Démystifier le handicap pour susciter des vocations entrepreneuriales
Dans les Hauts-de-France, on compte 6 500 entrepreneurs ayant le statut de travailleur indépendant handicapé (TIH), soit 10% de la population entrepreneuriale TIH. Et pourtant il existe encore de nombreux freins qui limitent l'accès à l'entrepreneuriat pour les personnes en situation de handicap.
Eveiller les consciences pour faire passer des messages. A l'occasion de la 25e Semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées (SEEPH), Nicolas Karasiewicz, entrepreneur engagé et déficient visuel, milite pour une mise en valeur des talents, trop souvent oubliés. «J'ai mis dix ans à chercher du travail et passé 900 entretiens d'embauche pour me dire que, finalement, j'allais créer mon entreprise. En France, on compte 500 000 demandeurs d'emploi en situation de handicap et il y a de nombreux talents parmi ces personnes !», explique-t-il.
Pourtant, les entreprises peinent à sortir du
sillon «ressources humaines» : «Il faut une vision transversale pour travailler avec les équipes. Et il
y a beaucoup de barrières en France sur les personnes en situation
de handicap. Je n'ai pas de vocation à révolutionner les métiers
mais à apporter une brique entre deux mondes qui ne se parlent pas
assez», ajoute
l'entrepreneur.
Lancement d'un club fédérateur
Depuis
2016, Nicolas Karasiewicz se déplace en entreprise, donne des
conférences et anime des événements pour faire bouger les lignes. D'ailleurs, il n'hésite pas à mettre ses participants dans le noir pour leur
faire développer de nouvelles compétences, à leur proposer de
l'accompagner une journée dans sa vie de chef d'entreprise
malvoyant...
Pour
renforcer ces démarches, le 15 novembre à Lille, Nicolas
Karasiewicz a lancé le tout premier club d'affaires des acteurs de
l'inclusion des Hauts-de-France, baptisé «Tous éveilleurs».
L'objectif ? Que les organisations, quels que soient leur taille ou leur
domaine d'activité, s'engagent à mettre en place des bonnes
pratiques ou témoignent d'une volonté de monter en compétences.
Avec l'envie de faire rayonner au maximum les Hauts-de-France, tout
en tenant compte des spécificités des territoires.
Démystifier
l'entrepreneuriat
Dans
les Hauts-de-France, ils sont 6 500 à avoir créé leur entreprise
avec un statut de TIH (sur 75 040 entrepreneurs en France), mais ils
se heurtent souvent à des freins. Depuis 2019, l'antenne lilloise de
l'incubateur H'Up (basée au Bazaar Saint-So) a accompagné 127 chefs
d'entreprise régionaux, à l'image de Florian Legendre qui a créé
la société Vein'Art (personnalisation de fauteuils roulants) et qui
va se lancer, avec Nicolas Karasiewicz, dans une gamme de vêtements
aux couleurs du handicap.
«Le
premier frein à la création, c'est le manque de formation et
d'information des structures d'accompagnement, notamment dans les
aides octroyées», constate Nicolas Karasiewicz. Sans compter les prêts bancaires, les
marchés publics et l'assurance. «Les
chefs d'entreprise TIH ont envie de créer un métier en phase avec
leur quotidien et en fonction de leurs besoins. Peut-être sont-ils
aussi plus résilients ? Finalement, ils ne se mettent pas de
barrières, c'est la société qui en met.»