Deuxième mort violente de jeune de Saint-Denis, sous haute tension

Après l'adolescent poignardé à mort mercredi dans le métro, un deuxième jeune de Saint-Denis a succombé samedi aux blessures d'une "expédition punitive" survenue devant son lycée de cette...

Rassemblement à la mémoire d'un adolescent de 14 ans tué au couteau, le 20 janvier 2024 à Saint-Denis © JULIEN DE ROSA
Rassemblement à la mémoire d'un adolescent de 14 ans tué au couteau, le 20 janvier 2024 à Saint-Denis © JULIEN DE ROSA

Après l'adolescent poignardé à mort mercredi dans le métro, un deuxième jeune de Saint-Denis a succombé samedi aux blessures d'une "expédition punitive" survenue devant son lycée de cette ville de Seine-Saint-Denis sous haute tension.

Ces deux morts violentes, dont les tenants exacts et un éventuel lien ne sont pas établis dans l'immédiat, se produisent sur fond d'affrontements entre jeunes de différents quartiers depuis plusieurs jours dans la commune de 113.000 habitants, la plus peuplée du département.

"Nous apprenons avec stupeur et grande tristesse le décès de Farid, lycéen violemment agressé mercredi dernier aux abords de son établissement scolaire", a déclaré la municipalité dans un communiqué diffusé samedi en fin de journée sur les réseaux sociaux. 

Son agression, à coups de battes de base-ball, selon une source policière à l'AFP, avait eu lieu mercredi matin quelques heures avant la mort d'un adolescent de 14 ans, prénommé Sedan, poignardé à mort dans la soirée sur le quai du métro à la station Basilique de Saint-Denis.

Farid A., 18 ans, se tenait à quelques mètres de son lycée et s'apprêtait à passer une épreuve de bac blanc "lorsqu'une voiture s'est arrêtée à (sa) hauteur pour une opération s'apparentant à une expédition punitive", a relaté la ville.

"L'agression a été fugace, froide, aveugle et d'une extrême violence avec l'usage d'objets contondants. Les agresseurs ont laissé leur victime au sol", a-t-elle décrit.

Grièvement blessé, le jeune majeur avait été transporté à l'hôpital Beaujon de Clichy et placé en coma artificiel par les médecins.

Appels au calme

Son décès a coïncidé avec le rassemblement de plusieurs centaines de personnes samedi matin devant l'hôtel de ville de Saint-Denis à la mémoire de Sedan, dans un froid vif mais sous un soleil d'hiver radieux.

Cette manifestation, en présence de nombreux élus locaux, a été l'occasion de vibrants appels au calme et au refus de la violence, dans un contexte où les nerfs sont à vifs.

"Je demande à tout le monde, à tous ses amis, pas de violence, pas de vengeance ! Pas au nom de Sedan, pas au nom de Saint-Denis, pas au nom d'un quartier qu'on s'approprie !", a exhorté au micro le grand frère de Sedan, Mory, devant une foule majoritairement composée de jeunes.

"Un petit frère, un fils, a perdu la vie. A 14 ans, écoutez bien, 14 ans", a-t-il dit. "Je vous appelle à respecter vos parents, à écouter, à ne pas faire de bagarre, à ne pas être violents, parce que souvent ça se termine mal!", a-t-il insisté, gravement.

Au lendemain du meurtre de Sedan, un jeune de 19 ans s'est rendu à la police judiciaire du département, en charge de l'enquête sur la mort de l'adolescent.

Au terme de 48 heures de garde à vue, le mis en cause était présenté samedi soir à un juge d'instruction du tribunal de Bobigny en vue d'une éventuelle mise en examen et incarcération, a indiqué à l'AFP le parquet de Bobigny.

Le mobile du meurtre de Sedan reste à éclaircir à ce stade.

S'il semble lié à un "différend entre jeunes", sa nature exacte reste inconnue car le suspect "ne s'est pas du tout exprimé là-dessus" devant les enquêteurs, selon le parquet.

Le contexte inflammable de Saint-Denis a entraîné un renforcement du dispositif policier et l'interdiction des regroupements par la mairie jusqu'à lundi. Les autorités ont aussi demandé aux parents d'élèves de garder leurs enfants à la maison durant le week-end.

Vendredi encore, des "tentatives d’altercations" ont à nouveau eu lieu dans la ville, dont certaines au nom de la "vengeance", ce qui a conduit à une vingtaine d'interpellations préventives par les forces de l'ordre, selon le maire PS Mathieu Hanotin.

"Saint-Denis perd un autre de ses enfants. Il s'agit d'un drame absolu (...) Chacun doit prendre la mesure de sa responsabilité pour mettre fin au cycle de la violence", a appelé samedi soir la ville de Saint-Denis dans son communiqué, martelant son "message": "le refus de la violence entre et envers nos jeunes".

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