Filière automobile

Développer des synergies en Hauts-de-France autour de l’électromobilité

Rendez-vous était donné aux acteurs de la filière industrielle automobile régionale pour une nouvelle édition des ateliers du FEAL*, dans les locaux de la société Mov’ntec à Ruitz. L’occasion pour l’Association régionale de l'industrie automobile (Aria) Hauts-de-France et MEDEE, le pôle de recherche technologique régional spécialisé dans le génie électrique et l'énergie d’officialiser leur partenariat avec la signature d’une convention.

(de g. à dr.) Frédéric Przybylski, Industrial Project, vice-président d’ACC, Pierre-Benoit Hamon, manager Performance et Ecosystème de Renault Electricity, Bertrand Delzenne, président de Delzen, Francis Kopp, dirigeant associé de Mov’ntec, Jérôme Bodelle, CEO du CRITT M2A et Jean-Philippe Lecointe, professeur au Laboratoire systèmes électriques et environnement (LSEE) de l’Université d’Artois.
(de g. à dr.) Frédéric Przybylski, Industrial Project, vice-président d’ACC, Pierre-Benoit Hamon, manager Performance et Ecosystème de Renault Electricity, Bertrand Delzenne, président de Delzen, Francis Kopp, dirigeant associé de Mov’ntec, Jérôme Bodelle, CEO du CRITT M2A et Jean-Philippe Lecointe, professeur au Laboratoire systèmes électriques et environnement (LSEE) de l’Université d’Artois.

Quel est l’impact de l’électromobilité sur les filières automobile et le génie électrique ? À travers cette journée d’échange et de réflexion, l’Aria Hauts-de-France et le pôle MEDEE proposaient aux convives de mieux identifier les opportunités liées à l’électrification de la filière automobile. Et officialisaient un partenariat voué à maximiser l’accompagnement du secteur automobile vers l’électromobilité dans la Région.

Une guerre industrielle contre l’Asie

Une table ronde s’est ainsi déroulée en présence de représentants d’acteurs de la filière des Hauts-de-France. À commencer par Frédéric Przybylski, Industrial Project vice-président d’ACC (Pas-de-Calais), qui a apporté son éclairage sur les conditions de réussite de la transition. « Nous cherchons, comme tout le monde, le graal de la batterie… nous avons besoin d’un écosystème permettant de nous battre contre nos concurrents asiatiques qui ont dix à quinze ans d’avance sur la chimie et d’autres aspects. Nous menons une guerre industrielle contre l’Asie pour retrouver une souveraineté nationale et européenne… la batterie, c’est 40% du prix de la voiture ! La formation n’est pas un problème, mais nous avons besoin de comprendre que la transition est obligatoire et que nous devons rattraper le retard avec l’Asie. »

Et Jérôme Bodelle, CEO du CRITT M2A, de poursuivre : « Dès 2015, nous avons investi sur l’électrique pour créer un pôle de performance et diversifier notre activité. La transition s’est accélérée en 2020, le challenge étant dès lors de se retourner dans les deux à trois ans. Nous avons investi 15 millions d'euros sur trois ans avec l’objectif de retrouver 150 clients dans une période difficile pour l’industrie automobile. Le contrat signé avec ACC sur sept ans [ndlr, pour la réalisation des essais de qualité de production de batteries de la future gigafactory de Douvrin] illustre le retournement de la société et l’écosystème nécessaire autour des gigafactories. » C’était ensuite au tour de Bertrand Delzenne, président de la société Delzen, de partager son sentiment sur la thématique : « Quand trois gigafactories s’implantent sur la région, ce n’est que du bonheur ! C’est super, mais que fais-je pour me positionner et sur quoi ? »

Rodolphe Delaunay, président de l’Aria Hauts-de-France, et Mathias Povse, président du pôle MEDEE, ont signé une convention de partenariat entre les structures voué à maximiser l’accompagnement du secteur automobile vers l’électromobilité en Hauts-de-France.

Se rapprocher entre acteurs de la filière

Bertrand Delzenne poursuit : « Les gigafactories ont besoin de produits complexes qui associent plusieurs métiers. La réponse est donc de se rapprocher entre acteurs de la filière, ce que nous avons fait avec la création de la société Delviatek, dont je suis le président, qui a mis en œuvre une activité d’assemblage de têtes de batteries. Elle est le fruit du rapprochement de Delzen avec un plasturgiste et un fabricant de PVC, et une réponse industrielle aux besoins des gigafactories. Aujourd’hui toutes les planètes sont alignées pour devenir une référence des donneurs d’ordres».

Établir des synergies entre acteurs économiques, telle est l’une des principales clés de la réussite évoquée unanimement par les différents intervenants et notamment Pierre-Benoit Hamon, Manager Performance et Ecosystème de Renault Electricity. « Il faut porter les efforts ensemble ! L’objectif est de produire 500 000 véhicules face à la concurrence de la Chine, dans une industrie décarbonée. Comment ? Renault a investi 500 millions d'euros dans son usine de Douai pour répondre aux enjeux liés à la batterie et à l’ensemble de la chaîne de valeurs à optimiser, notamment sur les opportunités de localisation de synergies entre les acteurs de la filière régionale. » En s’appuyant sur l’exemple de l’usine Renault de Ruitz, qui s’est imposée comme un concurrent de choix à l’international sur la production de bacs de batteries, Pierre-Benoit Hamon l’assure : « Nous savons le faire, mais il est nécessaire de travailler autour de partenariats. »

*Le Forum on European Automotive Industry in Lille, créé en 2013 par le pôle Automobile et l'Aria, rassemble les acteurs majeurs de la filière automobile au niveau international pendant deux jours au travers de tables rondes, conférences, networking et ateliers autour du thème de l’industrie automobile de demain et de ses enjeux.