Des bouquets de fleurs contaminés par les pesticides, selon UFC Que Choisir

Des analyses en laboratoire sur des bouquets, menées par UFC Que Choisir, révèlent "une contamination massive des fleurs coupées par des pesticides, dont certains interdits en Europe", affirme le magazine de protection des consommateurs vendredi, jour...

Des bouquets de fleurs gorgées de pesticides, selon UFC-Que Choisir © PORNCHAI KITTIWONGSAKUL
Des bouquets de fleurs gorgées de pesticides, selon UFC-Que Choisir © PORNCHAI KITTIWONGSAKUL

Des analyses en laboratoire sur des bouquets, menées par UFC Que Choisir, révèlent "une contamination massive des fleurs coupées par des pesticides, dont certains interdits en Europe", affirme le magazine de protection des consommateurs vendredi, jour de la Saint-Valentin, propice aux achats de bouquets.

Évoquant la "mise en péril" de ceux qui manipulent ces fleurs - acheteurs et surtout professionnels - UFC Que Choisir dit "exiger des mesures immédiates pour protéger la santé publique et l'environnement", dans un communiqué.

Le magazine a testé 15 bouquets (roses, gerberas et chrysanthèmes, achetés début janvier en boutique, grande distribution et en ligne): "100% des fleurs sont contaminées", avec "jusqu'à 46 résidus de pesticides différents sur un même bouquet". Ces substances "incluent des cancérogènes avérés et des perturbateurs endocriniens qui menacent directement la santé de ceux qui les manipulent quotidiennement". 

"À ce jour, aucune règlementation ne limite la présence de résidus de pesticides dans les fleurs coupées, dont 80% sont importées de pays autorisant encore l'usage de substances hautement toxiques", indique le magazine.

L'impact de ces produits sur les consommateurs reste inconnu, ajoute UFC Que Choisir, mais une évaluation sur l'exposition des travailleurs de la filière et leurs enfants a été confiée à l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses). Les résultats sont attendus fin 2026 ou début 2027.

85% importées

Interrogée vendredi par l'AFP, l'agence précise qu'"en fonction des résultats de l'expertise et conformément à la demande qui nous a été transmise, nous pourrons être amenés, si nécessaire, à réaliser dans un second temps, une évaluation similaire pour les consommateurs".

La mission avait été confiée à l'Anses après le décès en mars 2022 d'une fillette d'une leucémie liée à l'exposition de sa mère, fleuriste, pendant sa grossesse.

Actuellement, environ 85% des fleurs coupées vendues en France sont importées (le plus souvent via les Pays-Bas), dont "une partie non négligeable cultivée hors d'Europe" avec potentiellement "des traitements par des pesticides qui ne sont pas autorisés dans l'Union européenne", avait expliqué en janvier à l'AFP Henri Bastos, directeur scientifique santé et travail à l'Anses.

Fleurs de saison

UFC Que Choisir réclame "une règlementation stricte sur les doses maximales de résidus de pesticides dans les fleurs coupées", "l'interdiction d'importer des fleurs traitées avec des pesticides interdits en Europe, avec un renforcement des contrôles" par les autorités sanitaires et les douanes, "une obligation d'étiquetage" sur les origines des fleurs et les traitements, et l'élargissement des recherches de l'Anses aux risques encourus par les consommateurs.

Dans un communiqué, l'interprofession de l'horticulture, de la fleuristerie et du paysage (Valhor) réagit en affirmant que "l'ensemble de la filière respecte la réglementation en vigueur et fait preuve de transparence", ajoutant qu'il lui est "impossible de se prononcer sur l'étude" de l'UFC, "ne connaissant pas le protocole utilisé".

Valhor cite en outre "une étude référente sur le sujet de l’usage des produits phytosanitaires dans le secteur de l’horticulture réalisée par l’Institut fédéral allemand d’évaluation des risques en 2021" qui "conclut qu’il n’y a pas de risques pour les consommateurs qui achètent des fleurs coupées".

L'interprofession indique également avoir lancé "dès l’automne 2024 une étude sur la présence de résidus de certains produits phytosanitaires sur les végétaux commercialisés, complémentaire de celle de l’Anses", qui "nous permettra de tirer des recommandations et éventuelles adaptations d’usages".

L'UFC Que Choisir conseille de privilégier les fleurs biologiques et d'opter pour les fleurs françaises et de saison.

Le ministère de l'Agriculture souligne de son côté que "les fleurs produites dans l'UE sont nécessairement produites en respectant les conditions d'utilisation des pesticides". 

"Sur les fleurs importées, les contrôles effectués par le ministère portent sur la présence ou non d'organismes nuisibles réglementés", ajoute-t-il. "Le sujet a fait l’objet de discussions à plusieurs reprises dans le cadre du comité permanent" de la Commission européenne, qui "a consulté les Etats membres en 2022". 

Mais "l’absence de législation européenne sur la présence de résidus sur des biens non destinés à l’alimentation constitue un facteur bloquant" car "le comité permanent ne peut que fixer des mesures d'exécution de la législation existante". "Une lacune de la règlementation européenne", selon le ministère.

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