Des coupures de gaz dès l'automne pour les entreprises ?

Lors de la Rencontre des Entreprises de France fin août à l’hippodrome de Longchamp, plus de la moitié du discours de la Première ministre Élisabeth Borne aura été consacrée à la transition énergétique et écologique, mesures restrictives à l'appui dès le mois d'octobre.

Élisabeth Borne, la Première ministre, a mis en avant les éventuels plans de sobriété qui pourraient rapidement arriver à l’occasion de la REF 2022 du Medef fin août à l’hippodrome de Longchamp.
Élisabeth Borne, la Première ministre, a mis en avant les éventuels plans de sobriété qui pourraient rapidement arriver à l’occasion de la REF 2022 du Medef fin août à l’hippodrome de Longchamp.

«En protégeant le pays de l'inflation et d'un choc d'offre négatif, nous avons protégé notre économie, évitant la dérive dans la spirale inflationniste.» Mais pour la Première ministre Élisabeth Borne, l'urgence est ailleurs : «Si la Russie venait à couper ses exportations de gaz vers l'Europe, les conséquences seraient massives. L'heure est grave, elle n'est plus au constat, mais à l'action résolue.» Les prochains mois, voire les prochaines années, seront difficiles, c'est confirmé, mais pourquoi ne pas profiter de ce dysfonctionnement géopolitique pour enclencher la transition écologique appelée des vœux climatiques ? À travers des opportunités «pour l'innovation, pour la croissance et pour l'emploi.» Dans le plan d'attaque gouvernemental, il faudra faire fort et fissa, via «des solutions radicales et innovantes» et des changements puissants «dans nos manière de produire et d'investir.» Dans une responsabilité collective assumée. Mais à date, pas d'alternative immédiate pour compenser un éventuel arrêt des vannes russes, à l'heure où le parc nucléaire français toussote, et où la crise ukrainienne est qualifiée «de nouveau défi pour la solidarité européenne», qui devra en passer par une obligatoire «baisse de la consommation d'énergie, que nous devrons organiser ensemble.» Ce qu'Emmanuel Macron appelle le Plan de sobriété depuis le 14 juillet, pour préférer «les économies choisies aux coupures subies.» Le terme «préférer» supposerait un choix... Pour les patrons ? La balle passe donc dans le camp d'Agnès Pannier-Runacher, avec la création d'un poste «d'ambassadeur de la sobriété dans chaque entreprise» sur le modèle des référents Covid. En septembre seront rendues les premières copies d'un «plan de sobriété» pour les plus valeureuses, avec le couperet de baisses de consommation imposées en cas de mauvaise volonté manifeste et collective. «Si nous devions en arriver au rationnement, les entreprises seraient les premières touchées», souligne la Première ministre d'un ton grave, «et nous devons malheureusement nous y préparer.»


Verdict début octobre

«Nous disposerons alors d'un premier bilan des plans de sobriété engagés et des dernières prévisions des experts, je présenterai les différents scénarios avec une vision plus claire des risques de rationnement.» Coup de froid dans les tribunes... Même si de telles prospectives seraient plutôt en faveur d'une sortie accélérée des énergies fossiles et la promesse d'une potentielle souveraineté énergétique sur d'autres créneaux. Élisabeth Borne tempère illico, «la décroissance n'est pas la solution, elle mettrait en péril le financement de notre modèle social, la solution viendra d'une croissance nouvelle, réorientée. La transition écologique est une opportunité, elle permettra d'innover, de transformer les filières existantes et d'en créer de nouvelles.» Avec toujours en ligne de mire l'objectif (européen) de réduire de 55 % les émissions d'ici 2030, via un plan global et complet, «pendant du Green Deal européen», calendrier et méthode à l'appui pour chaque ministère. Avec aussi un plan d'investissement dédié, France 2030, qui mobilise plus de 50 milliards d’euros «pour préparer la France de demain» via l'innovation et la révolution, notamment de l'industrie, des transports et de l'agriculture.

Isabelle Auzias, Tribune Côte d’Azur, pour Réso Hebdo Éco - www.reso-hebdo-eco.com