Dépasser la logique du volume dans l'industrie
Du 12 novembre au 3 décembre, les entrepreneurs régionaux sont invités à rencontrer plus de 60 acteurs de la recherche et de l’innovation afin d'être accompagnés dans leurs projets innovants. C'est dans ce cadre que s'est tenu une rencontre le 22 novembre, organisée par le club Noé.
Boulogne-sur-Mer, le 22 novembre, 15h. Une dizaine de personnes écoutent attentivement Simon Ledez, délégué général du club Noé, dans ce qui ressemble à une réunion formelle. Seulement, à la fin de cette réunion, les dirigeants présents à cette rencontre se divisent en petits groupes pour réfléchir et interroger la logique d’un business plan classique, comme on en voit tous les jours, pour lui redonner du sens. Un exercice qui peut désarçonner. Mais pour Simon Ledez, l’entreprise moderne doit changer de paradigme : la logique industrielle que l’on suit aujourd’hui – «la logique du volume» – date, selon lui, de plusieurs siècles. «Les besoins étaient très importants à l’époque, mais, depuis une bonne cinquantaine d’années, ce ne sont plus les mêmes : on a déjà tous trois télévisions, un moyen de locomotion, une machine à laver… Si la logique économique est aujourd’hui encore de produire toujours plus et qu’on est satisfaits dans nos besoins, ça a une limite au niveau économique, social et environnemental.»
«Se changer soi, c’est très compliqué ; la plupart du temps, il faut l’intervention d’un regard extérieur»
Changer de paradigme
Selon Simon Ledez, même les médecins, les associations, les avocats ou les entreprises de services sont pris dans cette logique industrielle. Il faut donc «questionner la valeur de ce qu’on fait». Une mission «compliquée», raison pour laquelle, lors de cette réunion boulonnaise, l’exercice entre dirigeants a été mis en place, pour les impliquer. Il faut, selon le délégué général du club Noé, impliquer le plus possible chaque maillon de la chaîne. De plus, «se changer soi, c’est très compliqué ; la plupart du temps, il faut l’intervention d’un regard extérieur pour pouvoir évoluer». Pour Simon Ledez, il faut faire converger les intérêts économiques, sociaux et environnementaux : «La seule manière pour que tout cela converge, c’est de changer de logique. Il y a de nombreuses manières de créer de la valeur différemment.»
«Il y a de nombreuses manières de créer de la valeur différemment.»
Cas concret
Julien Da Costa est imprimeur, il était présent à cette réunion. L’entrepreneur applique ces principes. Il y a deux ans, il a créé une entreprise, Flex’Ink, qui vend du service plutôt que du papier. Explication : «On ne pousse pas les clients à consommer un maximum de documents imprimés, mais on les accompagne au fur et à mesure de ce qu’ils ont réellement besoin.» Concrètement, l’entreprise «vend la gestion de projets d’impression qui vont être imprimés au fur et à mesure et vont permettre de mettre à jour les documents et de ne pas gâcher de papier si on a surestimé sa consommation». Un imprimeur traditionnel recevra un client qui veut 10 000 flyers, il lui fera un devis pour cette quantité, le client paiera et fera ce qu’il souhaite de ces flyers. «Notre principe est d’estimer qu’il aura besoin de 10 000 flyers. Je proposerai de ne pas les imprimer d’avance, mais juste de les vendre et de les mettre à disposition dans un stock virtuel dans lequel le client va pouvoir retrouver son projet d’impression. Il paiera à peu près le même prix que chez un imprimeur traditionnel et nous imprimerons au fur et à mesure de sa consommation. Du coup, le client pourra mettre à jour son document et se rendre compte qu’il n’a pas besoin des 10 000 flyers. S’il en reste 5 000, par exemple, je lui proposerai de partager la valeur restante. Je me rémunère sur les économies qu’il fera, et lui récupérera une partie de son investissement.» Autrement dit : allier concrètement les intérêts économiques, sociaux et environnementaux dans l’intérêt collectif.