Des mousses sur mesure pour caler, ranger, protéger…

Agnès Wion a transformé son cabinet d’infirmière en atelier de fabrication… Elle travaille seule, aime la diversité de ses clients ainsi que la variété des solutions à trouver. Une étonnante reconversion.

Agnès Wion, avec un des présentoirs à outils, à usage professionnel, réalisés pour une entreprise du sud de la France.
Agnès Wion, avec un des présentoirs à outils, à usage professionnel, réalisés pour une entreprise du sud de la France.
D.R.

Agnès Wion, avec un des présentoirs à outils à usage professionnel, réalisés pour une entreprise du sud de la France.

PGLS, cela veut dire Protection Garantie Logements Sécurisés. Derrière ce sigle : Agnès Wion. Elle a créé cette activité il y a cinq ans à Jenlain, dans l’Avesnois. Son village est célèbre pour sa brasserie. Pour l’instant, elle travaille avec le statut d’auto-entrepreneuse. Ce qu’elle fait est facile à décrire : elle crée et découpe des mousses sur mesure afin d’emballer, de caler, de ranger et de protéger «quelque chose» dans un logement ou contenant donné.

Une idée toute simple. Mais l’histoire de cette créatrice est surprenante. Il s’agit d’une totale reconversion puisqu’Agnès Wion a exercé pendant une vingtaine d’années le métier d’infirmière : à l’hôpital, en entreprise − monde qu’elle connaît donc bien − et en libérale.

D’où lui vient alors son projet ? Elle raconte très simplement : «J’ai toujours aimé bricoler avec mon père. Il y a environ cinq ans, mon époux, Jean-Marie, a eu besoin de ranger et de caler des outils dans une valise. Je lui ai trouvé une solution avec de la mousse et puis je me suis dis pourquoi ne pas aider les professionnels et les particuliers… C’est parti de là. Ceux qui me connaissent n’ont pas été trop surpris par ma reconversion. J’ai commencé avec un premier outillage à main, une défonceuse. Le bouche à oreille a bien fonctionné. J’ai fait un premier site internet que j’ai amélioré en faisant appel à un webmaster. Aujourd’hui, ce site m’apporte environ les trois quarts de mes clients.»

Premier investissement. Au bout de six mois d’activité, explique-t-elle, elle a investi dans une machine à commande numérique qui détoure, usine, découpe. Elle l’a installée chez elle, dans son ancien cabinet d’infirmière libérale devenu son atelier. Et, du coup, elle a appris un nouveau métier. «J’ai un autre local pas loin, où je stocke mes mousses», précise-t-elle. Elle s’amuse en disant que sa mousse en polyéthylène, «de différentes densités», souple ou rigide, est un peu moins connue que celle de la bière du village. 

Des clients très diversifiés. La liste de ses clients constitue une autre surprise. Les plus gros sont dans la sidérurgie ou l’aéronautique. «Ils sont locaux, nationaux et ça commence avec l’international», précise-t-elle. Pour eux, elle réalise des protections en mousse permettant le transport de pièces usinées à haute valeur ajoutée, de pièces-étalons, ou encore des protections individuelles, rangements et présentoirs pour des outils, des solutions relevant de l’ergonomie d’un poste de travail… Elle touche même au design puisqu’elle a déjà créé un meuble en mousse.

Un quart de sa clientèle environ est constitué de particuliers ou de professionnels, artisans ou salariés, qui ont quelque chose de précieux ou de fragile à transporter et à protéger : un instrument de musique, un arc de compétition, un instrument de mesure, une œuvre d’art, des bijoux, des montres, un appareil photographique, un drone, un prototype, des objets pour la cosmétique… «Ce qui me plaît dans ce que je fais, c’est cette diversité des clients et des solutions à trouver.»

Emploi du temps bien rempli. «Je travaille seule et je me suis débrouillée seule, dit-elle. Si c’est parfois lourd administrativement, ça me donne l’avantage de pouvoir fabriquer à l’unité, de réaliser de petites et moyennes séries, d’avoir une grande souplesse d’adaptation et de faire du sur-mesure.» A son activité artisanale (elle est inscrite à la Chambre des métiers), elle ajoute des déplacements dans des salons en tant que visiteuse, les rencontres professionnelles chez elle ou chez son client  et ce travail de dessin et de conception… «J’ai l’intention d’investir dans une machine plus perfectionnée et mon rêve serait d’avoir un gros client régulier.» A ce nouveau métier, elle trouve des points communs à celui d’infirmière : «Il me permet d’avoir des contacts humains directs et de rendre service.»