Des secteurs sous haute tension

Le secteur de la sécurité version nouvelles technologies apparaît comme l’un des grands gagnants aujourd’hui des conséquences et prise de conscience liée à la crise sanitaire.
Le secteur de la sécurité version nouvelles technologies apparaît comme l’un des grands gagnants aujourd’hui des conséquences et prise de conscience liée à la crise sanitaire.

En croissance constante depuis quelques années, le marché de la sécurité des biens et des personnes répond à la crise actuelle de multiples façons. Si les professionnels de la sécurité privée dépendant du secteur de l’événementiel encaissent difficilement l’arrêt brutal des différentes manifestations, à l’inverse leurs homologues spécialisés dans la sécurité dite «Tech» apparaissent plus que tirer leur épingle du jeu. Le climat actuel anxiogène, la prise de conscience depuis le premier confinement de la part des entreprises de protéger leurs locaux et les différents pans de leurs activités, laisse présager un avenir fleurissant dans certains domaines de cet univers réglementé.

«C’est l’incertitude totale ! L’arrêt du secteur événementiel et les prévisions de redémarrage qui s’éloignent nous ont tout simplement coupé les pattes. Le dynamisme que l’on pouvait ressentir après le déconfinement a été de nouveau mis à mal avec le deuxième confinement cet automne (…). Plus rien n’est organisé, les appels d’offres ne sortent pas et aucune remise en concurrence n’intervient. L’espoir réside dans ce déconfinement progressif qui semble se mettre en place. Nous guettons tout ce qui pourrait nous redonner réellement de l’activité.» Cet état des lieux tiré par un professionnel de la place nancéienne spécialisé dans la sécurité privée des personnes et fortement dépendant de l’activité événementielle pourrait laisser présager que le marché de ce secteur affiche une léthargie totale. Pas vraiment ! «Nous venons de lancer une campagne de recrutement. Nous avons un besoin urgent de techniciens pour répondre au retard pris pendant le premier confinement et aujourd’hui satisfaire une demande de plus en plus importante. Depuis la période de mai-juin, nous avons enregistré un triplement au niveau des commandes», explique un professionnel lorrain (présent sur plusieurs sites de la région) spécialisé dans la sécurité électronique et technologique version vidéosurveillance, détection par image thermique ou encore les drones de plus en plus utilisés.

Métier dans le métier

«Le premier confinement a été un déclencheur. Les entreprises ont réellement pris conscience de l’importance stratégique de protéger réellement leurs locaux laissés vacants du fait de la non-présence de leurs collaborateurs.» Conséquence directe : les demandes de sécurisation se sont tout simplement envolées pour cette PME régionale. «Notre secteur est très ciblé, nous sommes un métier dans le métier. Il y a encore une dizaine d’années, la sécurité humaine prévalait par rapport à la sécurité électronique. Aujourd’hui, le virage est pris et la tendance ne s’arrêtera pas. La sécurité électronique, en plein développement avec la démocratisation de l’intelligence artificielle, vient en complément de l’intervention humaine sur site. Les agents de sécurité et d’accueil que l’on voit traditionnellement sur les sites industriels, par exemple, voient aujourd’hui leurs missions augmentées en termes d’efficacité via l’utilisation de nos technologies.» Une tendance présente depuis plusieurs années et qui apparaît se confirmer. «C’est presque difficile à dire mais le climat anxiogène dans lequel évolue aujourd’hui notre société est propice au développement de nos activités.» La crise sanitaire avec la Covid-19, le sentiment croissant d’insécurité notamment lié aux récentes attaques terroristes, accentuent ce besoin fort en matière de sécurité et la sphère de l’entreprise n’échappe pas à la règle. «Depuis plusieurs années, la croissance du marché de la sécurité privée est au rendez-vous avec une augmentation moyenne de 3 % du chiffre d’affaires global de la sécurité privée», peut-on lire dans le dernier Observatoire des métiers de la prévention et de la sécurité privé (paru en septembre 2019 : NDLR).

Complémentarité homme-machine

«Une croissance principalement tirée par les nouvelles technologies comme les drones, la cybersécurité ou la télésurveillance.» Constat corroboré à la mi-septembre à l’occasion d’un salon (un des rares à l’époque : NDLR) organisé par une société de l’agglomération nancéienne distribuant plusieurs matériels version sécurité 4.0. «Nous sentons un intérêt particulier aujourd’hui pour nos solutions ! Naturellement, il y a tout ce qui concerne les produits autour de la lutte contre la Covid-19 mais surtout sur l’accès et la sécurisation des sites et locaux», explique le responsable développement de l’entreprise organisatrice. La vague Covid-19 a entraîné bon nombre de professionnels de la sécurité à proposer des solutions adaptées pour répondre aux besoins des entreprises. Caméras thermiques, portail de détection avec comptage et prise de température en direct ont fleuri un peu partout. La période actuelle apparaît démontrer une chose : «la complémentarité entre l’homme et la machine s’affiche comme le cœur de la sécurité de demain.» Cette donne nécessite une adaptation constante de la part des acteurs de la sécurité, histoire que la machine ne dépasse pas l’homme.

Un sentiment d’abandon...

Si certains secteurs de la sécurité privée des biens et des personnes apparaissent tirer leur épingle du jeu de la crise sanitaire, les professionnels dépendant du secteur de l’événementiel sont au bord du gouffre. «Nous avons le sentiment d’être complètement abandonnés ! Les aides étatiques sont naturellement présentes mais je ne pense pas que cela suffira», assure un professionnel de la place nancéienne. Un jugement amer renforcé par un véritable sentiment d’abandon de la part du CNAPS (Conseil national des activités privées de sécurité), régissant les obligations et contrôles des professionnels de la sécurité. Début novembre, ce professionnel prend contact avec les représentants du Grand Est de cet établissement public administratif placé sous la tutelle du ministère de l’Intérieur, histoire de connaître la marche à suivre face au deuxième confinement et des aides et accompagnement possibles. La réponse est sans appel dans le mail qu’il reçoit le 3 novembre : «à l’heure actuelle, aucune aide du CNAPS dans le cadre de la Covid n’est prévue pour les entreprises de sécurité privée (…). S’agissant des nouvelles dispositions législatives mises en place pour les acteurs de la sécurité privée à la suite de ce deuxième déconfinement, je n’ai à l’heure actuelle aucune information à vous transmettre. S’il y a des changements, je vous adresserai un mail pour vous en faire part.» Côté soutien, on peut faire mieux…

Le GES : une nouvelle force de frappe

 

GES pour Groupement des entreprises de la sécurité privée ! Créé en juin 2019, du rapprochement du Syndicat national des entreprises de sécurité (SNES) et de l’Union des entreprises de sécurité (USP), le GES réunit des TPE, PME et grandes entreprises de sécurité privée (réalisant un CA cumulé de deux milliards d’euros). Les entreprises adhérentes du GES relèvent de la convention collective nationale des entreprises et de sécurité et du livre VI du code de la sécurité intérieure. Elles interviennent dans les secteurs de la surveillance humaine statique et mobile, la télésurveillance et la vidéoprotection, la surveillance cynophile, la protection rapprochée, la sécurité incendie ou encore la sûreté portuaire. Avec le projet de loi sur la sécurité intérieure (en débat à l’heure où nous écrivons ces lignes : NDLR), le récent syndicat professionnel est sur le pont pour faire réellement avancer les choses au niveau de la prise en considération, et de la régulation économique, d’un secteur trop souvent mis hors-jeu dans les prises de décisions législatives.