Ordre des experts-comptables Grand Est

Des entreprises en difficulté dans le contexte de crise

Le 17 juin dernier, l’Ordre des experts-comptables Grand Est a convié l’écosystème entrepreneurial local à une matinée économique sur le thème «Continuez à avancer dans un contexte d’incertitude» à l’auditorium du musée des Beaux-Arts de Nancy. Les professionnels du chiffre et de la justice ont abordé le panorama économique en changement constant dû aux évènements récents, les mécanismes de prévention des difficultés des entreprises et les solutions pour pouvoir sortir correctement des situations de crise.

L’Ordre des experts-comptables Grand Est a convié les entrepreneurs à une matinée économique sur le thème «Continuez à avancer dans un contexte d’incertitude» à l’auditorium du musée des Beaux-Arts de Nancy.
L’Ordre des experts-comptables Grand Est a convié les entrepreneurs à une matinée économique sur le thème «Continuez à avancer dans un contexte d’incertitude» à l’auditorium du musée des Beaux-Arts de Nancy.

«Au plus tôt, au plus mieux !» Yves Lesage, président du Tribunal de commerce de Nancy, invite tous les chefs d’entreprise à pousser la porte du tribunal pour demander de l’aide. Message lancé (de nouveau), le 17 juin dernier à l’auditorium du musée des Beaux-Arts de Nancy à l’occasion de la matinée économique, «Continuez à avancer dans un contexte d’incertitude», organisée par l’Ordre des experts-comptables Grand Est. «Dans des contextes de crise ou de guerre, il n’y a pas de honte à demander de l’aide.» En temps normal, la justice commerciale au niveau national enregistre 50 000 procédures collectives par an, avec 130 000 emplois concernés. En 2021, seulement 27 103 procédures collectives ont été ouvertes, une nouvelle baisse de 3,8 % par rapport à 2020. La tendance est la même au niveau local. Avec une sortie encore compliquée de la pandémie et la guerre en Ukraine, l’année 2022 commence a enregistré une relative augmentation des ouvertures de procédures collectives. Dans le Grand Est (chiffres projetés à l’occasion de la manifestation : NDLR), 449 sauvegardes enregistrées (réorganisation de l’entreprise afin de maintenir son activité, d'apurer son passif et de maintenir ses emplois) contre 381 à la fin mai 2021. 3 795 redressements judiciaires (procédure dans laquelle est placée une entreprise en cessation de paiements) contre 3 172 à la fin mai 2021. 21 procédures de traitement de sortie de crise contre 15 entre octobre et décembre 2021. 11 169 liquidations judiciaires directes (procédure de cessation de l'activité ou de dissolution d'une entreprise) contre 10 508 à la fin du mois de mai 2021. Près de 1 400 procédures ouvertes en plus par rapport à la même période en 2021. À titre indicatif, le Grand Est représente 1 259 procédures (dont 910 liquidations judiciaires directes soit 72 %). Et quand ces procédures collectives sont en hausse, les procédures de prévention sont en baisse. Un total de 2 447 mandats ad hoc et conciliations effectués, contre 2 929 fin mai 2021, soit près de 500 procédures en moins. «Il ne faut pas que les chefs d’entreprise aient peur de franchir la porte du tribunal», insiste Yves Lesage. «Ce n’est absolument pas une sanction mais une aide confidentielle.» Franchissez cette porte que l’on vous dit, avant qu’il ne soit trop tard ! 

Panorama économique

Une croissance en berne, une inflation en hausse et un désordre politique, les experts comptables ont tiré un bilan économique de la conjoncture actuelle. En général, le coût du fret maritime a augmenté de 200 % en un an. Les prix du baril de brut, du blé et du maïs ont respectivement crû de 55 %, 40 % et 30 % en six mois. Aujourd’hui, dans les secteurs d’activité, de grosses disparités existent. En moyenne, le premier trimestre de 2022 connaît de fortes hausses par rapport à l’année précédente. «Ces données sont un peu en trompe-l’œil car le premier trimestre 2021 a été marqué par le troisième confinement avec des restrictions toujours importantes pour certains secteurs», explique Marc Malard, responsable à l’Observatoire de la profession comptable. Depuis fin 2020, le secteur de la construction continue à être dynamique malgré des taux de croissance moins impressionnants. Le chiffre d’affaires des commerces alimentaires de proximité est en baisse mais reste supérieur au niveau d’avant crise. L’activité des pharmacies a été boostée par les impacts de la Covid quel que soit le territoire et est donc au 1er trimestre 2022, en baisse. Pour les opticiens, les coiffeurs et les magasins de prêt-à-porter, le niveau d’avant-crise n’a pas été retrouvé malgré des nets rebonds au 1er trimestre 2021. Pour les hôtels et restaurants, il est difficile d’être au plus bas que pendant la pandémie. Dans tous les départements, le CA a donc explosé mais est encore loin de son niveau post-Covid. Et demain ? L’avenir nous le dira...

Max RAGAZZI

Des solutions pour rebondir

En fin de tables rondes, Alain Marcotullio, directeur de Marcotullio Traiteur, et François Piot dirigeant de Prêt à Partir, ont témoigné sur leurs difficultés pendant la crise Covid. À l’arrêt pendant 22 mois, cela a été dur moralement et psychologiquement. Alain Marcotullio a changé d’experts-comptables et a fait appel aux Prêts garantis par l’État (PGE). François Piot, avec une perte de 70 % de son CA, a découvert le mandat ad hoc.