Des indicateurs au beau fixe pour la filière santé-nutrition
Engagée dans des projets d'envergure, la filière santé-nutrition poursuit sur sa lancée avec une candidature régionale dans le cadre du plan Innovation santé 2030, une montée en puissance du fonds Captech Santé Nutrition et la création d'entreprises toujours plus innovantes.
Sur dix ans, 81 millions d'euros. Une somme colossale qui permettrait à l'écosystème régional de se doter d'équipements de pointe dans le domaine des pathologies chroniques. Cet appel à manifestation d'intérêt (AMI) «Biocluster», émanant du plan Innovation santé 2030 – lancé par le Gouvernement en juin 2021, doté de 7 milliards d'euros pour l'innovation en santé –, a donné des sueurs froides aux équipes d'Eurasanté : «Nous avons reçu les consignes fin mars 2022 pour une réponse fin juin. C'est vraiment peu !», souligne Etienne Vervaecke, directeur général du GIE Eurasanté.
Seuls
six dossiers ont été déposés pour cette dotation
globale de 300 millions d'euros,
la somme la plus importante jamais consentie par le Gouvernement sur
ces thématiques : trois en Ile-de-France, Marseille, Lyon et...
Lille. «Lors
de l'annonce du plan Innovation santé, Emmanuel Macron avait d'ores
et déjà annoncé la nomination de l'Institut Gustave Roussy de
Villejuif... Nous n'avons pas échappé à la règle, mais passé
l'agacement, on s'est mis au travail. Cela nous laisse donc une
chance sur cinq», ajoute Etienne Vervaecke, pour qui la prédominance des dossiers
parisiens n'a pas lieu d'être.
Pour
mettre toutes les chances de son côté, le dossier lillois s'est
entouré d'une centaine de soutiens, à la fois des
partenaires industriels, académiques, scientifiques... Tous unis
pour l'émergence de nouvelles solutions thérapeutiques dans les
pathologies chroniques, qui ne cessent de croître partout dans le
monde, entraînant avec elles des risques de comorbidités accrus et
une explosion des coûts de prise en charge.
Lille
peut déjà compter sur ses laboratoires d'excellence comme
Alzprotect et l'EGID, pour le diabète. «On
a embarqué avec nous tous les développeurs de solutions innovantes.
Parmi les attentes de cet AMI, il s'agira de créer des lieux de
création et de recherche, un lieu incarné par le bâtiment du hub qui verra le jour en juin 2024.» La réponse est attendue pour les prochaines semaines.
Deux
lauréats au concours i-Lab
Depuis
24 ans, ce concours national d'aide à la création d'entreprises de
technologies innovantes encourage l'émergence de start-up, avec
des dotations pouvant aller de 200 à 500 000 €. Ce ne sont pas
moins de 2 224 entreprises qui ont été créées sur le territoire
national depuis 1999. «Deux
tiers des lauréats régionaux sont issus du monde de la santé», précise Etienne Vervaecke. Et 2022 n'a pas échappé à la règle
puisque les deux lauréats sont dans ce domaine, ainsi que deux
nominés sur trois.
Parmi
eux, Revival Bionics, porté par Guillaume Baniel, installée à
Venette dans l'Oise et également incubée à Eurasanté. La start-up
vise à améliorer le confort des patients amputés des membres
inférieurs puisqu'en étant passifs avec des prothèses classiques,
ils consomment entre 15 et 90% d'énergie en plus. «Une
levée de fonds de 2,8 millions d'euros est prévue pour développer
et homologuer le dispositif en 2024», complète Guillaume Daniel. La commercialisation est prévue pour le
dernier trimestre 2024.
Belle récompense également pour InVenis Biothérapies, portée par Matthieu Fisichella (déjà à l'origine d'InBrain Pharma). Cette nouvelle start-up, créée en 2021, récupère le contenu des plaquettes sanguines (avec des dons du sang non utilisés) et les modifie afin de pouvoir les injecter dans le cerveau pour traiter les maladies neuronales. «Notre premier objectif, c'est de traiter la maladie de Charcot, pour laquelle il n'y a aujourd'hui pas de traitement. Une première levée de fonds de 3 M€ permettra de débuter un essai clinique en 2025 sur un panel de 12 patients», ajoute le fondateur. Depuis 2000, Eurasanté a accompagné 36 lauréats au concours i-Lab.
Premiers
investissements pour Captech Santé Nutrition
En
2019, Eurasanté et Cluster NSL s'associaient à Finorpa pour lancer
Captech Santé Nutrition, le tout premier fonds régional 100% dédié
à la santé et à la nutrition. Après un premier closing à 25
M€, les objectifs sont d'atteindre rapidement les 50 M€.
«Mais aussi de
dupliquer cet outil à d'autres filières : la food tech en 2023 et
la silver économie en 2024», ambitionne Etienne Vervaecke, qui rappelle : «Le capital-risque français alloue 95% de ses fonds à des entreprises
parisiennes. On ne peut pas se contenter d'un écosystème de
l'innovation qui se baserait sur des inégalités territoriales.»
Captech
Santé Nutrition a déjà réalisé 6 investissements depuis décembre
2021, pour un total de 3,35 M€. C'est le cas de Zymoptiq,
d'Hemerion, de Revertech ou encore de Posos. L'une des dernières
entreprises dans lesquelles le fonds a investi, Vetbiolix, va pouvoir
enclencher la vitesse supérieure avec la levée de fonds de 2,5 M€,
avec la création de plusieurs emplois. Mais aussi le dispostif
MATTISSE de Lattice Medical, une prothèse de sein imprimée en 3D,
qui permet au tissu adipeux de se régénérer.