Des bactéries écologiques
Le Syndicat intercommunal d’adduction et de distribution d’eau potable de la région d’Andres (Sira) innove. Avec la signature d’un accord pour la réalisation d’une station d’épuration d’un nouveau type, les collectivités se dotent d’un outil performant et écologique. Au début de l’été, les élus ont signé les marchés des lots 1 et 2. Les travaux devraient commencer en octobre prochain.
De l’autonomie et des économies : les collectivités t e r r i t o r i a l e s regroupées au sein du Sira ont choisi leur prestataire avec à l’esprit ces deux impératifs. Leur station d’épuration sera une nouveauté pour toute la Côte d’Opale. Prévu à Vieille-Eglise, l’équipement recevra les effluents de Oye-Plage et de ses environs. Si son coût est majoré d’environ 15% par rapport aux équipements de même capacité, la nouvelle déchetterie apportera un plus indéniable en termes environnemental et économique. Le processus du circuit s’appuie en effet sur un phénomène naturel. A proximité immédiate des installations futures, des plantations spéciales1 ne seront pas là que pour le décor mais serviront de support, via leurs racines, à des bactéries qui se repaissent de boues… Ce traitement – Organica – utilise la voracité bactérienne pour dégrader plus efficacement la biomasse issue du traitement des eaux de la station et la production de boue s’en trouve réduite. “On estime la diminution des boues entre 15 et 40%”, indique un cadre-ingénieur de Veolia. “Les espèces locales sont privilégiées mais pour des raisons esthétiques, les plantes exotiques couramment commercialisées peuvent tout aussi bien être utilisées”, détaille la publicité du géant de l’eau. Elles doivent simplement pouvoir s’adapter à certains environnements, avoir une bonne structure de racines, résister aux parasites des serres et aux températures hivernales…
Une activation des bactéries qui dépend de l’air. Les bactéries sont aussi activées grâce à l’adjonction d’air via des grilles d’insufflation fonctionnant avec des surpresseurs. “En fonction de la quantité d’air injectée dans les ouvrages, les bactéries peuvent absorber la pollution carbonée, transformer l’ammoniac en nitrates, à leur tour transformés en azote gazeux”, explique encore Veolia. La nouvelle déchetterie pourrait même développer une faune avec l’apparition consécutive d’escargots, de moules, d’écrevisses et de poissons.
A Lude, près du Mans, Veolia a déjà inauguré le procédé qu’elle mettra en place à Vieille-Eglise. “La ville était dotée d’un équipement d’épuration d’une capacité de 18 000 équivalents-habitants.” Obsolète, l’outil ne vaut pas rénovation et la collectivité se lance dans le projet d’une nouvelle installation. “Les atouts de ces technologies (économie d’énergie, réduction de la consommation de produits chimiques, diminution de l’impact olfactif, insertion paysagère de qualité, emprise au sol réduite) ont très rapidement convaincu”, explique Monique Thermeau, maire de Lude. A Vieille-Eglise, l’opération va coûter 4,2 millions d’euros au Sira qui attend des financements européens. Avec cet investissement, le territoire d’Audruicq et de sa région monte d’un cran dans sa capacité à traiter les eaux usées. Avec la réforme territoriale et la probable fusion de la communauté de communes de la région d’Audruicq et de la vallée de la Hem (CRAVH) avec celle de l’Audomarois, l’opération pourrait néanmoins rencontrer des problèmes de compétences sur un territoire devenu mouvant.