Didier Cailloux, l’homme de pierre
Si au départ, devenir tailleur de pierre n’était pas une vocation pour Didier Cailloux, la matière a été une révélation pour cet autodidacte. Après avoir fait ses armes dans une carrière, pendant près de 20 ans, il exerce à son compte depuis 2008 à Châtillon-sur-Seine, multipliant les récompenses et gardant une constante envie de transmettre.
À la recherche d’un emploi pour se rapprocher de sa famille, Didier Cailloux dégote un travail à la carrière d’Etrochey, en nord Côte-d’Or. « Ce n’est pas une carrière d’extraction, mais un site de transformation où l’on scie les blocs en tranche pour les transformer en dallage ou en pilier par exemple » précise l’artisan. À la carrière, il se forme, apprend le métier et ses rudiments en autodidacte, ne suivant que quelques formations ponctuelles dans d’autres ateliers.
Devant son talent naturel pour le travail de la pierre, Didier Cailloux est encouragé par ses collègues à tenter le concours de meilleur ouvrier de France, ce qu’il fait avec succès en 2004. Quand la crise économique de 2008 frappe, bien qu’il n’ait jamais suivi de formation initiale dans son domaine d’activité, il décide de quitter la carrière pour s’installer comme artisan tailleur de pierre.
La pierre dans tous ses états
Dans son atelier de Châtillon-sur-Seine, il travaille la pierre sous toutes ses formes ! De plus en plus sollicité pour réaliser des monuments funéraires personnalisés, il achève d’en faire un qu’il livrera prochainement à Bruxelles. « La pierre calcaire se démarque du granit, car elle est plus travaillée et plus jolie en blanc si on l’entretient. J’essaie d’apporter une raison de sourire dans un moment difficile. » Le tailleur de pierre participe également à des restaurations comme il s’y affère actuellement au château de Ligny-le-Châtel ou s’emploie à réaliser des statuts comme celle commandée par la gendarmerie de Dijon. « Je réalise également des éviers en pierre de Semond issue du Châtillonnais. »
Didier Cailloux privilégie les pierres de son territoire, une dizaine distincte telles que la pierre d’Ampilly, la bleue de Vix, la pierre de Beauval ou la pierre de Semond avec ses différents coloris. Son travail a été maintes fois récompensé. En plus d’être meilleur ouvrier de France 2004, Didier Cailloux a reçu deux prix des métiers d’art en 2005 et 2016. En novembre dernier, il a reçu le trophée du bâtiment remis par la Chambre des Métiers et le Département. Particuliers et collectivités plébiscitent l’artisan en France comme à l’étranger. Outre Bruxelles, il a participé à la réalisation d’une cheminée dans un château de Dunkerque, mais se déplace partout où son travail l’appelle. « Nous sommes de moins en moins nombreux à faire ce métier donc on me sollicite. » Pour ce qui est des commandes, il les traite dans les meilleurs délais alors que son agenda 2023 affiche déjà complet, les devis s’élaborent désormais pour 2024.
Place aux jeunes
Didier Cailloux, 54 ans, met un point d’honneur à recevoir la jeune génération. Au début de sa carrière d’artisan, il a choisi d’être, pendant quelques années, formateur au sein de la maison familiale de Baigneux-les-Juifs. « Il est important de transmettre ce métier pour qu’il perdure et j’avais envie de partager ma passion au contact des jeunes. » Pour le tailleur de pierre, les jeunes font montre de la même motivation pour sa profession. Si sa fonction d’adjoint au maire de la commune en charge des travaux l’oblige à renoncer un temps aux apprentis, il répond toujours positivement aux demandes de stage qu’il reçoit.
Pour Aletheia Press, Nadège Hubert