"Devenir une destination phare des industries créatives"

Emmanuel Delamarre, fraîchement nommé directeur général de la Plaine Images, commence la visite par le dernier étage de l’Imaginarium, là où la vision surélevée permet de sentir l’effusion constante du site. Très souvent en travaux diront certains, le cluster dédié aux images numériques et aux industries créatives n’en finit pas de se développer et attire de plus en plus d’entreprises au-delà des Hauts-de-France.

500 magasins en France sont déjà équipés des solutions d'Improveeze.
500 magasins en France sont déjà équipés des solutions d'Improveeze.

Les cinq hectares de l’ancien site industriel datant de 1873 commencent à bien se remplir. Après la Plaine Images en 2010, l’Imaginarium en 2012, le Link en 2016…, un data-center de 1 600 m2 – l’Etix – est prévu pour l’automne 2017 et le Smart (3 000 m2) accueillera bientôt de nouvelles entreprises. «Nous avons encore de la réserve. 20 000 m2 ont été réhabilités ; 2 000, construits ; il reste 18 000 m2 à construire. Notre objectif ? Doubler notre écosystème d’ici 2020» explique Emmanuel Delamarre, en poste depuis seulement quelques semaines mais déjà familier des lieux. «Je connaissais déjà pour y être venu me poser et travailler, ainsi qu’en famille lors d’une Fête de l’animation. Mais aussi parce que je suis un ‘gamer’ ! J’ai donc une vraie appétence pour le sujet depuis un moment», sourit cet ancien directeur du développement de Rubika, l’école supérieure en design, animation et jeu vidéo située sur trois campus : Valenciennes, Puné en Inde et Montréal au Canada. Il a d’ailleurs contribué à la création du campus canadien, «un projet magnifique que je vais encore suivre dans le temps». Si sa nomination au poste de directeur général avait été annoncée en mars à la suite du départ en retraite de Pascale Debrock, il a pris possession des lieux mi-mai, sur une histoire plutôt anecdotique : «La personne qui m’a informé du poste était un de mes anciens étudiants de l’EDHEC qui a créé sa boîte à la Plaine Images ! (Emmanuel Delamarre était directeur général du réseau international des diplômés de l’EDHEC Business School, EDHEC Alumni, ndlr.) Il a eu du flair !» Depuis son arrivée, il a prévu de rencontrer chacune des entreprises : «C’est essentiel. Il ne faut pas vivre hors sol. Je suis très impatient !»

Hors les murs. 106 start-ups «habitent» à la Plaine Images. La première en date – et celle qui a, en quelque sorte, signé l’acte de naissance du lieu –, fut Ankama, fin 2007, dont le succès n’est même plus à présenter. Avant de s’y installer, les porteurs de projet passent par une commission plutôt sélective. «Ils doivent déjà être dans la thématique du lieu : les jeux vidéo, le son, l’image… Nous regardons aussi le potentiel du projet et son état d’avancement. Oui, nous refusons des personnes», explique Emmanuel Delamarre. Une fois la porte d’entrée passée, les entreprises peuvent être en préincubation ou en incubation, en accélération ou s’implanter directement en louant des bureaux. Un gros coup de pouce pour ces jeunes pousses qui peuvent ensuite bénéficier de l’effet cluster de la Plaine Images. Dernier exemple en date, la prise de participation d’A-Volute dans le capital d’Aspic technologies, deux entreprises voisines qui se sont rencontrées et ont travaillé ensemble sur le site tourquennois.

«Devenir une destination». Ultra connue des habitants de la Métropole mais aussi des Hauts-de-France, la Plaine Images essaime au-delà : Paris, Cannes, Afrique du Sud… les implantations se suivent sans se ressembler. Une trentaine d’entreprises hors Hauts-de-France sont incubées depuis deux ans. «On doit devenir une destination pour les entreprises de notre filière», ambitionne Emmanuel Delamarre. L’équipe de 12 salariés devrait rapidement être rejointe par un directeur en business développement pour, justement, attirer des entreprises sur le site. «La Plaine Images dispose d’une vraie valeur avec un plateau de recherche de 1 500 m2 et des écoles renommées à proximité. Ce sont des éléments incontournables pour notre écosystème. C’est ici que cela se passe, les entreprises n’ont même à réfléchir !» Loin de rester dans sa bulle, la Plaine Images collabore avec ses confrères Eurasanté, EuraTechnologies et son voisin Pictanovo, notamment avec un forum de recrutement commun. En 2016, 150 événements ont eu lieu à Tourcoing, chiffre qui devrait probablement être démultiplié avec l’arrivée de la Chaufferie en novembre prochain, située sur les friches de l’ancienne chaufferie industrielle Vanoutryve et dont les travaux ont commencé en avril dernier (voir La Gazette Nord – Pas de Calais du 5 mai 2017). Depuis 2010, 8,5 millions d’euros ont été levés par les entreprises de la Plaine Images.

D.R.

Emmanuel Delamarre voit la Plaine Images comme un catalyseur, au service des entreprises et de leur réussite.

ENCADRE 1

Chiffres clés

• 106 entreprises

• 1 800 salariés, chercheurs, étudiants

• 33 projets en incubation

• 8 750 000 € levés depuis 2010

• 17 projets de recherche

Un espace de coworking, un espace de réunions et de manifestations, un studio de tournage de 500 m2, un espace de séminaire créatif, un studio de doublage/post-production son, un play in lab (laboratoire de playtests), un showroom des savoir-faire de l’écosystème, un équipement technique, des équipements privés…

ENCADRE 2

Game All Over session 2

Non, les jeux vidéo ne sont pas réservés uniquement aux gamers, cloîtrés dans leur chambre devant leur PC ! La gamification – transfert des mécanismes du jeu à d’autres domaines professionnels – trouve aussi bien sa place dans la santé, les ressources humaines, la communication, le management… A ne pas confondre avec le serious game où il s’agit de réaliser un jeu avec un objectif sérieux, comme par exemple America’s Army, un jeu qui permet à l’armée américaine de recruter ses futurs soldats. «Dans la gamification, on prend une application ou un processus déjà existant, auxquels on associe des techniques de jeu», explique Mathieu Barbier, président de l’association Game In et fondateur de Vertic.al. Le jeu peut être au cœur de l’amélioration du parcours de soin, comme a pu témoigner Antoine Seilles, dirigeant d’une start-up issue de la Frenchtech montpelliéraine et qui développe des serious games au service de la santé : «On a 1 600 gamers de 85 ans ou plus !» Naturalpad vend ses jeux dans les établissements pédiatriques ou pour senior. Frédéric Forest, du studio CCCP, basé à la Plaine Images, confirme : «Le jeu permet d’oublier qu’il y a un objectif thérapeutique. Il ne faut pas oublier le mot ‘game’ dans ‘serious game’, sinon c’est du e-learning.» Côte formation, la PME Make U Learn, créée en 2014 par Valentin Fluteau, propose des modules de digital learning «les plus fun possibles» selon le fondateur. Avec des formats de 15 min – 3 vidéos de 2 min, entrecoupées de quizz ou de documents complémentaires –, les salariés peuvent se former à tout moment, en parallèle d’une formation en présentiel. «Nous travaillons avec une trentaine de clients, start-up ou grands groupes», explique Valentin Fluteau, à la tête aujourd’hui d’une entreprise de 7 salariés, dont une équipe à Paris. Dans le monde du service, Improveeze fait du “phygital commerce”, ou plus concrètement du commerce dans des lieux physiques mais avec des objets digitaux. Vous êtes dans un magasin de jeux et vous souhaitez voir l’offre complète d’une marque ? «La solution Cataleeze peut s’installer sur une tablette ou une borne et donne accès à une possibilité d’achat plus étoffée qu’en magasin. Il n’y a donc plus de problème de rupture de stock, les magasins peuvent être plus petits, à un moment où le foncier se fait rare», explique Maxime Dislaire, président fondateur de la start-up de la Plaine Images. Undiz, King Jouet, Tape à l’œil, Kiabi et tout récemment Prénatal en Italie ont déjà fait appel aux solutions d’Improveeze.

D.R.

500 magasins en France sont déjà équipés des solutions d'Improveeze.