Deux migrants décèdent dans une tentative de traversée de la Manche

Un nouveau drame migratoire a fait deux morts dimanche matin au large de Calais, portant à neuf le nombre de décès lors de tentatives de traversée de la Manche en un...

Des officiers de la police des frontières (PAF) patrouillent à l'aube à Gravelines, le 20 juillet 2024 © Sameer Al-DOUMY
Des officiers de la police des frontières (PAF) patrouillent à l'aube à Gravelines, le 20 juillet 2024 © Sameer Al-DOUMY

Un nouveau drame migratoire a fait deux morts dimanche matin au large de Calais, portant à neuf le nombre de décès lors de tentatives de traversée de la Manche en un mois, 25 depuis le début de l'année.

Dimanche "en début de matinée", une embarcation s'est signalée "en difficulté avec des personnes à l'eau (...) au large de Calais", indique la préfecture de la Manche et de la mer du Nord (Prémar) dans un communiqué de presse.

Cinquante-trois migrants ont été secourus mais deux autres n'ont pu être réanimés, l'un déclaré décédé au port de Calais, l'autre à l'hôpital de Boulogne-sur-Mer, ajoute la Prémar.

Parmi la centaine de migrants secourus entre cette intervention et une autre, tous débarqués au port de Calais, "cinq (sont) en urgence relative", a souligné Jacques Billant, préfet du Pas-de-Calais, lors d'un point-presse à Calais.

Le procureur de Boulogne-sur-Mer, Guirec Le Bras, a indiqué à l'AFP l'ouverture d'une enquête "des chefs d'aide à étrangers en situation irrégulière en bande organisée aggravée par la circonstance de risque de mort et d'infirmité, crime, et d'association de malfaiteurs en bande organisée, mise en danger de la vie d'autrui, délits". Aucune interpellation n'avait eu lieu dimanche en milieu d'après-midi.

Ces dernières semaines, les drames se sont enchaînés au large des côtes françaises, avec sept décès dans des tentatives de traversées en juillet, les traversées de la Manche sur des bateaux de fortune étant particulièrement nombreuses l'été.

Ces décès surviennent lors de tentatives de rejoindre l'Angleterre, secouée ces derniers jours par des violences lors de manifestations anti-immigration et anti-musulmans.

Morte écrasée

Entre le 12 et le 19 juillet, six migrants sont morts dans trois naufrages distincts: quatre le 12 juillet, une femme érythréenne le 17 puis un homme le 19.

Puis, le 28 juillet, Dina, une femme bidoun --une minorité apatride du Koweït-- de 21 ans, est morte écrasée dans le canot qui devait l'emmener vers l'Angleterre.

A chaque fois, les embarcations étaient très chargées. Le nombre de personnes à bord atteignait 86 le 19 juillet.

Sur l'ensemble de l'année 2023, douze migrants étaient décédés en tentant de gagner l'Angleterre par la mer, selon le bilan de la Prémar. Un bilan humain déjà largement dépassé en 2024, avec 25 morts depuis janvier, a indiqué le préfet du Pas-de-Calais.

Ces traversées se font souvent "sans gilets de sauvetage", à bord d'"embarcation de très mauvaise qualité car sous-gonflées et souvent sans plancher (...), sous-motorisées", a-t-il regretté.

"Cette frontière tue dans le plus grand des silences", s'est émue sur X (ex-Twitter) l'association L'Auberge des migrants.

Selon un comptage de l'AFP à partir des chiffres des autorités britanniques, au 8 août, 17.639 personnes avaient effectué la traversée depuis le début de l'année sur des "small boats", nom donné à ces petites embarcations, un chiffre quasi-équivalent à celui enregistré sur la même période lors de l'année record de 2022.

Lutte contre les passeurs

La France et le Royaume-Uni tentent depuis des années d'enrayer ces tentatives de traversées de la Manche sur des canots pneumatiques.

Le président français Emmanuel Macron et le nouveau Premier ministre britannique Keir Starmer se sont engagés mi-juillet à "renforcer leur coopération en matière de migration irrégulière", en marge d'un sommet avec 40 dirigeants européens.

A peine arrivé au pouvoir début juillet, M. Starmer a confirmé l'abandon du projet controversé d'expulser des migrants au Rwanda, lancé en 2022 par les conservateurs alors au pouvoir mais jamais concrétisé.

A la place, il a annoncé vouloir accélérer le traitement des dossiers de demandeurs d'asile tout en durcissant la lutte contre les passeurs pour "renforcer" les frontières.

Selon Jacques Billant, "depuis début 2024, ce sont plus de 350 interpellations qui ont été opérées et plus de 15 filières de passeurs qui ont été démantelées".

Keir Starmer a dû faire face ces derniers jours à de violentes émeutes d'extrême-droite, qui ont secoué le Royaume-Uni pendant une semaine à la suite du meurtre de trois fillettes le 29 juillet, sur fond de rumeurs en ligne en partie démenties décrivant le suspect de l'attaque comme un demandeur d'asile musulman. Il s'agit en fait d'un adolescent de 17 ans né à Cardiff dont les parents, selon des médias, sont originaires du Rwanda.

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