Des entrepreneurs plutôt résilients
Covid-19 et confinement : impacts sur l’activité, attitude et moral des entrepreneurs et des salariés en activité. C’est ce qu’a souhaité mesurer le salon SME des micro-entreprises. Le salon, devait se tenir les 12 et 13 octobre, pour la première fois en virtuel.
40 % des entrepreneurs se disent «renforcés psychologiquement et d’attaque pour rebondir.» C’est l’un des enseignements de l’étude réalisée pour le salon SME, réalisée post-confinement (du 31 juillet au 31 août), auprès de 2 180 Français, dont plus de 300 entrepreneurs. «Les entrepreneurs n’ont pas d’autres choix que de se battre. Leur activité ou leur entreprise est leur outil de travail et bien souvent leur unique source de revenus. Travailleurs non salariés, ils ne peuvent pas bénéficier de la protection apportée par le chômage partiel ou de revenus garantis. À la différence des salariés qui sont des passagers et ne voit pas les ornières, les entrepreneurs pilotent leur propre véhicule», commente Alain Bosetti, président du Salon SME des micro-entreprises. Leurs meilleurs atouts ? Leur capacité de résistance et leur combativité.
Des entrepreneurs proactifs…
Pourtant, nombre d’entre eux ont été fortement impactés par la crise. 62 % des entrepreneurs ont ainsi été contraints, du jour au lendemain, suite à une décision administrative de fermer leur entreprise ou de réduire très fortement leur activité. Si certains ne sont pas parvenus à maintenir leur activité en raison des baisses de commandes, de l’indisponibilité des salariés ou des difficultés d’approvisionnement, d’autres ont trouvé le moyen de survivre et de se préparer à l’après. Loin de se laisser abattre, passés la sidération des annonces gouvernementales, 29 % des indépendants se sont montrés proactifs et en ont profité pour se diversifier (12 %), réactiver des idées et mettre en place des projets dormants (12 %), ou travailler davantage en réseau ou en partenariat avec d’autres entrepreneurs (5 %). «Les entrepreneurs et indépendants ont une forme mentale adaptée pour rebondir. Dos au mur, sans protection, ils sont dans une dynamique créée par l’impérieuse nécessité de trouver des solutions. Une dynamique positive qui leur permet d’agir rapidement et les rend plus forts», explique Alain Bosetti. Les restaurateurs et petits commerçants, par exemple, se sont vite redéployés pour poursuivre leur activité, en proposant du click and collect, en accélérant les usages numériques, ou développant les services aux personnes âgées ou handicapées… Ainsi, 7 % des entrepreneurs interrogés ont connu un accroissement de leur activité. En revanche, si certains se montrent «antifragiles», tous ne sont pas invincibles et d’aucuns seraient à la limite du burn-out. C’est ce que révélait déjà, en février dernier, l’Observatoire Amarok, indiquant que 20 % des patrons français étaient au bord de l’épuisement, au premier rang desquels figuraient les agriculteurs, les artisans et les experts-comptables. Aujourd’hui «personne ne mesure les effets psychologiques à un, deux ou trois ans sur l’ensemble de la population», constate Alain Bosetti.
… et attachés à leur liberté
Si la majorité, entrepreneurs comme salariés, ont utilisé leur temps libre pour leurs loisirs et leur famille, les entrepreneurs l’ont également dédié à des fins plus professionnelles. Ainsi, 73 % d’entre eux ont consacré le temps libéré par la crise sanitaire à chercher des solutions pour rebondir (37 %) et se former professionnellement (18 %), contre respectivement 3 et 12 % des salariés. «Si les salariés supportent une charge psychologique lourde et craignent pour leur avenir, finalement, ils n’anticipent pas ou peu, contrairement aux entrepreneurs qui ont passé plus de temps à se former, alors qu’ils étaient au front», note Alain Bosetti. Autre enseignement, les entrepreneurs ont plus largement entrepris des actions de solidarité que les salariés (11 % vs 6 %). Une liberté d’action qui se traduit par la volonté chez les entrepreneurs de continuer à jouir de leur autonomie. Ainsi, 64 % se disent farouchement attachés à leur liberté et souhaitent ainsi rester indépendant ou entrepreneur. «C’est une majorité confortable», note Alain Bosetti. «Pendant la crise, les entrepreneurs ont été encouragés. Il y a eu une prise de conscience des Français de l’importance du commerce de proximité ; ce qui s’est notamment traduit par des élans de solidarité, avec des initiatives comme les bons prépayés chez les commerçants.» À l’inverse, 19 % des sondés souhaitent en revanche devenir ou redevenir salariés. Les salariés, quant à eux veulent continuer à profiter de leurs avantages et du confort de leur statut : 85 % d’entre eux souhaitent ainsi rester salariés.
Charlotte de SAINTIGNON