Basé à Bourbourg, près de Dunkerque
Devenu une SAS, Bâtilin© lance son développement commercial
Matériau isolant et régulateur d’humidité biosourcé à bilan carbone négatif, Bâtilin© se développe désormais au sein d’une SAS du même nom, portée par trois actionnaires, dont deux entrepreneurs du bâtiment. Après une phase de tests réussis, place maintenant au développement commercial.
Bâtilin© est né il y a près de cinq ans chez un teilleur de lin à Bourbourg, la coopérative agricole L.A. Linière. Ce matériau isolant est fabriqué à partir d’anas de lin (minuscules particules de bois qui composent la tige autour de laquelle la fibre s’enroule), d’eau et de chaux. «Nous avons développé ce produit en partenariat avec le CODEM, le centre technique des matériaux biosourcés, d’Amiens. L’idée était de trouver un débouché plus intéressant financièrement pour les 15 000 tonnes annuelles d’anas que nous produisons. Ils représentent 50 % de la masse de lin mais moins de 10 % de sa valeur quand ils sont utilisés en paillage pour la litière des chevaux, qui était quasi le seul débouché jusqu’à présent», résume Julien Gilliot, ingénieur produit à L.A. Linière.
Bâtilin©, qui se présente sous forme de rectangle de type « parpaing » non porteur de 10 à 30 cm d’épaisseur, est biosourcé, local, à fort pouvoir isolant, capable de capter la chaleur, régulateur d’humidité et à bilan carbone négatif (lors de sa croissance, le lin absorbe du CO2 et le process de fabrication du Bâtilin© ne demande pas de chaleur). «C’est vraiment un matériau d’avenir à l’heure de l’entrée en vigueur de la RE 2020 qui impose la réduction des passoirs thermiques, veut privilégier l’utilisation de matériaux biosourcés et met en place un seuil d’émission de carbone qui sera de plus en plus bas pour la construction de bâtiments», commente Julien Gilliot.
Des bailleurs sociaux comme premiers clients
En 2022, Bâtilin© a réussi une étape importante vers son développement industriel et commercial en sortant du seul milieu agricole. Juridiquement devenu une SAS, Bâtilin© a désormais trois actionnaires qui détiennent chacun un tiers du capital : L.A. Linière, Sylvagreg (une entreprise de construction de maisons et bâtiments basée à Lomme) et Vermeulen (une entreprise de préfabrication de béton et parpaing située à Quesnoy-sur-Deûle). «On y est allé parce qu’on croit économiquement à ce produit qui entre complètement dans les nouvelles directives de la RE2020 et qui fait sens parce que local et écologique. C’est aussi pour nous l’occasion d’apporter une petite, toute petite, contribution au mieux-être de la planète», résume Victor Outters, directeur de Sylvagreg.
En 2022, toujours, Bâtilin© (qui a reçu un prix innovation lors du dernier salon Nordbat à Lille) a passé un premier test concluant à Méricourt (près de Lens) où il a été posé comme isolant sur deux logements en rénovation par le bailleur social SIA Habitat. Cette année, il va être utilisé pour la construction de quatre logements neufs de type T4 à Saint-Pierre-Brouck, village du Dunkerquois, par le bailleur social Flandre Opale Habitat.
«Nous avons décidé de faire confiance à ce nouveau matériau parce qu’il est local, écologique et avec un très bon rendement en termes d’isolation phonique et thermique et de régulation de l’humidité. Il est prévu que nous équipions nos quatre logements de capteurs afin de pouvoir faire un comparatif avec des logements classiquement isolés. Si les résultats confirment nos attentes, nous n’hésiterons pas à faire la promotion de Bâtilin© auprès d’autres bailleurs sociaux afin d’aider à son émergence sur le territoire», promet Hélène Vannieuwenhuyse, responsable de programmes chez Flandre Opale Habitat.
Vers une production de trois millions de blocs par an
La SAS Bâtilin© a lancé le recrutement d’un responsable commercial afin de voir concrètement comment le marché reçoit le produit et engranger de premières «vraies» commandes. «Nous ambitionnons de déployer une ligne de production à échéance 2024-2025 au sein de L.A. Linière afin d’être au plus près de notre matière première. Ce sera un investissement très important que les trois actionnaires ne peuvent pas envisager sans un minimum de garanties», précise Julien Gilliot, qui souhaiterait, à terme, produire trois millions de blocs Bâtilin© par an (avec les 15 000 tonnes d’anas issus de L.A. Linière), avec lesquels 4 000 maisons pourraient être construites.