Deuxième jour de manifestation des taxis à Lyon, Paris s'associe au mouvement
Les taxis parisiens se sont associés mardi à une mobilisation contre une baisse de la tarification du transport de malades, qui s'annonce plus faible que la veille, tandis que des CRS sont intervenus autour de...
Les taxis parisiens se sont associés mardi à une mobilisation contre une baisse de la tarification du transport de malades, qui s'annonce plus faible que la veille, tandis que des CRS sont intervenus autour de Lyon pour "libérer" des accès de circulation bloqués.
Mardi soir, le collectif à l'origine de la mobilisation dans la capitale a renoncé à appeler à manifester mercredi et jeudi, après un arrêté préfectoral interdisant tout rassemblement aux abords de l'Assemblée au nom de l'ordre public.
Le collectif a refusé de manifester cours de Vincennes, dans le sud-est de la capitale, comme proposé par la préfecture de police. "On est venu expliquer aux députés pourquoi les taxis ne peuvent pas supporter seuls le poids des déserts médicaux, pourquoi la baisse des tarifs kilométriques pour transporter des patients allait contre un modèle économique et social. On reviendra s'il le faut", a déclaré à l'AFP Walid Hanida, membre du collectif.
Dans l'agglomération lyonnaise, des points de circulation bloqués par les chauffeurs de taxis ont été "levés" sans incidents dans la matinée après intervention des CRS, sollicitées par la préfecture du Rhône.
En fin de journée, une cinquantaine de taxis se sont rassemblés sur la Place Bellecour, dans le centre de Lyon, où certains envisageaient de poursuivre le mouvement mercredi mais à Paris, selon Abdel Grine, président de la Fédération des taxis indépendants du Rhône (FTI69). Une déclaration faite avant la décision du collectif parisien de renoncer à son action.
Selon Abdel Grine, près de 800 chauffeurs étaient présents mardi sur les blocages dans l'agglomération, soit deux fois moins que la veille, pour protester contre une convention en cours de négociation avec l'Assurance maladie incluant une tarification à la baisse du transport de malades.
Lundi, plus de 1.500 taxis de la région avaient participé au mouvement autour de l'agglomération lyonnaise. Des opérations avaient aussi été menées en Provence-Alpes-Côte d'Azur, aux entrées de Toulon, au péage de Bandol et à celui de Lançon-de-Provence, l'un des plus importants sur l'A7.
Mardi, le mouvement s'est étendu à Paris, où près d'un millier de taxis ont manifesté dans la matinée près de l'Assemblée nationale.
Arrivés en convois depuis la région parisienne et plus loin, ils ont aussi ralenti la circulation sur des grands axes comme l'autoroute A13 (ouest). Près de 500 kilomètres de bouchons ont été comptabilisés vers 9H00 dans la région.
Entre pétards et feux d'artifice, les taxis ont occupé l'esplanade des Invalides. La situation s'est tendue vers 9H00 avec le départ d'un feu de palettes et l'arrivée de CRS sur l'esplanade.
"C'est toujours les indépendants qui casquent. On est loin d'être responsables du trou de la Sécu!", a souligné Misselie Michel, 43 ans, taxi au Plessis-Bouchard (Val d'Oise).
En banlieue, les VTC ont pris les courses ordinaires et le transport médical représente désormais 100% de son chiffre d'affaires, à mesure de dix à douze heures de travail par jour, a-t-elle expliqué.
Conditions "pas gérables
Dans la région de Lyon, la mobilisation était moindre mardi, de l'avis même des chauffeurs de taxi grévistes.
"On ne peut pas non plus se permettre de faire grève longtemps, pour certains de nos clients, c'est vital qu'ils soient transportés, ceux qui ont des dialyses, des chimios", a déclaré à l'AFP Pascal Wilder, taxi depuis 44 ans, installé devant l'hôpital Edouard Herriot à Lyon, avec quelque dizaines de collègues manifestants.
Afin de réaliser 300 millions d'euros d'économies sur ces transports sanitaires, le gouvernement Barnier, menacé de censure, souhaite contraindre taxis et transporteurs sanitaires à négocier des mesures avec l'Assurance maladie, sous peine de baisses tarifaires imposées.
De plus, un décret d'application du budget de la Sécu pour 2024 prévoit qu'un patient ne puisse plus refuser, sauf exception, un transport partagé, sous peine de devoir avancer les frais et de n'être remboursé que sur la base du transport partagé. Les patients devront aussi être pris en charge en moins de 45 minutes et par secteur géographique avec une limite kilométrique de détour par patient.
En 2023, plus de 40.000 taxis étaient conventionnés pour transporter des personnes malades, selon l'Assurance maladie, soit près des trois quarts des taxis en France.
Si les nouvelles conditions entrent en application, Eric, taxi dans l'ouest lyonnais, qui fait la moitié de son chiffre d'affaires avec le transport sanitaire, estime que son entreprise ne serait plus rentable.
"Ils (le gouvernement) vont être obligés de faire des concessions, c'est des marges énormes qui vont sauter, sinon ils vont se retrouver avec des patients qui vont rester sans transport, ça ne va pas être gérable", s'inquiète-t-il, devant l'hôpital Edouard Herriot.
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