Des milliers de manifestants à Bruxelles contre les fermetures d'usines

Des milliers de personnes ont défilé lundi à Bruxelles pour soutenir les salariés d'une usine Audi menacée de fermeture en Belgique, et réclamer à l'Union européenne...

Manifestation en soutien aux salariés d'une usine Audi menacée de fermeture, le 16 septembre 2024 à Bruxelles © Nicolas TUCAT
Manifestation en soutien aux salariés d'une usine Audi menacée de fermeture, le 16 septembre 2024 à Bruxelles © Nicolas TUCAT

Des milliers de personnes ont défilé lundi à Bruxelles pour soutenir les salariés d'une usine Audi menacée de fermeture en Belgique, et réclamer à l'Union européenne des investissements dans le secteur industriel.

L'usine Audi de Bruxelles, qui emploie environ 3.000 personnes à la fabrication d'un modèle haut de gamme de voiture électrique, pourrait fermer ses portes en 2025.

Les ventes de ce SUV, le Q8 e-tron, sont en baisse et la direction a mis en avant "des coûts de production élevés" dans la capitale belge.

Elle a annoncé début septembre qu'aucun autre modèle du groupe Volkswagen ne serait confié au site après la sortie des derniers exemplaires de celui-ci l'an prochain.

Lundi matin un cortège de milliers de travailleurs - 5.500 selon la police, "plus de 10.000" d'après les organisateurs - a voulu interpeller les dirigeants de l'UE sur la nécessité d'investissements massifs pour "protéger les emplois industriels".

"Ce qui est fait en Europe est le contraire de ce qu'il faudrait faire. On parle d'austérité alors qu'il faut vraiment investir des milliards et des milliards dans l'industrie", a déclaré à l'AFP Thierry Bodson, président de la FGTB (socialiste), unie aux deux autres grands syndicats belges dans un front commun.

"On sait que dans les pays européens il faut qu'il y ait un socle de l'ordre de 25% d'activité industrielle autour duquel le reste de l'activité économique se construit... En Belgique on n'est même pas à 20%", a-t-il ajouté.

Au milieu des pétards et des fumigènes, les manifestants brandissaient des pancartes dénonçant des suppressions d'emplois en cascade et des salariés passés "à la trappe", dans l'industrie ou la distribution. 

Des délégations étaient venues d'Allemagne, de Pologne, de France ou des Pays-Bas.

"Nos vies ne sont pas des lignes de production", proclamait un carton tendu par un salarié du département batteries d'Audi-Bruxelles.

"Dans quelques semaines on va se retrouver au chômage sans argent et sans perspective d'avenir, Devoir me former à nouveau à 37 ans ça va être compliqué", a-t-il expliqué, préférant taire son nom. 

Une colère légitime

Sur le site, situé dans la commune bruxelloise de Forest, le travail n'a pas repris en septembre, après la pause estivale. 

Le conflit s'est envenimé quand des salariés en grève ont subtilisé les clés de 200 voitures pour empêcher leur sortie de l'usine. Ils les ont finalement restituées.

Cette manifestation intervient au moment où la question de la concurrence des voitures électriques provenant de Chine est brûlante, et où l'Union européenne se divise sur l'opportunité d'imposer des surtaxes au risque de provoquer des représailles commerciales de Pékin.

"Les Européens ont négligé la production de voitures électriques moyenne gamme alors que les Chinois viennent nous envahir avec des modèles beaucoup moins chers qui prennent des parts de marché", a souligné Bernard Clerfayt, ministre de l'Emploi dans l'exécutif de la région de Bruxelles, joint par l'AFP.

Selon lui la colère des salariés d'Audi est "très légitime, très compréhensible, d'autant que la direction n'est pas claire sur ses projets". "Sans doute ses perspectives financières ne sont pas bonnes", poursuit M. Clerfayt.

La direction bruxelloise de la filiale du groupe VW a évoqué des scénarios alternatifs pour l'usine de Forest, et des discussions en cours avec "des investisseurs potentiels", sans plus de précisions. 

Pour Jan Baetens, un responsable du syndicat chrétien belge CSC, le malaise provient de l'échéance de 2035, qui doit marquer en principe la fin dans l'UE des ventes de voitures neuves à moteurs thermiques au profit du tout électrique. 

La disposition est contestée, notamment par l'Allemagne. 

"On pousse les gens à acheter des voitures électriques, alors qu'au niveau des infrastructures on n'est pas prêts", a regretté le syndicaliste.

Les syndicats belges avaient appelé à une manifestation nationale et des débrayages ont eu lieu dans plusieurs secteurs d'activité, comme dans les transports urbains à Bruxelles, où le trafic sur le réseau de trams, bus et métro était perturbé.

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