Deux équipements pour laisser passer les poissons
La Canche, fleuve côtier du Pas-de-Calais, et son affluent principal, la Ternoise, sont des cours d’eau classés « à grands migrateurs ». Pour faciliter la libre circulation des saumons atlantiques, des truites saumonées, des anguilles et des lamproies marines entravée par des barrages trop hauts pour être franchis en une seule fois, l’Agence de l’Eau Artois-Picardie et les collectivités territoriales viennent d’investir dans deux passes à poissons.
Ces deux ouvrages se situent sur des cours d’eau gérés par le Syndicat mixte pour le schéma d’aménagement et de gestion des eaux (Sage) de la Canche. Inaugurés le 26 septembre en présence du Parlement des jeunes pour l’eau, ils représentent un effort financier important : 405 000 € pour celui d’Auchy-les-Hesdin et 229 000 € pour celui d’Hesdin. Les travaux réalisés par l’Agence de l’eau concernent la construction de dispositifs de franchissement de barrages tout en conservant leur usage hydroélectrique. Concrètement, les salmonidés profitent de ralentisseurs permettant d’affaiblir le courant. Pour les anguilles, des rampes munies d’un revêtement synthétique de type tapis-brosse ont été mises en place : elles ont en effet besoin de rugosités pour faciliter leur reptation.
Ces passes complètent les travaux entrepris soit sous maîtrise d’ouvrage du Syndicat mixte pour le Sage – et, antérieurement par la Fédération départementale de pêche et de protection du milieu aquatique du Pas-de-Calais – soit par les propriétaires eux-mêmes. « Un suivi biologique de cet aménagement sera réalisé, assure le directeur de l’Agence de l’Eau Olivier Thibault, pour s’assurer de son efficacité et de l’accomplissement du cycle de développement des espèces piscicoles. »
Un dispositif apprécié des pêcheurs. Déjà, assurent les techniciens, en attendant la mise en place d’un compteur ou d’une caméra, on peut apercevoir quelques salmonidés sauter dans la passe pour aller pondre sur les fonds de graviers à la source de la Ternoise là même où ils ont éclos, ou des anguilles regagner l’aval vers la mer. S’ils sont situés à environ 50 km du littoral, ces dispositifs ont un rayon d’impact qui va bien au-delà. Cet investissement réjouit ainsi l’ancien pêcheur de civelles Gérard Montassine, représentant du Comité régional des pêches maritimes Nord-Pas-de-Calais-Picardie : « on ne reconnaîtra jamais assez l’influence des terres sur l’activité halieutique, surtout dans les estuaires ! »
Encadré
Le principe « pollueur-payeur »
Etablissement public du ministère de l’Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, l’Agence de l’Eau Artois-Picardie est l’une des 6 agences chargées de mettre en œuvre la politique nationale de l’eau et des milieux aquatiques. Elle collecte, par le biais de la facture d’eau, des redevances auprès de tous les usagers (agriculteurs, industriels ou particuliers) soit pour l’eau prélevée, soit pour les eaux usées rejetées. Celles-ci sont ensuite redistribuées sous forme d’aides financières ou de prêts en faveur de ces mêmes usagers qui mettent en œuvre des actions de lutte contre la pollution de l’eau : dans le domaine de l’assainissement, de l’eau potable ou de la restauration des cours d’eau.