans une moindre mesure, figurent d’autres préoccupations, telles que l’amélioration de leur environnement sportif (financier, équilibre avec la vie personnelle…) ou encore la réorientation ou la modification de leur carrière. Ainsi, 38% des SNH souhaitent trouver des financements ou des sources de revenus et 23% aspirent à un meilleur équilibre entre le sport et leur vie personnelle.

Les besoins spécifiques qu’ils expriment concernent la question financière complexe au-delà des revenus, un enjeu de reconversion mal anticipé, le soutien psychologique et un accès aux structures sportives (équipements ou centres d’entraînement). 62 % des SHN déplorent cette difficulté d’accès, dû à un éloignement géographique –variable selon les régions–, ou à un coût trop élevé. Soit « L’attente d’une pratique plus sereine, d’un environnement facilitateur, mieux adapté aux nouvelles exigences de performance et aux conditions de la conciliation entre vie sportive et personnelle », résume l’étude.

Des renoncements, voire des sacrifices

L’omniprésence du sport dans leur quotidien (pour 62% d’entre eux, il domine leur vie) les conduit à des renoncements, voire à des sacrifices, eu égard, notamment, à « la préparation aux entraînements , à la disponibilité mentale etc », détaille Perrine Lantoine, chargée de l’analyse des tendances sociétales et des comportements financiers des ménages et des entreprises au sein du groupe BPCE. (57 % s’entraînent entre 10 et 20 heures par semaine). Nombre d’entre eux mettent en avant « le renoncement à une vie sociale » (sorties, vacances,84%), aux loisirs (77%), à une vie familiale « ordinaire » (60%), à certains emplois ou études (53%) ou encore le fait d’ avoir dû déménager (44%). Néanmoins, 81 % estiment avoir trouvé un équilibre entre leur vie sportive et leur vie privée et sociale et 88 % jugent leur carrière sportive « satisfaisante jusqu’à présent ».

L’implication de l’entourage familial

Autre constat de l’étude, les parents, et plus largement la famille jouent un rôle déterminant : près de la moitié des SHN citent leurs parents comme les personnes les plus décisives dans la vocation et au début du parcours sportif, et 59% la famille. Les parents apparaissent à la fois comme un soutien organisationnel et logistique, moral et psychologique, mais aussi scolaire et financier. « Le soutien de la famille est multifacettes », commente Perrine Lantoine. Et peu de place est laissé au hasard : pour près de la moitié des athlètes, le choix de la discipline a été influencée par l'entourage (famille, entraîneur...). Les clubs sportifs, font également partie du top 3 des personnes clés. Autre soutien de taille, l’entraîneur : 87 % des SHN en ont un, qui s’avère être avant tout un conseiller technique (pour 66%), un mentor pour 28%, un partenaire sportif ( 26%) ou, dans une moindre mesure, un ange-gardien (7%).

Quant aux expériences déplorées, 66% des SHN jugent que le soutien psychologique et mental des athlètes fonctionne plutôt mal, voire très mal. Pourtant, les épreuves et les doutes font intégralement partie de leur vie : 85% indiquent avoir rencontré au cours de leur carrière sportive une blessure, un problème de santé, de mauvais résultats ou un échec, 52% des problèmes financiers, 48% des contraintes organisationnelles et 44% une souffrance psychologique, type surmenage, burn-out ou isolement.

57% en difficulté financière

Parmi les autres besoins exprimés, la question du soutien financier, jugé comme une expérience qui fonctionne, là encore, plutôt mal, voire très mal pour la très grande majorité (85%) de ces sportifs. Alors que près de neuf athlètes de haut niveau sur 10 sont en études et/ou en activité professionnelle (pour respectivement 45% et 50%), 57% confient être en difficulté financière. Le travail apparaît, avant tout, comme une nécessité (besoin de ressources) pour 60% d’entre eux et un facteur d’équilibre et d’épanouissement ( 45%), mais également une manière de préparer l’avenir (46%). Et ils sont 65% à déclarer réussir à concilier leur vie pro et leur vie d’athlète, notamment grâce à un dispositif adapté pour la moitié d’entre eux. Parmi les 45% qui suivent des études, si 69 % sont en horaires aménagés, 59% jugent compliquée la conciliation entre leurs études et leur vie d’athlète.

Persévérance et discipline

Les trois quarts de ces champions ont déjà réfléchi à leur reconversion professionnelle avec des perspectives qui s’élargissent au-delà de l’univers sportif. Ainsi, seuls 42 % envisagent une reconversion dans l’univers sportif, 32 % dans un domaine totalement différent, type médical, santé, bien-être ou dans des métiers scientifiques ou techniques et un quart ne savent pas.

Alors que seuls 27% se disent informés et accompagnés dans leurs démarches, 43 % souhaiteraient l’être, avec, parmi les acteurs jugés les plus efficaces, les entreprises et les agences spécialisées dans la reconversion. Ainsi, 41% aimeraient être mis en relation avec des employeurs potentiels et 40% bénéficier d’une aide financière, une bourse de reconversion pour démarrer une nouvelle activité. A noter que la carrière sportive semble être plutôt un atout pour leur reconversion (73 %), notamment grâce aux qualités personnelles développées –capacité à gérer la pression, persévérance, discipline, esprit d’équipe. Autres atouts qu’ils estiment pouvoir valoriser dans leur parcours professionnel, leur réputation, notoriété et leur réseau, contre 9% seulement pour lesquels il s’agit, au contraire, d’une contrainte ou d’un désavantage.

*Etude réalisée à partir d’une enquête quantitative menée par Sky Consulting auprès de 439 sportifs de haut niveau réalisée en mai 2024 et d’une enquête qualitative basée sur 20 entretiens entre avril et juin 2024

Charlotte DE SAINTIGNON

Graines précoces de champions

« Les SHN baignent pour la plupart dans un environnement sportif depuis leur plus jeune âge », relève Perrine Lantoine : 59 % d’entre eux ont commencé à pratiquer leur sport avant 12 ans et seuls 17% à l’âge adulte. Elle souligne également leur polyvalence et leur côté multi-talents avec 47 % d’entre eux qui ont hésité entre plusieurs disciplines, avant de choisir leur sport actuel. A noter aussi le poids de l’héritage familial : 79 % sont issus d’un environnement familial où le sport est jugé « important » et 30 % comptent au moins un sportif de haut niveau dans leur entourage. Le moment de bascule vers le haut niveau ? 34% indiquent avoir eu le projet ou l'ambition de l’atteindre très tôt, dès le début de leur pratique.« L’ambition, comme la pratique est assez précoce ». Principal levier de détection, les compétitions, citées par 61% d’entre eux. Si les clubs sont des acteurs clés de la détection (40 %), le sport scolaire reste en revanche un vivier sous-exploité –seuls 10% des SHN disent avoir été repérés via le système scolaire ou universitaire.