Deux départements LR du sud partants pour expérimenter l'uniforme au collège

A la veille de la rentrée et en plein débat sur l'interdiction des abayas et qamis, les présidents LR des Conseils départementaux des Alpes-Maritimes et des Bouches-du-Rhône se sont proposés pour expérimenter l'uniforme au collège, emboîtant...

Rentrée des classes dans une école à Marseille, le 1er septembre 2022 © Clement MAHOUDEAU
Rentrée des classes dans une école à Marseille, le 1er septembre 2022 © Clement MAHOUDEAU

A la veille de la rentrée et en plein débat sur l'interdiction des abayas et qamis, les présidents LR des Conseils départementaux des Alpes-Maritimes et des Bouches-du-Rhône se sont proposés pour expérimenter l'uniforme au collège, emboîtant le pas du patron des Républicains Eric Ciotti.

"Nous souhaitons lancer une expérimentation dans ce sens, dans les collèges des Alpes-Maritimes, en accord avec le président du conseil départemental", a ainsi lancé dans le Journal du Dimanche Eric Ciotti, député des Alpes-Maritimes, affirmant avoir "évoqué cette candidature avec Gabriel Attal", le nouveau ministre de l'Education nationale.

Une proposition que Charles-Ange Ginésy, à la tête de ce département du sud-est de la France, soutient "totalement". "Une telle mesure permettrait de lutter contre les inégalités et le harcèlement et contribuerait à affirmer la spécificité du cadre scolaire", a-t-il déclaré sur X, anciennement Twitter.

Gabriel Attal, qui a annoncé pour cette rentrée scolaire l'interdiction de l'abaya, longue robe traditionnelle couvrante portée par certaines élèves musulmanes et considérée par le gouvernement comme un signe religieux ostentatoire contraire à la loi, s'était dit fin juillet favorable à l'expérimentation de l'uniforme "si la communauté éducative d’un établissement" le demande. 

Eric Ciotti a tenté aussi dans le JDD de relancer une proposition récurrente de sa famille politique en plaidant pour l’interdiction du "port de signes religieux pour les parents d'élèves accompagnants lors des sorties scolaires".

Dans les Bouches-du-Rhône, une autre LR, Martine Vassal, s'est dite dimanche pour l'ouverture d'"une grande concertation avec l'éducation nationale et les parents d'élèves afin d'expérimenter le port de l'uniforme dans les collèges de notre département", a-t-elle dit sur X.

Pour elle l’uniforme, "largement diffusé dans certains pays et territoires de notre République", "gomme les différences sociales et permet une meilleure intégration". Il permet également de "renforcer la sécurité des élèves en facilitant leur identification". 

A ce jour, l'uniforme scolaire, s'il est porté dans de nombreux pays, ne l'est en France métropolitaine que dans de rares établissements comme dans les lycées militaires ou dans les maisons d'éducation de la Légion d'honneur, réservées aux filles, petites-filles et arrière-petites filles de décorés de la Légion d'honneur. Elles y portent une robe chasuble bleu marine et un chemisier blanc.

Plusieurs établissements privés l'imposent également, ou un code vestimentaire assez strict. 

En outre-mer, le port de l'uniforme est beaucoup plus répandu, notamment en Martinique et Guadeloupe ainsi qu'en Guyane ou en Nouvelle-Calédonie, y compris dans des établissements publics. Un tiers des établissements publics de Martinique l'imposent par exemple.

Bayrou prudent

Ces élus de droite rejoignent ainsi la demande du maire du Rassemblement national de Perpignan Louis Aliot, qui a proposé jeudi la mise en place d'une tenue uniforme dans les établissements scolaires de sa ville. Début août, le maire de Béziers (Hérault) Robert Ménard, ancien proche de Marine Le Pen et d'Eric Zemmour, avait aussi exprimé son souhait d'expérimenter la mesure dans sa commune.

Interrogé sur le sujet dimanche, le président du MoDem, François Bayrou, s'est voulu plus prudent: "On peut envisager la question de l'uniforme, mais il faut que ça vienne des établissements eux-mêmes", a-t-il déclaré sur Europe 1 et CNEWS.

"L'idée qu'il faut tout généraliser est une idée que l'on doit prendre avec précaution, avec réserve", a-t-il ajouté, également prudent sur le fait de réserver une tenue uniforme aux établissements des quartiers prioritaires, idée évoquée par la secrétaire d’Etat à la Ville, Sabrina Agresti-Roubache, ex-députée marseillaise.

"Il n'y a pas de raison d'ajouter à cette question, qui est une question culturellement difficile, une ségrégation par les résultats ou par le milieu socio-culturel dans lequel on vit", a encore jugé M. Bayrou.

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