Des citoyens veulent verdir le monde marchand
Un modèle économique nouveau, loin du spéculatif : c’est ce qu’entendent développer plusieurs personnes engagées aux côtés de l'entreprise ECO (Energie citoyenne d’Opale), pour la production d'énergie à partir de panneaux photovoltaïques.
«On ne gagne rien, mais on a un toit», annonce Stéphane Jongleux, pépiniériste à Wimille, près de Boulogne-sur-Mer. Son entreprise a en effet contractualisé avec ECO la mise à disposition de la toiture de son nouveau bâtiment (dédié au stockage de végétaux) sur 20 ans. Suivront la pose, l’équipement et la maintenance d’une installation de panneaux photovoltaïques. L’énergie produite est revendue à EDF au prix de 0,12 euro/kW. Pour financer cette activité, les promoteurs du projet veulent mobiliser des citoyens qui souhaitent donner du sens à argent et leurs placements. Parmi eux, François Mulet et Ellen Cazin ont réuni une cinquantaine de «sociétaires» (même si la forme juridique reste une SAS classique), répartis en trois collèges (citoyens, acteurs publics et acteurs privés). Le capital, variable, atteint aujourd’hui 36 500 euros. «On a une collectivité avec qui les choses sont engagées, et une entreprise également», précise Ellen Cazin. A ses côtés, Sylvain Blarel, dirigeant du cabinet Cohérence énergie, les accompagne à la technique : «Sur ce premier projet, nous équipons un bâtiment neuf de 500 m². Les panneaux formeront un ensemble de 200 m².»
Capitaliser et développer le long des caps et marais d’Opale
Quatre autres sites ont été sélectionnés dans la région, dont un bâtiment public. ECO va développer ses activités dans le périmètre du Parc naturel des caps et marais d’Opale, probable futur sociétaire de l’entreprise qu’elle accompagne depuis sa création. ECO se veut engagée dans une économie locale et s’appuie sur des fournisseurs régionaux. «Pour le matériel, c’est plus compliqué», explique François Mulet. Régionale, l’entreprise se cale sur le périmètre du Parc naturel où une centaine de sites ont été prospectés. Avec le Département, le partenariat a commencé en 2018 avec une étude technique de faisabilité. L’entreprise se tourne vers les acteurs publics comme le Conseil régional : elle candidatera pour un appel à projets relatif à la toiture d’un lycée.
Les bâtiments publics sont nombreux dans l’espace urbain comme en ruralité. «L’idée est d’être dans une pérennité de ressources. On a des exemples de panneaux qui sont encore extrêmement efficaces après 20 ans. De l’ordre de 90%», explique l’expert. Chez le pépiniériste, la production devrait atteindre les 35 000 kWh/an, l’équivalent de la consommation de dix foyers. De quoi essaimer. Pour gagner en surface, ECO s’est inscrite dans le dispositif de la société d’économie mixte (SEM) Energies Hauts-de-France, qui dépend du Conseil régional. A chaque euro de capital récolté, la SEM fait de même.