"Devenir une usine à start-up de qualité"
Le start-up studio lillois, créé en 2014, Spartning Partners, vient d’annoncer une levée de fonds de 5 millions d’euros. Un investissement qui va lui permettre d’accompagner davantage de projets, d’accélérer son développement avec notamment l’appui de nouveaux actionnaires. Rencontre avec Martin Toulemonde, président de Sparkling Partners.
La Gazette. Vous êtes le fondateur de Chronodrive, entreprise avec laquelle vous avez rencontré le succès. Pourquoi cette nouvelle aventure entrepreneuriale ?
Martin Toulemonde. J’avais envie d’un nouveau challenge ! J’ai toujours été passionné par l’entrepreneuriat et je voulais jouer un rôle dans la filière digitale d’EuraTechnologies, qui est un outil exceptionnel. Au début, j’étais seul pour accompagner cinq start-up, mais il y avait énormément de travail. Mes deux associés – Charles Perrard et Nicolas De Kerangal – m’ont rejoint, ainsi que Jean Derremeaux, cofondateur d’ETO, et Damien Deleplanque, CEO d’Adeo/Leroy Merlin, pour créer le start-up studio Sparkling Partners en 2014. Nous avons tous eu la chance de réussir dans nos vies et nous souhaitions offrir notre expérience aux jeunes. Rien ne nous motive plus qu’un entrepreneur qui réussit sur un projet bien établi, avec une offre commerciale disruptive.
Quel rôle jouez-vous dans l’écosystème et quelles sont vos missions exactes ?
Nous sommes anti-business angel, ce principe de mettre de l’argent et d’organiser deux réunions par an. Sparkling Partners est le trait d’union entre les grands groupes et les jeunes entreprises. Notre mission première est d’aider à fabriquer des start-up rentables, autonomes et en pleine croissance. Nous accompagnons des personnes qui ont déjà un projet établi pour faire en sorte qu’elles aillent plus loin avec notre accompagnement et nos finances. Notre deuxième mission consiste à créer des «start-up from scratch» (démarrer à partir de zéro). Nous travaillons avec les grands groupes, comme Bonduelle, LVMH ou encore Rabot Dutilleul, qui ont besoin de s’ouvrir aux start-up car ils rencontrent des problématiques d’innovation. Mais faire émerger l’intrapreneuriat n’est pas toujours facile. C’est pour cela que le terme d’excubation revient de plus en plus. Le fait de prendre une idée, de la développer en externe, quitte à ce qu’elle revienne après en son sein.
Combien de start-up accompagnez-vous aujourd’hui ?
Une quinzaine de start-up et quinze projets sont déjà en attente. Depuis deux ans, nous avons contribué à la création de 80 à 100 emplois. Nous travaillons sur la métropole lilloise où notre ancrage est très fort, mais nous disposons également d’un bureau parisien, essentiel dans notre développement car nous avons beaucoup de clients à Paris.
Vous venez de boucler une levée de fonds de 5 millions d’euros. Que va permettre cet investissement ?
La levée de fonds s’accompagne de l’arrivée de nouveaux actionnaires : Thierry Petit, PDG de showroomprivé.com, et Finorpa – fonds régional des Hauts-de-France –, dont le soutien est très important. Cela va nous permettre de porter l’accompagnement à 30 projets en 2017. Ce qu’on veut, c’est devenir une usine à start-up de qualité. Nous cherchons des projets sur lesquels il existe une barrière à l’entrée, des projets originaux. Mais nous souhaitons également investir dans notre filiale technologique Sparkling Tech, dédiée à la R&D et au prototypage.
Sur quels critères vous appuyez-vous ?
Nous recherchons avant tout ce qui touche au hardware, aux objets connectés. Notre volonté est de construire un groupe de start-up, en synergie les unes avec les autres. Par exemple, la collaboration de deux start-up spécialisées dans la digitalisation du retail, V-Cult (réalité virtuelle) et Tactus (digitalisation du commerce), a permis dernièrement de révolutionner la visite immobilière.
Quelles sont les forces de votre modèle économique ?
Notre modèle de start-up studio a vraiment du sens car on se limite au «early stage» − au travail en amont − fait avec l’équipe autour de la stratégie. C’est un métier difficile, nous sommes comme une nurserie, il y a toujours un bébé malade. Notre accompagnement est très fort à la fois sur la construction de la stratégie, des finances, de la gestion, du commerce, etc. Sur les quinze projets, tous sont encore en vie, ce qui est rare chez les start-up. On commence à voir des projets arriver à maturité, comme Equisense, par exemple, qui vient de lever 3 millions d’euros
Quel avenir imaginez-vous pour EuraTechnologies ?
EuraTech’ est un outil extraordinaire ! Nous avons cinq ans d’avance, il faut absolument capitaliser dessus et surtout ne pas se laisser rattraper. Tout cet écosystème ramène de plus en plus de gens issus des autres régions de France, notamment les Parisiens qui comprennent que Lille est un super terreau. Il y a un vrai positionnement à prendre sur cet écosystème, il faut élargir la base de la pyramide. Je suis persuadée que cette filière digitale peut créer beaucoup d’emplois, c’est en train de prendre.
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