Detam change de dirigeant, mais garde son dynamisme
À Isbergues, la Detam ouvre une nouvelle page de son histoire. La société vient d’être reprise par François Frys, un ancien cadre de la VPC qui voulait revenir aux sources de son métier d’ingénieur. Un changement de vie qui n’est pas sans rappeler celui que voulait vivre Christophe Detammaecker, lorsqu’il avait repris l’entreprise en 1995.
Detam est une entreprise régionale, spécialiste de l’enveloppe des bâtiments, plus précisément dans les domaines de la couverture, du bardage et de l’étanchéité. «Après le gros œuvre, nous intervenons pour fermer et isoler le bâtiment. Il y a dans notre métier toute une dimension développement durable», présente François Frys, qui vient de reprendre l’entreprise. Particularité de Detam : il s’agit d’une entreprise du Nord – Pas-de-Calais qui travaille quasi exclusivement en B To B pour des sociétés et des partenaires du Nord – Pas-de-Calais. Autre particularité, elle avait déjà été reprise en 1995. «À l’époque, il s’agissait d’une entreprise de couverture classique. J’ai racheté les établissements Bocaert à Raymond Bocaert», se souvient Christophe Detammaecker, le cédant. En 1995, la société comptait 12 salariés et n’avait qu’un seul gros client industriel, Roquette. Cédant et repreneur avaient planifié un accompagnement de plusieurs mois pour un passage de témoin en douceur. Reste que le destin s’en est mêlé : «Je suis arrivé le lundi matin, l’ancien gérant avait fait un malaise, il avait une tumeur au cerveau. Il est décédé quelque temps après, sans avoir pu m’accompagner…» Christophe Detammaecker a dû tout apprendre sur le tas. Fort heureusement pour lui, il a pu compter sur une équipe volontaire qui l’a accompagné dans toutes les étapes du développement de l’entreprise.
Changement d’échelle
En quelques années, le dirigeant a apporté sa touche personnelle à l’entreprise et l’a fait évoluer. «En 20 ans, j’ai connu la révolution informatique, le téléphone, l’Internet, mais aussi et surtout une mutation du marché.» Detam, qui compte désormais 47 salariés et réalise 6 millions d’euros de chiffre d’affaires, a évolué vers plus de technicité et vers de nouveaux marchés, pour se tourner davantage vers les entreprises et collectivités. L’industrie lui a ainsi permis de croître de plus de 20% par an pendant dix ans. En 2008, Christophe Detammaecker et son équipe ont franchi un cap en commençant à travailler pour des bailleurs, sur du haut de gamme. «Nous avons apporté toute notre maîtrise des matériaux avec des projets prestigieux, notamment celui du Grand Large à Dunkerque.» S’en est suivie une ouverture vers la commande publique. C’est également en 2008 que Detam a fait l’acquisition de nouveaux locaux, lui permettant de se développer sereinement. Aujourd’hui, la structure de marché de Detam, c’est 40% d’industrie, 30% de bailleurs (marché du neuf et de la rénovation), 25% de marchés publics, 5% de petits marchés spécifiques et des particuliers.
Une histoire d’hommes
Céder son entreprise, Christophe Detammaecker y pensait depuis plusieurs années. «J’ai dans un premier temps souhaité le faire en interne avec un salarié, mais cela n’a pas fonctionné comme je l’imaginais.» Il a donc repris la main, tout en cherchant à retrouver un peu plus de liberté pour gérer sa deuxième entreprise, Detam décor. Il s’est alors tourné vers le service reprise/transmission du cabinet comptable In Extenso. «Rapidement, grâce à Franck Lamotte d’In Extenso, j’ai reçu des repreneurs potentiels, dont François.» Après une première rencontre, les deux hommes se sont trouvé des points communs et tout s’est fait de manière assez naturelle. François Frys, originaire de Roubaix–Tourcoing, est issu d’une famille d’entrepreneurs du textile. Cet ingénieur ISEN a travaillé pendant 27 ans à des postes à hautes responsabilités dans la VPC, notamment pour le groupe La Redoute et Red Cats. Il a été directeur général de chez Vertbaudet. «En 2016, à l’aube de mes 50 ans, un changement d’actionnaire dans le groupe m’a limité dans mes actions, je ne pouvais plus travailler dans ces conditions. J’ai décidé de quitter mon poste», précise-t-il. Il mène alors une réflexion, sachant ce qu’il voulait : reprendre une entreprise de transformation ou dans le domaine du bâtiment. «J’ai analysé plusieurs dossiers. Seule Detam retint mon attention. Je voulais un retour aux sources de mon métier d’ingénieur, du technique et de l’humain. Je voulais pouvoir transmettre quelque chose.» Avec Detam, c’est un beau challenge qui l’attend : il faut maintenir l’emploi, faire fructifier ce qui a été mis en place tout en apportant sa vision personnelle. En quelque sorte, l’histoire se répète pour Detam et ses salariés… à une différence près : les deux hommes ont décidé de s’associer. «J’ai proposé à Christophe de garder une participation dans la structure, ça l’a rassuré et me permet de voir cette reprise plus sereinement», avoue François Frys. Dans le cadre de son projet, le repreneur est donc bien entouré. Il a reçu le soutien des banques, mais aussi de la BPI. Il est par ailleurs lauréat de Réseau Entreprendre Artois, d’Artois initiative et de la Fondation Total.