Des horizons illimités…
Aux commandes de son entreprise depuis trois décennies, Hervé Mayon semble défier le temps, imperturbable et concentré sur la réalisation de ses compositions florales et arborales uniques. Comment a-t-il vécu le confinement ? En ces temps d’incertitudes socio-économiques, la Licorne Verte continue son chemin.
«Je ne suis plus tellement loin des 70 ans et j’ai encore beaucoup de projets», sourit Hervé Mayon. Les années passent, l’homme ne change pas, lové dans la discrétion. Presque énigmatique, comme le gardien d’un temple dont il garde les secrets. Cet ambassadeur de la Lorraine de par le monde n’est pas un original, juste un professionnel à l’univers insaisissable pour le profane. À la question récurrente par les temps présents : «Le confinement, la crise, vous vivez cela comment ?» L’intéressé répond laconiquement, avec une rassurante sérénité : «Très bien. En mars et avril, je me suis consacré à la préparation et à la finalisation de commandes.» On rappellera la genèse de l’histoire, tellement elle est peu banale. En 1987, Hervé Mayon est dessinateur industriel de métier et directeur commercial. L’une de ses connaissances le sollicite pour réaliser un arbre artificiel pour sa salle de fitness. La mode est alors aux fleurs séchées. L’aventure est en route. Quatre ans plus tard, avec son épouse Joëlle, ils installent leur atelier dans une ancienne ferme du village d’Allain. Le lieu, au demeurant banal, devient atypique. Le couple reproduit ici tout type de végétation, du bonzaï à l’arbre de plus de 12 mètres. La Licorne Verte voit le jour en 1998 – dénomination trouvée par Joëlle -. La suite, on la connaît, pavée de succès. Hervé Mayon intègre des réseaux comme Terre de Luxe et Entreprise Patrimoine Vivant. Musées, galeries d’art, théâtres, châteaux, festivals, brasseries, écoles, mairies, surfaces commerciales, restaurants, bases aériennes, piscines, salons de coiffure… ouvrent leurs portes à ces arbres semi-naturels aux troncs réels, aux branches et feuillages artificiels. De son esprit fertile et inventif et de ses mains animées d’une dextérité impressionnante, des centaines d’arbres ont été créés. La Licorne Verte côtoie le gotha des marques du luxe et du commerce.
Pérenniser l’esprit de l’entreprise
Elle s’est envolée vers les États-Unis, les pays du Golfe arabo-persique, la Russie, le Japon, le Maghreb, en Inde. L’homme passionné n’en finit pas de voyager. Mais ce qu’il aime, par-dessus tout, c’est de se retrouver, seul, dans le silence, entouré de ses «géants», dans cet atelier où se rencontrent odeurs de vieux bois, de pierre, de fleurs séchées. Son actualité, à l’heure où la rentrée n’est plus très loin, va le guider où ses créations sont demandées. À Bruxelles notamment, où neuf arbres vont s’inviter dans un restaurant étoilé de la Villa Lorraine. Ces derniers mois, il a livré l’opéra de Lyon, un mur végétal à Colmar, des arbres zombies au festival de Gérardmer. Si le secteur de l’événementiel est actuellement en pointillés, Hervé Mayon reste optimiste : «Les organisations sont en général reportées en 2021.» Il l’avoue : «Le goût du challenge me motive. Plus c’est ardu, plus je trouve cela passionnant.» Alors, lui l’homme tranquille, ne s’interdit rien, puisant son inspiration dans un insondable désir d’aller de l’avant. Comme une quête d’absolu. Il a fait le tour du monde. Avec envie, il rectifie : «Pas tout à fait, je n’ai pas découvert l’Amérique du Sud. Si une opportunité se présente, pourquoi pas ?» Hervé Mayon est avant tout un infatigable perfectionniste, habité par une volonté obsessionnelle de la haute qualité. Le succès ne vient pas par hasard.