Des oreilles électroniques
L’eau potable est un bien rare, et le pompage de tout litre d’eau a un coût. Si l’eau potable n’arrive pas au robinet, il y a perte. Le taux de rendement sur le territoire de la Communauté urbaine d’Arras est actuellement de 87,7 %, l’un des meilleurs du bassin hydrographique Artois-Picardie. Philippe Rapeneau, président de la CUA, est très attentif à cet indicateur, une des clés pour pouvoir baisser le prix de l’eau. Aussi, la CUA se préoccupe de limiter l’impact de ses pertes et d’y apporter des mesures correctives.
La Société des eaux du Grand Arras, à qui la CUA a délégué la distribution de l’eau potable sur son territoire, a positionné des capteurs intelligents à des points stratégiques du réseau d’eau. Ces oreilles électroniques repèrent les fuites dès qu’elles se produisent en les localisant précisément, les réparations étant ainsi déclenchées avec plus de réactivité et d’efficacité. 160 capteurs sont posés sur les tuyaux et une quarantaine de capteurs permettent de contrôler de secteurs plus larges du réseau.
Le principe est simple : l’eau qui s’écoule par une casse engendre un bruit, c’est ce bruit qui est recherché. Par rapport à une campagne de terrain, les capteurs fixes permettent une détection quasi instantanée de la fuite ainsi que sa prélocalisation. Dans le cas d’une campagne de terrain, on sait qu’il y a une fuite et on la recherche. Naturellement, il faut s’assurer que le bruit enregistré n’est pas passager et lié à une autre cause que l’eau s’écoulant par une casse.
Mise en place de bornes de puisage
De nombreuses activités de travaux, curage, nettoyage, etc. nécessitent pour les entreprises chargées de ces activités la mise en œuvre de quantités d’eau plus ou moins importantes. La réalisation de branchements neufs pour des chantiers de courte durée n’étant pas toujours possible, il n’existe pas de solution évidente pour répondre à ce besoin. La CUA a donc décidé de mettre à la disposition des prestataires et des collectivités, un réseau de huit bornes monétiques réparties sur le territoire, pour un puisage à gros débit grâce à une carte magnétique (type carte de crédit préalablement créditée du volume acheté). La mise en œuvre de ce service permettra d’éviter les dégradations des appareils de lutte contre l’incendie (poteaux incendie), de se prémunir de pollutions du réseau public de distribution d’eau potable et de réduire le gaspillage de l’eau puisée de façon illicite.
L’investissement de la CUA et de la Société des eaux
Depuis 2016, la Société des eaux installe des compteurs de sectorisation qui permettent de réduire les zones de recherche de fuite. Le principe est de mesurer les débits nocturnes où la consommation d’eau est généralement nulle, le débit mesuré représentant des probabilités de fuites. Chaque matin, l’exploitant reçoit ces informations et peut déterminer les secteurs où il y a une fuite pour programmer une intervention de terrain. La localisation exacte de la fuite se fait par corrélateur acoustique.
Les canalisations, branchements et stations de pompage font partie du patrimoine de la CUA qui investit chaque année 500 000€ pour sa maintenance. Des investissements sont également réalisés pour la défense incendie (500 à 800 000€) : réseau de poteaux et bouches d’incendie, citernes. Par ailleurs, la Société des eaux profite de travaux sur la voirie pour renouveler d’autres conduites et branchements. En total, 10 M€ seront consacrés au réseau sur les neuf années du contrat de délégation de service public de l’eau potable.
Au côté de Didier Bénard, directeur régional des Hauts-de-France de Veolia eau France, Philippe Rapeneau, président de la CUA (à droite), s’est fait présenter à Athies le dispositif matériel de recherche de fuite d’eau.
Quelques chiffres
• Près de 1 000 km de tuyaux raccordés entre eux tous les 6 m
• 46 communes de la CUA alimentées par 11 stations de pompage
• 45 000 compteurs desservent les bâtiments (habitations, entreprises, établissements publics)
• Consommation par habitant en 2016 : 115 l/jour
• Volume consommé en 2016 : 5 273 117 m³
• Objectif de rendement contractuel pour 2021 : 90% (450 fuites en 2017)