"Des milliers de milliards" nécessaires pour financer les promesses de la COP28

"L'élan politique peut s'estomper" et "il faut garder l'esprit de la COP28" en vie, a déclaré mardi son président Sultan Al Jaber, appelant à mobiliser non pas des milliards mais "des milliers de milliards" de dollars pour financer les promesses...

Le président de la COP28, Sultan Al Jaber, sur un écran lors d'une table ronde sur les engagements de la COP en matière d'énergie et de climat organisée par l'Agence internationale de l'énergie (AIE) à Paris, le 20 février 2024 © ALAIN JOCARD
Le président de la COP28, Sultan Al Jaber, sur un écran lors d'une table ronde sur les engagements de la COP en matière d'énergie et de climat organisée par l'Agence internationale de l'énergie (AIE) à Paris, le 20 février 2024 © ALAIN JOCARD

"L'élan politique peut s'estomper" et "il faut garder l'esprit de la COP28" en vie, a déclaré mardi son président Sultan Al Jaber, appelant à mobiliser non pas des milliards mais "des milliers de milliards" de dollars pour financer les promesses faites à Dubaï pour limiter le réchauffement climatique.

Pour passer des promesses aux actes, la finance était l'invitée d'honneur d'une table ronde organisée à Paris par l'Agence internationale de l'énergie (AIE) sur le thème "L'après COP28", la Conférence des Nations unies sur le changement climatique organisée en décembre dernier à Dubaï.

"La finance est le facteur clé", a déclaré Sultan al Jaber. "La prochaine COP a été mandatée pour obtenir un nouvel objectif collectif. Et maintenant que l'objectif des 100 milliards (annuels, NDLR) a été enfin atteint, le monde doit placer la barre plus haut (...): il nous faut penser en milliers de milliards de dollars, pas en milliards."

Le négociateur en chef de l'Azerbaïdjan pour la COP29, dans son pays en novembre prochain, Yalchin Rafiev, s'est engagé à "garder l'élan" de la COP28, affirmant que son pays était "idéalement positionné" pour faire le lien entre le Nord et le Sud.

Le directeur de l'AIE Fatih Birol a salué le "consensus des Emirats", surnom de l'accord final de la COP28, qui appelle à une transition hors des énergies fossiles et au triplement des capacités d'énergies renouvelables, mais il a souligné qu'il y avait encore "beaucoup de travail pour son implémentation".

L'émissaire américain pour le Climat John Kerry lui a emboîté le pas en posant frontalement la question du nombre de pays qui avaient depuis "fait un pas" vers la sortie des fossiles, réitérant son appel vers l'Asie à abandonner le charbon.

"La transition énergétique va entraîner l'énergie dans la tourmente si on s'occupe seulement de l'offre", a ajouté Sultan Al Jaber, qui préside aussi la compagnie pétrolière nationale des Emirats, appelant à des investissements massifs pour décarboner l'industrie lourde, dans l'hydrogène mais aussi dans les renouvelables. "Il faut s'attaquer à la demande en même temps".

Le temps presse

M. Birol, dont l'institution est devenue un acteur clé pour promouvoir la transition énergétique, a annoncé mardi quatre actions concrètes de l'AIE: la mise en place à partir du 1er mars d'un mécanisme de suivi des engagements climatiques pour mesurer l'écart entre "les objectifs déterminés et ce qui est fait" et un mécanisme de soutien aux pays qui en font la demande pour fixer leurs objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (Contributions déterminées au niveau national, NDC en anglais).

"Nous faisons confiance aux gouvernements pour respecter leurs promesses mais nous croyons dans les chiffres", a-t-il déclaré.

"Il y aura besoin d'un effort conjoint des pays, des organisations internationales et du secteur privé (...) Nous sommes ici pour apprendre et écouter", a déclaré Yalchin Rafiev dans une brève allocution précédée par celle de Laurent Fabius, l'architecte de l'Accord de Paris à la COP21 en 2015.

Ce dernier a salué la "troïka" formée la semaine dernière par les organisateurs des COP28, 29 et 30 pour "construire des ponts". "Nous sommes à la recherche de milliers de milliards et c'est à Bakou que nous devrons le faire."

"Je suis assez optimiste pour la COP30 (...) mais la situation est plus compliquée pour la COP29 car le temps presse, la situation internationale n'est pas bonne et personne ne sait comment elle sera en novembre prochain pour beaucoup de raisons", a ajouté Laurent Fabius.

Près de la moitié de la population mondiale est concernée par des élections en 2024, notamment les Etats-Unis, l'Union européenne, la Russie, dans un contexte international troublé, avec le conflit russo-ukrainien et la guerre entre le Hamas et Israël.

La nomination de Moukhtar Babayev, ancien de la compagnie pétrolière Socar, à la présidence de la COP29 a par ailleurs suscité l'inquiétude des ONG tout comme la situation géopolitique dans le Caucase. 

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