Des cours de néerlandais pour mieux se vendre de l’autre côté de la frontière
La Maison de l’Europe de Dunkerque propose depuis 2018 des sessions d’apprentissage du néerlandais pour des demandeurs d’emploi, bénéficiaires du RSA. 90 % d’entre eux ont, depuis, trouvé un emploi de l’autre côté de la frontière, dans la région du Westoek.
«Tout est parti d’une évidence. Dunkerque est située à seulement une dizaine de kilomètres de la Belgique néerlandophone. Or, dans la région du Westoek, la plus proche de la frontière, le taux de chômage est inférieur à 5 % alors qu’il est de 13 à Dunkerque. Et nous savons que les entreprises belges peinent à trouver de la main d’œuvre. Nous nous sommes dit qu’il y avait vraiment là quelque chose à creuser, d’autant que la législation européenne fait qu’il n’est pas plus difficile pour un Français de travailler en Belgique plutôt qu’en France», explique Nathalie Legros, directrice de la Maison de l’Europe à Dunkerque.
Ce «quelque chose à creuser» s’est concrétisé en 2018 sous forme d’un partenariat entre la Maison de l’Europe, le Département du Nord, le VDAB (l’équivalent de Pôle Emploi en Belgique néerlandophone) et POM (un organisme belge de coordination socio-économique) financé par des fonds européens du programme Interreg. Il s’agissait de mettre en place une session de cours de néerlandais à destination des demandeurs d’emploi bénéficiaires du RSA de l’agglomération dunkerquoise. D’une durée de sept semaines à temps partiel, elle devait permettre aux candidats de connaître les bases du néerlandais et de pouvoir se présenter dans cette langue au recruteur, «c’est quelque chose qui a été très apprécié d’après les retours que nous avons eus», précise Nathalie Legros, directrice de la Maison de l’Europe. A cela se sont ajoutés des cours pour les préparer à passer des entretiens dans des entreprises belges parce que l’approche n’est pas du tout la même qu’en France. «Nous avons également travaillé avec le VDAB pour trouver des offres les plus en adéquation avec le profil de nos candidats. Il s’agissait souvent de postes d’opérateur de production, d’aide-cuisinier ou encore de personnel d’entretien qui demandent beaucoup plus de motivation que de qualification. Notre accompagnement était très personnalisé car destiné aussi à redonner confiance à des personnes qui n’avaient plus l’habitude de travailler depuis longtemps», détaille Nathalie Legros.
A l’issue de la première session, les six participants ont trouvé un emploi en Belgique. «Cela nous a bien évidemment donné envie de poursuivre», sourit Nathalie Legros. Depuis, deux autres sessions ont donc été organisées et une troisième est d’ores et déjà programmée en novembre, car la dynamique économique flamande ne fléchit pas, même avec la crise sanitaire en cours. 90 % des personnes accompagnées, soit 20 personnes, ont trouvé un travail de l’autre côté de la frontière, «alors que certaines avaient un niveau de formation ne dépassant pas le collège et qu’elles avaient perdu l’espoir de retrouver un travail un jour», commente Nathalie Legros pour qui la proximité de la Belgique néerlandophone est une vraie chance à saisir pour le territoire dunkerquois.