Agriculture

Des collectivités axonaises impliquées dans le stockage du carbone dans les sols

La Communauté d’agglomération du Saint-Quentinois (CASQ) et la communauté de communes du Vermandois ont lancé un diagnostic sur leurs territoires concernant la dynamique de stockage de carbone organique dans les sols. Un projet conduit en partenariat avec le monde agricole.

Le stockage du carbone dans les sols est intéressant pour le climat mais aussi pour la fertilité des sols. ©Aletheia Press/ B.Delabre
Le stockage du carbone dans les sols est intéressant pour le climat mais aussi pour la fertilité des sols. ©Aletheia Press/ B.Delabre

Alors que des entreprises de services se positionnent sur ce marché du carbone, notamment pour faire le lien entre agriculteurs et industrie, les collectivités ont, elles aussi, leur rôle à jouer. En témoigne l'engagement pris par deux collectivités de l'Aisne. La Communauté d’agglomération du Saint-Quentinois (CASQ) et la communauté de communes du Vermandois, se sont en effet portées volontaires pour expérimenter le déploiement de la démarche ABC’Terre, pilotée par Agro-Transfert RT, sur leur territoire.

Celle-ci vise à quantifier à l’échelle territoriale, les impacts des pratiques agricoles sur les variations à long terme des stocks de carbone organique dans le sol. « C’est à l’heure de l’intégration de ClimAgri au Plan climat air énergie territorial (PCAET), que nous avons pris conscience de sa complémentarité́ avec la démarche ABC’Terre », explique Céline Mertens, responsable du pôle Déchets et développement durable à la Communauté d’agglomération du Saint-Quentinois. « C’était l’occasion d’aller plus loin dans la réflexion sur le climat avec les acteurs du monde agricole. »

Donner sa place à l'agronomie

Sur le climat... mais pas seulement. L'appauvrissement en matière organique de certaines terres agricoles préoccupe. Il impacte directement la biodiversité, mais aussi la capacité des sols à produire. Si la perte de matière organique peut être compensée par les engrais de synthèse, elle rend l'agriculture pleinement dépendante des énergies fossiles... elles-mêmes pas du tout climato-compatibles.

Le diagnostic ABC'Terre permet donc de comprendre la dynamique installée sur le territoire et d'envisager d'éventuels changements... Voilà pourquoi la Chambre d’agriculture de l’Aisne a accompagné la démarche dans le Vermandois et le Saint-Quentinois, un territoire qui abrite 44 000 hectares de terres agricoles (59% de sa surface). Un diagnostic initial du stockage de carbone dans les sols cultivés et du bilan de Gaz à effet de serre (GES) des systèmes de culture du territoire a été établi.

©Aletheia Press/ B.Delabre

Un diagnostic partagé

Dix agriculteurs volontaires ont pris part aux ateliers participatifs. « Les échanges entre le monde agricole, la collectivité et la Chambre d’agriculture ont permis d’accéder à une vision globale du territoire et d’établir une réflexion partagée », souligne Magali Frémont, responsable Aménagement du territoire à la communauté de communes du pays du Vermandois.

« La place de la pédagogie dans la démarche a levé toutes les craintes des agriculteurs, comme de se voir imposer des contraintes réglementaires, appuie Céline Mertens. Beaucoup d’idées reçues ont été déconstruites grâce à la précision des résultats. »

Finalement, en ont émergé des scénarios concertés de modification de pratiques permettant de stocker plus de carbone dans les sols et d’émettre moins de GES sur le territoire, en cohérence avec les enjeux des agriculteurs et des collectivités. « Le périmètre territorial de la démarche est essentiel, car des filières historiques sont à préserver. Nous avons en effet développé des cultures pour répondre aux besoins des industries de notre territoire. Le sujet n’est pas de les abandonner, mais plutôt d’avoir une action sur le carbone en adéquation avec les systèmes qui nous intéressent », explique Jérôme Leclercq, agriculteur à Fieulaine.