Des routiers polonais bloquent la frontière ukrainienne pour dénoncer "une concurrence déloyale"

Plusieurs dizaines de compagnies de transport polonaises ont bloqué lundi trois points de passage entre la Pologne et l'Ukraine pour protester contre "une concurrence déloyale", selon eux, de la...

 © Damien SIMONART
© Damien SIMONART

Plusieurs dizaines de compagnies de transport polonaises ont bloqué lundi trois points de passage entre la Pologne et l'Ukraine pour protester contre "une concurrence déloyale", selon eux, de la part des entreprises du pays voisin.

La quasi-totalité du trafic routier a été bloquée par des camions alignés par des manifestants qui imputent la chute de leurs revenus à la libéralisation des règles de transport frontalier par l'Union européenne.

"Nous voulons la restauration des règles de concurrence loyale", a déclaré à l'AFP à Dorohusk (est) Rafal Mekler, co-organisateur de la manifestation.

Vêtus de gilets de sécurité, un groupe de manifestants menés par Mekler a quitté leurs camions garés sur la route principale menant au poste-frontière de Dorohusk, bloquant ainsi la circulation.

Sur une banderole attachée à leur véhicule, les manifestants listent leurs revendications avec en tête la restauration des permis d'entrée pour leurs concurrents ukrainiens de façon à faire baisser leur nombre.

Car au lendemain de l'invasion russe de l'Ukraine, l'UE a abandonné le système de permis qui régissait l'entrée des compagnies de transport ukrainiennes dans l'UE.

Et selon les routiers polonais, cette décision a entrainé une hausse significative du nombre de concurrents ukrainiens dans le secteur, touchant durement leur activité.

"Leurs coûts d'entretien du camion, de recrutement d'un chauffeur ou simplement de lancement d'une entreprise ou d'assurance sont bien inférieurs comparé à la Pologne", souligne Marek Oklinski, propriétaire d'une compagnie de transport.

De quoi, d'après lui et ses collègues, entretenir avec leurs homologues ukrainiens une concurrence difficilement surmontable.

"Ils poussent le prix vers le bas et prennent la marchandise que nous transportions avant", déplore ce patron qui a 25 ans d'expérience dans le transport de marchandises vers l'Ukraine.

"Le blocage de la frontière nuit aux intérêts et aux économies des deux pays", a répondu de son côté sur Twitter le ministre ukrainien des Infrastructures, Oleksandre Koubrakov, se disant "prêt à un dialogue constructif" avec Varsovie.

Question de survie

Au-delà de la restauration des permis d'entrée, l'autre priorité affichée par les manifestations concerne les procédures de retour en Pologne depuis l'Ukraine.

"Les Ukrainiens ont créé un système de queue électronique où les camionneurs voulant retourner en Pologne doivent s'enregistrer... Le temps d'attente est d'environ 11 ou 12 jours", explique M. Mekler.

Les transporteurs expliquent aussi que la dégradation de leurs conditions de travail pousse certains chauffeurs à quitter leur emploi.

"Ils disent qu'ils ne vont pas camper ici pendant douze jours, sans accès à des infrastructures sanitaires", a indiqué à l'AFP à Dorohusk, Pawel Ozygala, un propriétaire d'une compagnie de transport, coordonnant le blocage.

Les manifestants ont installé des blocages similaires aux passages de la frontière à Hrebenne et à Korczowa, promettant tout de même de laisser passer les voitures individuelles, ainsi que l'aide humanitaire et militaire destinées à l'Ukraine.

Le ministère polonais des Infrastructures a déclaré que Varsovie ne pouvait pas satisfaire les revendications des manifestants, aux vues des règles européennes.

"L'accord a été signé par l'UE..., d'un point de vue pratique, la Pologne n'a pas les moyens de restaurer le système de permis avant l'expiration de l'accord" en question, a indiqué le ministère dans un communiqué adressé à l'AFP, appelant les manifestants à cesser les blocages.

Mais pour Ozygala et les autres camionneurs à Dorohusk, leur mobilisation est une question de survie.

"Nous continuons à nous battre, mais si rien ne change d'ici la fin de l'année, l'Ukraine prendra le contrôle du marché des transports polonais", fustige-t-il.

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