Devant une juge de Nanterre, Dominique Pelicot maintient sa version au sujet de deux "cold cases"

Violeur condamné, est-il également un meurtrier? Après plus de quatre heures d'audition, Dominique Pelicot, condamné pour des viols en série sur son ex-épouse, a maintenu sa version des faits sur son rôle dans deux affaires dans les années 1990, dont un meurtre avec viol, pour lesquelles il était entendu...

 © Guillaume BONNET
© Guillaume BONNET

Violeur condamné, est-il également un meurtrier? Après plus de quatre heures d'audition, Dominique Pelicot, condamné pour des viols en série sur son ex-épouse, a maintenu sa version des faits sur son rôle dans deux affaires dans les années 1990, dont un meurtre avec viol, pour lesquelles il était entendu par une juge d'instruction du pôle "cold cases" de Nanterre.

"M. Pelicot a répondu à toutes les questions qui lui étaient posées en coopérant comme il l'a toujours fait", a déclaré son avocate, Me Béatrice Zavarro, à l'issue de l'audition au tribunal de Nanterre.

L'homme de 72 ans, placé en détention après sa condamnation à 20 ans de réclusion en décembre, est mis en cause dans deux affaires de violences sexuelles dont un meurtre avec viol à Paris en 1991, qu'il nie, et une tentative de viol en Seine-et-Marne en 1999, qu'il reconnaît après avoir été confondu par son ADN.

"Je pense qu'aujourd'hui pour M. Pelicot, il faut y aller avec prudence. Certes il a été condamné (...), il n'a pas fait appel mais au-delà de ça, laissons la justice faire son travail", a souligné son conseil. 

Aucune autre audition n'est prévue à ce stade par la juge chargée du dossier au pôle des crimes sériels ou non-élucidés, selon l'avocate.

"Je ne m'attendais pas à ce qu'il reconnaisse pour Sophie Narme, si c'est lui, ou qu'il fasse acte de contrition pour Marion", a de son côté réagi auprès de l'AFP Me Florence Rault, qui défend les familles des deux victimes.

"Je n'ai rien contre M. Pelicot. Si ce n'est pas lui, ce n'est pas lui, mais il faut qu'on finisse par savoir", a-t-elle déclaré, tout en soulignant qu'il "n'a reconnu qu'à partir du moment où il se trouvait acculé" dans l'agression de Marion, 19 ans, en 1999. 

Les deux affaires sont bien antérieures au début officiel des viols sous soumission chimique commis pendant une décennie sur Gisèle Pelicot par lui-même et les dizaines d'inconnus qu’il invitait à leur domicile de Mazan (Vaucluse), à son insu. Une parenthèse de 20 ans qui peut laisser craindre d'autres actes entre-temps.

Mis en examen pour ces deux faits, il reconnaît son implication - très partiellement cependant, selon son avocate - dans la tentative de viol en Seine-et-Marne en 1999, après avoir été confondu par son ADN.

Lors de son procès devant la cour criminelle du Vaucluse, il avait donné quelques détails concernant cette affaire. 

"Par rapport à (Marion, prénom d'emprunt de la victime de tentative de viol en 1999), c'est bien moi", avait-il reconnu. Il avait été interrogé par plusieurs avocats de la défense sur ces faits annexes pour appréhender davantage sa personnalité.

"J'ai retiré son T-shirt, ses chaussures et son pantalon, (mais) je n'ai rien fait", avait-il assuré.

Ether et ficelle

  

En revanche, il nie fermement toute participation dans le meurtre avec viol de Sophie Narme, agente immobilière de 23 ans tuée à Paris en 1991.  

"Je n’ai aucun rapport avec cette affaire", avait-il martelé, malgré les similitudes de mode opératoire: les deux victimes étaient de jeunes agentes immobilières à qui un homme a rendu visite sous un faux nom pour visiter un appartement. 

Les deux femmes ont été déshabillées de la même manière et une forte odeur d'éther avait été sentie sur la scène du crime pour Sophie Narme, substance utilisée pour agresser Marion. 

"J’avais un petit flacon d'éther dans la voiture et un bout de ficelle", s’était-il souvenu lors de son procès, concernant cette dernière agression. 

Pourquoi prend-il la fuite à cette occasion? "J’ai eu un blocage en pensant que ça aurait pu être ma fille", avait-il répondu. 

Sa fille Caroline Darian a une vingtaine d'années à l'époque. Âgée de 46 ans aujourd'hui, elle a redit lors du procès sa conviction d'avoir elle aussi été victime de son père, après avoir vu des photos d'elle inconsciente, allongée sur un lit dans des sous-vêtements qu'elle ne reconnaît pas.

A l'issue du procès au retentissement mondial qui a duré quatre mois en fin d'année dernière à Avignon, 50 hommes ont été reconnus coupables et condamnés pour avoir violé sur invitation de son ex-mari Gisèle Pelicot, depuis devenue une icône féministe.

Parmi ces hommes reconnus coupables, 14 ont fait appel, auquel le parquet a répondu par un appel dit "incident", c'est-à-dire visant chacun de ces hommes.

Le procès en appel devrait se tenir devant la cour d'assises du Gard à une date encore indéterminée entre septembre et décembre 2025.

Dominique Pelicot n'a lui pas fait appel.

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